Prix d’ouvrages 2020 attribués par l’Académie des beaux-arts
Gilles Kraemer.
L’Académie des beaux-arts vient d'attribuer trois prix.
Le Prix Bernier, d’un montant de 7 000 euros, partagé cette année en deux prix de 3 500 euros chacun, a été attribué aux ouvrages suivants :
Hervé Di Rosa. Autour du monde de Jean Seisser, co-édition des Éditions Angel Art Servanin et Fage éditions. Depuis plus de vingt cinq ans, Hervé Di Rosa, né en 1959 à Sète, est un artiste nomade qui voyage pour travailler. Il est passé par Sofia en Bulgarie, Kumasi au Ghana, Porto Novo au Bénin, Addis-Abeba en Éthiopie, les Mascareignes avec La Réunion et Maurice, Patrimonio en Corse, Binh Duong au Viêtnam, Durban en Afrique du Sud, La Havane à Cuba, Mexico au Mexique, Foumban au Cameroun, Miami Beach et Little Haïti aux États-Unis, Tunis en Tunisie, Tel-Aviv en Israël, Paris Nord en France, Séville en Espagne, ou Lisbonne au Portugal. Il a longtemps séjourné à Miami, comme à Séville et vit aujourd’hui à Lisbonne, revenant régulièrement à Paris et à Sète pour présider aux destinées du Musée International des Arts Modestes (MIAM). Dans ce livre abondamment illustré, Jean Seisser, l’ami, l’associé et le développeur d’Hervé Di Rosa, présente l’ensemble des étapes Autour du monde, et met à jour une démarche spécifique dans la production monumentale de l’artiste qui marque sa volonté de s’ouvrir au monde tel qu’il est, et tel qu’il va devenir.
En attribuant un prix à l’ouvrage Hervé Di Rosa. Autour du monde, la commission a souhaité encourager les maisons d’édition à présenter des monographies dédiées à des artistes vivants (1).
• Crédits : Victoire Di Rosa https://www.franceculture.fr/emissions/series/herve-di-rosa
Je renvoie à une série d'émissions, novembre 2020, menées par Anaël Pigeat, diffusées sur #FranceCulture relatives à cet artiste. De son enfance sétoise dans un milieu modeste d’origine italienne, sa découverte du rock, du punk et des comics... à la genèse et les principes du musée international des arts modestes, mais aussi les évolutions qu’il prépare... https://www.franceculture.fr/emissions/a-voix-nue/herve-di-rosa-passion-modeste-15-a-sete-dans-le-quartier-haut
Francis Bacon ou la mesure de l’excès d’Yves Peyré, publié aux Editions Gallimard.
Yves Peyré, écrivain et ami de Francis Bacon (1909-1992), consacre à l'œuvre et au destin de l'artiste un ouvrage particulièrement complet tant en terme d'analyse que de reproduction des peintures et des dessins. II y évoque l'apport majeur de ce grand peintre inclassable, de ses débuts de jeune designer dans les années 1920 jusqu'à ses derniers grands triptyques de la fin des années 1980, et offre un regard personnel et touchant sur sa personnalité complexe et sur son œuvre hors mesure. Une œuvre tourmentée, parfois violente, reflet de ses plus intimes blessures, mais néanmoins lumineuse par ses couleurs et par sa quête d'absolu. Le propos, toujours fondé sur des faits précis, élargit considérablement la vision de l'œuvre par des interprétations fouillées. Cet ensemble constitue un apport indéniablement nouveau. Le livre s'appuie sur une connaissance sans faille de l'œuvre et s'enrichit de la proximité de l'auteur avec Francis Bacon lui-même, proposant une déambulation philosophique, poétique et artistique dans les diverses étapes d'une exploration qui tranche à tous égards.
D'un montant de 2 500 €, le Prix Paul Marmottan a été attribué à Boilly. Le peintre de la société parisienne de Louis XVI à Louis Philippe d’Étienne Breton et de Pascal Zuber, en deux volumes, publié aux Éditions Arthena.
Cette monographie, accompagnée du catalogue raisonné illustré, met en évidence les multiples facettes de l’art de Louis-Léopold Boilly. Témoin brillant de la vie parisienne de Louis XVI à Louis-Philippe, Louis-Léopold Boilly (1761-1845) est un peintre inclassable d’une foisonnante diversité, auteur de deux mille peintures, dessins et estampes mais aussi de milliers de petits portraits, véritables photographies d’identité de ses contemporains. "Historien des mœurs françaises", il s’astreint à un processus de création rigoureux à partir de dessins préparatoires et de nombreuses études peintes qui témoignent d’un talent aussi rare qu’exigeant. Le prince Youssoupov, le duc de Berry et le duc d’Orléans ne s’y trompent pas en achetant ses scènes de café ou de mouvements de foule devant les théâtres. Si, dès 1800, le public se presse devant les "trompe-l’œil" de l’artiste volontiers facétieux, sa désarmante virtuosité technique fait aujourd’hui toujours illusion. Caricaturiste inspiré, il exploite toutes les ressources de la physionomie humaine dans sa piquante série des Grimaces, lithographies populaires et enjouées qui ont assuré sa notoriété au-delà des frontières.
Monographie attendue de longue date – aboutissement de 30 années de recherches et d’études sur cet artiste -, accompagnée du catalogue raisonné illustré, cet ouvrage met en évidence les multiples facettes de l’art de Boilly, artiste novateur au style minutieux, dont la curiosité et l’humour fascinent toujours.
Le Prix René Dumesnil, d’un montant de 3 000 euros, a été décerné à Histoire de l’opéra français. Du Consulat aux débuts de la IIIe République, sous la direction d’Hervé Lacombe, publié aux Éditions Fayard.
Entreprise sans précédent par ses dimensions et par sa conception, cette Histoire de l’opéra français en trois volumes réunit une équipe internationale de plus de cent cinquante auteurs – musicologues, littéraires et philosophes, historiens et spécialistes du théâtre, de la danse et des arts.
L’opéra est le genre totalisant privilégié de la rencontre entre les expressions artistiques : poésie, théâtre, musique, costumes et décors, chant et danse. Le XIXe siècle est en France l’ère du piano, des virtuoses, des concerts symphoniques, de la presse musicale, de la mélodie et des salons, mais, plus que tout, il est le temps de l’opéra. À Paris, en province et dans les colonies, sous sa forme spectaculaire ou par ses innombrables arrangements, ce genre déjà plus que séculaire demeure l’objet d’attentions particulières des pouvoirs qui se succèdent, du Consulat aux débuts de la IIIe république. Il continue à se ramifier, avec l’opérette et l’opéra de salon, s’enrichit d’apports étrangers, de Rossini à Wagner, devient le centre de toute l’activité musicale et infiltre les diverses couches de la société. L’opéra est donc tout autant un phénomène culturel d’une ampleur considérable qu’un objet artistique, le résultat d’une industrie que le fruit d’une esthétique. Sollicitant les yeux, les oreilles et les émotions, manipulant les idées comme les imaginaires, il reflète et concentre son époque.
Professeur de musicologie à l’université Rennes 2, Hervé Lacombe est l'auteur de Georges Bizet, Prix Bordin de l'Académie des Beaux-Arts 2001 et de Les Voies de l'opéra français au XIXe siècle, prix Bernier de l'Académie des Beaux-Arts 1997.
(1) La commission des prix d’ouvrages de l’Académie était composée de Jean Anguera, Jean Gaumy, Adrien Goetz, Jean-Michel Othoniel, Alain Charles Perrot, Aymeric Zublena et Michaël Levinas.
Rappelons que le Prix du Cercle Montherlant - Académie des beaux-arts 2020 a été décerné, le 9 octobre 2020, à Courbet. La vie à tout prix de Valérie Bajou, publié aux Éditions Cohen & Cohen. D’un montant de 10.000 €, ce prix se réparti entre l’auteur (8 000 €) & l’éditeur (2 000 €). Il est entièrement financé par Jean-Pierre Grivory, président directeur général de la Société Parfums Salvador Dali.