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Publié par Gilles Kraemer

Gilles Kraemer (d’après le communiqué de presse).

 

2020 ? Annus horribilis ou Annus mirabilis pour la planète des arts ?

La Biennale d’architecture aurait dû se dérouler du 23 mai au 29 novembre. Repoussée au 29 août, elle ne se tiendra pas cette année, reportée à 2021, du 22 mai au 21 novembre. Comme un jeu de quilles, La Biennale de l’art se retrouve en 2022.

 

Roberto Cicutto, président de La Biennale de Venise © photographie Andrea Avezzu. Remerciements La Biennale di Venezia.

Que faire en attendant ? Comment occuper l’espace vide des Giardini ? Comment rappeler les liens unissant Venise aux arts depuis 125 ans, date de la 1er Biennale, celle de l’art ? Pourquoi, dans ce temps de pose dont l’on ne sait la durée imposée par la pandémie du coronavirus, regarder les frontières de l'inconnu mais ne pas faire plutôt un pas de côté ? Au contraire, regardons derrière, comme un bilan, sur ce que fut la Biennale, sur ce que furent les Biennales ? Car Venise n’est pas seulement la Biennale de l’art, la Biennale de l’architecture ou la Mostra mais aussi trois secteurs pas assez connus : le théâtre, la musique et la danse.

Autant de questions pour Roberto Cicutto, juste nommé Président de La Biennale le 27 janvier 2020 (1). Comme un baptême du feu pour lui. Les autres manifestations 2020 de La Biennale sont, elles, toujours d’actualité : la 77e Mostra Internazionale d’Arte Cinematografica se déroulera au Lido de Venise du 2 au 12 septembre, le 48e Festival Internazionale del Teatro du 14 au 25 septembre, le 64e Festival Internazionale di Musica Contemporanea du 25 septembre au 4 octobre et le 14e Festival Internazionale di Danza Contemporanea du 13 au 25 octobre.

 

Pavillon central aux Giardini, Venise © photographie Francesco Galli. Remerciements La Biennale di Venezia.

La Biennale de Venise, dans le 125e anniversaire de sa fondation – triste commémoration – présente l’exposition Le muse inquiete. La Biennale di fronte alla storia / Les muses inquiètes. La Biennale face à l’histoire qui se tiendra dans l’immense et emblématique Pavillon central des Giardini, présentant ces moments pendant lesquels la Biennale et l’histoire du XXe siècle se rencontrèrent à Venise.

Comme une bravade face à cette annus horribilis, préférons une annus mirabilis a décidé La Biennale, en programmant cette exposition. 

Pour Roberto Cicutto, il s’agit d’un projet qui renforce encore plus La Biennale comme laboratoire permanent de recherche des arts contemporains, moteur indispensable de questionnement sur le présent et sur le futur et instrument stratégique de développement également économique pour la société contemporaine.".

Déjà, au moment où nous avions envisagé de reporter l’exposition d’architecture fin août, nous avions décidé, pour la première fois dans l’histoire de la Biennale, dans la commémoration de ses 125 ans, d’exposer des documents, des photographies, des témoignages, des films rares, des installations mettant en dialogue les six arts de la Biennale. Cette intuition est devenue le projet phare de l’activité de cette année, chacun des commissaires s’attachant à présenter le parcours qu’il estimait le plus apte à démontrer les passages marquants de la Biennale au cours de son histoire, les moments où le passé de l’Institution vénitienne s’est entrecroisé aux événements de l’histoire, en manifestant et en générant des fractures institutionnelles, des crises politiques et éthiques, mais aussi de nouveaux idiomes créatifs.

 

Manifestations et contestations lors de la Mostra du Cinéma. L’on reconnait Pier Paolo Pasolini et Cesare Zavattini. 29. Mostra Internazionale d'Arte Cinematografica di Venezia, 1968 © photographie Giacomelli.

Pour la première fois, le commissariat de cette exposition encyclopédique – ceci me fait penser aux expositions du Centre Georges Pompidou à la fin des années 1970 - sera assuré par les six directeurs des secteurs artistiques : Alberto Barbera (cinéma), Marie Chouinard (danse), Ivan Fedele (musique), Antonio Latella (théâtre), Hashim Sarkis (architecture) et Cecilia Alemani (art), cette dernière coordonnant le tout.

 

Affiches sur le Campo Santa Margherita. Manifestazioni “Libertà al Cile”, Venezia 1974 © photographie Archivio Storico delle Arti Contemporanee (ASAC).

A leurs dispositions, la documentation unique de l’Archive historique des Arts Contemporains de La Biennale (ASAC), des archives italiennes - Galleria Nazionale Arte Moderna de Rome, Peggy Guggenheim Collection… - et celles de la Tate Modern London. 

 

Vue intérieure du Pavillon de l’URSS, exposition sur le Futurisme italien. 15e Biennale de l’Art, 1926 © photographie ASAC.

Pour Cecilia Alemani, cette exposition, Les muses inquiètes, - conçue dans un moment d’urgence comme celle actuelle – regarde l’histoire de la Biennale pour comprendre comment, au cours du XXe siècle, l’histoire et les nombreuses transformations culturelles et sociales ont affecté l'institution vénitienne, comment la Biennale a su accueillir et amplifier les signaux du présent même dans ses moments les plus dramatiques.

 

Pavillon des Pays-Bas. 17e Biennale de l’Art, 1930. Photographie Giacomelli.

 

Arsenal, première Biennale d’Architecture: La Presenza del Passato, 1980 © photographie ASAC.

Le parcours chronologique partira des Années du Fascisme (1928-1945) avec l’ouverture vers l’internationale, la fascisation de la manifestation, abordera la Guerre froide et les nouveaux ordres mondiaux (1948-1964), 1968 et la contestation estudiantine à l’ouverture de l’exposition et le contre-festival de 1972 sur le Campo Santa Margherita, les biennales di Carlo Ripa di Meana (1974-78) s’ouvrant sur la ville, le Postmoderne et la première Biennale d'architecture puis les années 1990 et le début de la globalisation, se terminant par la Biennale di Germano Celant de 1977 avec un focus sur Marina Abramovic, celle de 1999 avec Harald Szeemann et dAPERTutto et l’arrivée de la Danse avec  Carolyn Carlson.

 

Contestations et manifestations devant le Pavillon de la Grèce aux Giardini lors de l’inauguration de la 34e Biennale de l’Art 1968. © photographie Ferruzzi.

Dans une période d’instabilité mondiale avec ces derniers mois des catastrophes écologiques, de nouvelles pandémies et des révolutions sociales, La Biennale de Venise se distingue non seulement comme lieu de production et de réflexion des tendances les plus innovantes des principales disciplines artistiques contemporaines, mais elle confirme aussi son rôle de témoin privilégié de multiples changements, des drames et des crises sociales qui se sont succédés depuis la fin du XIXe siècle.

Un sismographe de l’histoire d'un siècle.

 

Aperto 90, Jeff Koons & Ilona Made in Heaven. 44 Esposizione Internazionale d’Arte, 1990 © photographie  Giorgio Zucchiatti.

 

Le muse inquiete. La Biennale di fronte alla storia: una mostra al Padiglione Centrale

29 août - 8 décembre 2020 / 29 agosto - 8 dicembre 2020

Giardini della Biennale - Venise

Billet uniquement en ligne, entrée toutes les 30 minutes

De 11:00 à 19:00. A partir du 6 octobre, de 10:00 à 18:00

Également aux Giardini, exposition autour des bâtiments de l’Arsenale : La Biennale all’Arsenale 1998-2020, gli interventi di restauro e riqualificazione - 15 juillet - 25 octobre 2020

 

(1) Claudia Ferrazzi, conseillère culture et communication à la présidence de la République auprès d'Emmanuel Macron  (mai 2017 – novembre 2019), ancienne secrétaire générale l’Académie de France à Rome - villa Médicis (septembre 2013 – septembre 2016), a créé en 2020 Viarte : " L’art pour diriger autrement ", société ayant pour objectif de créer des ponts entre la culture et l’entreprise. Le ministre italien de la Culture / Ministro per i beni e le attività culturali e per il turismo l’a nommée représentante du ministère au conseil d’administration de La Biennale de Venise, le 28 février 2020.