Gilles Kraemer (à partir du dossier de presse)
La vente des tableaux anciens du vendredi 13 novembre 2020, dans laquelle figuraient ces deux tableaux, est repoussée au vendredi 29 janvier 2021.
Giuseppe Vermiglio (1585 - 1635) Le Mariage mystique de sainte Catherine entre sainte Agathe et saint Jean-Baptiste. Toile. Restaurations anciennes. Dans son cadre bolonais du début du 17e siècle, tout à fait contemporain de cette œuvre. 170 x 196 cm.. © photographie Studio Sébert. Estimation : 150 000 - 250 000 €. Adjudication 211 200 €, frais compris.
La vente de ce tableau de Vermiglio est repoussée au vendredi 29 janvier 2021.
Ce Mariage mystique s’inscrit pleinement dans le mouvement de la Contre-Réforme initié par l’église catholique en réaction au protestantisme. Les arts sont alors utilisés pour toucher les fidèles et la peinture va servir à humaniser les Textes sacrés. " Cette grande toile reprend le thème des " sacra conversazione ", conversations sacrées, la présence de personnages saints entourant la Vierge et l’Enfant. Comme le recommandait la Contre-Réforme, l’iconographie se déchiffre facilement, chaque saint est identifiable grâce à son symbole iconographique traditionnel ".
À gauche Agathe. A droite, Jean-Baptiste. Au centre, le mariage mystique de sainte Catherine d’Alexandrie. Sujet très en vogue depuis le XVe siècle auprès des communautés de religieuses, " la présentation de saintes comme Catherine et Agathe permet d’imaginer que la commande a été faite pour un couvent de femmes " précise l’expert Éric Turquin. D’origine noble, Catherine est couronnée et vêtue d’un riche brocard ; elle est agenouillée, recevant l’anneau à son doigt. Un fragment de la roue, instrument de son supplice, est posé à ses pieds ; elle fut martyrisée au début du IIIe siècle, à Alexandrie, selon La Légende dorée. Marie, vêtue d’une robe rose et d’un manteau bleu, est assise sur un tertre, portant l’Enfant sur ses genoux. Deux saints sont témoins ce cette union. A gauche, Agathe de Catane appuyée sur une balustrade, devant une colonne, tient la palme du martyre et une coupe avec ses seins qu’on lui a coupés. A droite Jean-Baptiste s’incline et tient une croix où un phylactère porte l’inscription Ecce (Agnus) d’où la présence d’un agneau à ses pieds.
Giuseppe Vermiglio (1585 - 1635) Le Mariage mystique de sainte Catherine entre sainte Agathe et saint Jean-Baptiste (détail) © photographie Studio Sébert.
L’auteur de cette œuvre où le clair-obscur se marie à un équilibre classicisant est Giuseppe Vermiglio, une attribution de Roberto Contini confirmée par Francesco Frangi. D’origine piémontaise, Vermiglio est mentionné à Rome dès 1604 dans l'atelier d’un peintre de Pérouse, Adriano Monteleone, et réside dans cette ville jusque en 1619. Il s’imprègne de la leçon de Caravage, dans sa peinture comme dans son mode de vie de mauvais garçon : en 1605, il est arrêté pour port d’arme illégal, en 1606, il participe à une rixe, en 1611 il est à nouveau arrêté pour bagarre. Le retable de l’Incrédulité de saint Thomas de 1612 (Rome, Saint Thomas dei Cenci) et plusieurs versions du Sacrifice d’Isaac s’inspirent des compositions et du clair-obscur du maître lombard ans cet incroyable creuset artistique romain où tout évolue très vite, il rencontre de nombreux jeunes artistes de différentes nationalités qui chacun vont par la suite diffuser dans leurs pays respectifs la révolution naturaliste de Caravage et des Carrache. Lui-même retourne dans sa région et épouse en 1621 la fille d’un notaire à Milan.
Giuseppe Vermiglio (1585 - 1635) Le Mariage mystique de sainte Catherine entre sainte Agathe et saint Jean-Baptiste (détail) © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Drouot, 27 janvier 2021.
Giuseppe Vermiglio, Nativité et adoration des pasteurs. Je renvoie à l'exposition Seicento lombardo a Brera. Capolavori e riscoperte, exposition à la Pinacothèque Brera qui présentait 46 tableaux dont cette Nativité (8 octobre 2013 - 3 février 2014).
Un an plus tard, il signe son tableau le plus connu de nos jours, la Nativité (Milan, Pinacothèque de Brera), où le caravagisme est adouci par la connaissance de la peinture d'Annibale Carrache et de Guido Reni. C’est cet équilibre entre un clair-obscur doux et une touche de classicisme bolonais qui caractérise ce tableau et les œuvres de Vermiglio des décennies 1620 et 1630,
La vente de ce tableau de Giordano est repoussée au 29 janvier 2021.
Luca Giordano (Naples 1632-1705), Cain et Abel, ca 1660. Toile. 194 x 145 cm.. Signée en bas à droite : JORDANUS/F. Restaurations anciennes © photographie Ader. Estimation : 40 000 - 60 000 €. Adjudication 192 000 €, frais compris.
Ce tableau peut être daté des années 1660, moment où Luca Giordano incorpore au naturalisme riberesque présent dans ses œuvres antérieures des éléments plus baroques, tirés de Pierre de Cortone (par exemple l’ange en haut à gauche). La composition, tout en mouvement, exacerbe l’ampleur du drame qui se joue. La mâchoire d’âne dont Caïn s’est servi pour assommer Abel est mise en valeur par sa position centrale.
Au cours de ses séjours à Venise, dont le premier s’est déroulé vers 1653, Luca Giordano a vu le tableau de Titien (ca 1542 – 1544) sur le même thème, au plafond de la grande sacristie de la basilique Santa Maria della Salute, où Abel est projeté au sol avec violence. Ici, son corps sans vie, en diagonale, fait entrer le spectateur dans la composition et rappelle le premier plan du Saint Janvier intercédant pour la cessation de la peste de 1656. (1). Une autre version de ce sujet, de composition différente et en longueur actuellement dans le commerce d’art.
Un tableau sur ce sujet est cité dans l’inventaire d’Alessandro Savorgnan réalisé le 7 août 1699 : " Abele morto con un angelo, h 13 quarte, ca., di Luca Giordano ". La hauteur de 13 quarte, soit environ 208 cm, pourrait correspondre à celle de ce tableau avec son cadre d’origine.
(1) cf exposition Luca Giordano, commissariat Christophe Leribault & Sylvain Bellanger. Luca Giordano. Le triomphe de la peinture napolitaine. Paris, Petit Palais, 14 novembre 2019 – 23 février 2020. Sous le titre de Luca Giordano. Dalle Natura alla pittura, Naples, Museo e Real Bosco di Capodimonte, 8 octobre 2020 - 10 janvier 2021 (au lieu du 20 avril au 26 juillet 2020, repoussée cause Covid-19)..
Sylvain Bellanger devant Luca Giordano (1634-1705), San Gennaro intercede per la peste del 1656 presso la Vergine, Cristo e il Padre Eterno / Saint Janvier intercédant pour la fin de la peste, 1660 -1661, Naples, Napoli, Museo e Real Bosco di Capodimonte © photographie Amedo Benestante.
Jacques Stella (Lyon 1596 - 1657 Paris), L'entraînement de l'Amour. Toile. Restaurations anciennes. 34 x 44 cm. © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 27 janvier 2021, Drouot, Paris. Estimation 8 000 / 15 000 €. En plein dans le mille avec une très belle adjudication à 38 400 €, frais compris.
Vraiment malhabile le petit Amour. Deux flèches décrochées et aucune n'a atteint le cœur. La troisième tentative sera-t-elle la bonne ? Il va lui falloir persévérer sous les conseils éclairées de Vénus.
Pour Sylvain Kesrpern, " Aidant son fils Cupidon dans l’exercice au tir à l’arc, Vénus soulève son bras pour qu’il atteigne la feuille accrochée à un arbre mort, sur laquelle est dessiné un cœur. Le sujet s’inscrit dans l’iconographie des Scherzi ou de la Scuola d’amore, illustrés notamment par Odoardo Fialetti à Venise (1617) et par Pierre Scalberge à Paris (1638), traitant de l’éducation de l’Amour. Jacques Stella a abordé le thème dans une toile représentant Vénus, Vulcain et l’amour (collection particulière) signée et datée - 164., le dernier chiffre étant difficile à interpréter, dans un format différent. La pose de la déesse, strictement parallèle au plan de l’image, est proche dans notre tableau. Le profil plus fin et sévère de même que le type de l’enfant, à rapprocher, par exemple, de ceux du Jugement de Pâris d’Harford (1650), est plus tardif. Quant au paysage, il évoque, par son association de bosquets fournis et d’arbres frêles isolés ponctuant la composition, le goût propre à Stella qui se déploie, en dernier lieu, dans le Paysage au laboureur, gouache datée de 1655 (Ottawa, Musée des Beaux-Arts) et ses Pastorales, connues par des peintures et des dessins et, pour l’ensemble, par les gravures de sa nièce Claudine Bouzonnet Stella. ".
Grand fauteuil à dossier plat en bois mouluré, sculpté et doré, les montants arrondis à cannelures, frises de perles et feuille d’acanthe surmontés de glands, les supports d’accotoir en balustre reposant sur une assise en fer à cheval à ceinture à deux rangs de sculpture, le premier à frise de feuillages, le second à frise de perles, reposant sur des pieds fuselés à cannelures ; avec une étiquette imprimée et manuscrite inscrite: Torp. A. West Nr 798/c ; trace d’étiquette ancienne à la traverse arrière. Estampille de Georges Jacob, menuisier reçu maître en 1765. Époque Louis XVI, vers 1785. H: 101cm, L : 71cm, P: 62cm. Estimation 30 000 / 50 000 €. Provenance: Peut-être Charles Philippe de France, comte d’Artois (1757-1836), frère du roi Louis XVI et futur roi Charles X. Bibliographie: Sièges en société, cat. exp., Mobilier National, Paris, 2017, p. 171
© photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 27 janvier 2021, Drouot, Paris. Estimation 8 000 / 15 000 €. © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 27 janvier 2021, Drouot, Paris. Et, une adjudication à 128 000 €, frais compris.
© photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 27 janvier 2021, Drouot, Paris.
Ce fauteuil de Georges Jacob faisait à l’origine partie d’un ensemble plus vaste que l’on parvient aujourd’hui en partie à reconstituer. L’examen de ce mobilier nous apprend notamment que certains éléments possèdent encore leur étiquette de propriété apposée par Jacob inscrite «Sallon de Monseigneur ». Cette indication permet aujourd’hui aux historiens d’avancer l’hypothèse que ce mobilier aurait été réalisé pour le comte d’Artois, frère de Louis XVI. De cet ensemble on répertorie quatre fauteuils appartenant au Mobilier National et déposés au palais de l’Élysée. Le fauteuil présenté constitue donc le cinquième fauteuil connu de cette série. En ce qui concerne les chaises, leur nombre semble relativement important et l’on relève de façon non exhaustive cinq chaises au Mobilier National, six chaises vendues à Paris chez Sotheby’s le 7 novembre 2013, lot 220; une paire de chaises de l’ancienne collection Lucien Guiraud, vente palais Galliera le 10 décembre 1971, lot 53 et deux chaises vendues à Saint-Cloud le 13 octobre 2019, lot 113.
Tableaux anciens - mobilier & objets d'art
vendredi 13 novembre 2020, vente repoussée au 29 janvier 2021
Étude Ader - Maîtres David Nordmann & et Xavier Dominique - Paris
Expert : Cabinet Turquin