Entre Italie et France, de Polidoro da Caravaggio à Paul-César Helleu – Artcurial - Actualisé avec les prix d'adjudication
Gilles Kraemer.
Paul César Helleu (Vannes, 1859 – 1927 Paris), L'épouse de l'artiste allaitant son enfant. Sanguine et traces de fusain. Signé 'Helleu' en bas à droite. 65,50 x 47,50 cm. © Artcurial
En 1884, Helleu fit la connaissance de Monsieur et Madame Louis-Guérin qui lui présentent leur fille Alice (30 septembre 1870 – 15 avril 1933), pour qu'il fasse son portrait au pastel. Elle a 14 ans, il en a 25. Ce portrait est aujourd'hui conservé au musée Bonnat-Helleu à Bayonne, institution actuellement fermée pour travaux de rénovation et d'agrandissement depuis neuf ans, avril 2011.
Tombant amoureux, Helleu l'épouse en juillet 1886. Ils vivront d’abord à Neuilly, rue Ancelle, chez les parents d’Alice. Ils auront quatre enfants. Ellen (septembre 1887- mars 1956) naît la première à Neuilly. Suivront Jean, peintre lui aussi (1894 – 1985) et Alice (janvier 1897 – juin 1898, morte tuée par des chevaux emballés porte Dauphine alors que son frère sera blessé) nés tous les deux avenue Bugeaud à Paris. Paulette (1904 – 2009) naît avenue Émile Menier à Paris.
Il représenta à plusieurs reprises son épouse et leurs enfants. D’après les entretiens que j’eus dans les années 1997-1998 avec Paulette Howard-Johnston, fille cadette du peintre, elle-même peintre, Paul César n’aimait dessiner ou graver que ses enfants, " trouvant ceux des autres trop turbulents ". L’enfant de ce dessin pourrait fort bien être Alice ou Paulette.
Estimation 10 000 - 15 000 €. Invendu.
Polidoro Caldara, dit Polidoro da Caravaggio (Caravaggio, 1495 - 1543 Messine), Joseph jeté dans le puits par ses frères. Plume et encre brune, lavis bistre et rehauts de gouache blanche sur trait de crayon noir. Collé en plein sur un montage ancien français du XVIIIe siècle. 21 x 27 cm.. Ce dessin appartint à Alphonse d'Este (1591-1644) © Artcurial
Ce dessin reprend un des épisodes de l'histoire de Joseph : ses frères sont en train de le jeter au fond du puits lorsque l'un d'eux voit surgir au loin une caravane de marchands et suggère à ses frères de le vendre plutôt que de l'abandonner à la soif et à une mort certaine.
Estimation 200 000 - 300 000 €. Adjudication 640 100 € soit 682 746 € avec les frais et envol pour une collection internationale.
Bartolomeo Passerotti (Bologne, 1529 – 1592), Études d'une statue masculine. Plume et encre brune, traces de crayon noir. Papier filigrané 'L M' . 22 x 14,50 cm.. Provenance : Collection Louis de Gassy puis sa vente à l’Hôtel Drouot le 6 avril 1858, comme attribué à Michel-Ange © Artcurial
Après plusieurs séjours à Rome où il travaille avec l'architecte Vignole et Taddeo Zuccaro, Bartolomeo Passerotti revient s'installer définitivement à Bologne en 1560. Son activité documentée ne couvre qu'une vingtaine d'années, entre 1564-65, date de la Vierge en gloire avec des saints pour l'église de San Giacomo Maggiore à Bologne, et 1583, année de la Présentation de la Vierge au Temple aujourd’hui à la Pinacothèque de Bologne. Ce dessin daterait du second séjour romain de l'artiste entre 1557 et 1560, période durant laquelle il continue à se former à l'art de ses aînés, Michel-Ange et Raphaël, et de copier les antiques présent dans les grandes collections et alors exhumés sur le chantier de fouilles à ciel ouvert que la ville des César est devenue. Estimation 20 000 - 30 000 €. Invendu.
Domenico Tintoretto (Venise 1560 – 1635), La Guerre. Huile et gouache sur papier bleu. Trace d'annotation en bas à gauche et à la plume et encre brune sur le montage au verso. 19,50 x 24,40 cm.. Très belle provenance puisqu’il appartint à Robert von Hirsch avant que cette collection soit vendue chez Sotheby Parke Bernet & Co. en juin 1978 © Artcurial
Ce dessin peut être mis en relation avec La Prise de Constantinople [par les croisés le 12 avril 1204] qu’il peignit pour le Palazzo Ducale, sur l'un des murs de la salle du Conseil majeur.
Estimation 20 000 - 30 000 €. Adjudication 24 700 €.
Giovanni Battista Tiepolo (Venise, 1696 - 1770 Madrid 770), Académie d'homme de dos, c 1720. Crayon noir, estompe et rehauts de blanc sur papier bleu. 49,20 x 39,50 cm. © Artcurial
Formé dans l'atelier de Gregorio Lazzarini, c'est bien d'avantage par Sebastiano Ricci et Giovanni Battista Piazetta que Giambattista sera influencé à ses débuts. Exécuté, selon le professeur Bernard Aikema, vers 1720, il appartient au corpus des œuvres de jeunesse, réalisées en atelier d'après des modèles. La pose, et ce mouvement donné au dos, la sinuosité du drapé du tissu, ou encore la main gauche du modèle et la position délicate des doigts sont considérés par l'artiste comme des opportunités lui offrant la possibilité d'exprimer son talent. Le traitement singulier de la lumière et les habiles rehauts de blanc révèlent la maturité de celui-ci. Estimation 30 000 - 40 000 €. Adjudication 36 400 €.
Bernardo Strozzi (Gênes, 1581 - 1644, Venise), David tenant la tête de Goliath, après 1630. Huile sur toile. 166 x 104,50 cm. © Artcurial
Ce tableau coïncide avec l'arrivée du peintre génois dans la Sérénissime à la fin de l’année 1630. L’instant saisi est celui où David, après avoir tué le philistin Goliath d’une pierre lancée par sa fronde et lui avoir coupé la tête, la rapporte à Jérusalem. Le jeune homme est heureux, fier, il va de l'avant en trainant le chef de Goliath et portant sur l'épaule son épée comme la démonstration de la tâche accomplie. Déjà le musicien et le danseur visibles en bas à gauche annoncent son triomphe. Estimation 400 000 - 600 000 €. Adjudication 505 000 € soit 570 650 € avec les frais pour une collection européenne.
François de Troy (Toulouse, 1675 - 1730 Paris), Portrait d'homme en Apollon. Huile sur toile. 117 x 89 cm.. © Artcurial
L'identité du modèle est inconnue mais sa représentation sous les traits du dieu Apollon, dans toute cette dimension solaire semble indiquer une origine aristocratique voire princière. Il a été suggéré qu'il pourrait s'agir du prince Louis Armand de Bourbon-Conti (1695-1727) ou encore de Louis IV Henri, prince de Condé (1692-1740). Estimation 25 000 - 35 000 €. Adjudication 32 500 €.
Théodore Géricault (Rouen, 1791 – 1824, Paris), Recto : Cinq études d'hommes nus ; Verso : Trois études d'hommes nus, études pour une gigantomachie. Plume et encre brune. 10,80 x 20,70 cm.. © Artcurial
Provenant d’une collectionneuse bruxelloise, cette feuille de Théodore Géricault manifeste la fougue de l'artiste. Elle fut réalisée lors de son premier voyage en Italie en 1816, témoignant de sa frénésie créatrice, les figures masculines s'enchevêtrant avec une étude de cheval ou un profil de visage. Estimation 25 000 - 35 000 €. Invendu.
Edgar Degas (Paris, 1834 -1917), Étude de femme debout, probablement pour Giulia Belleli, Crayon noir . 35,90 x 22,90 cm.. Provenance : Vente de l'atelier de l'artiste (4e vente), Paris, galerie George Petit, 2-4 juillet 1919, n°89d, son cachet (L.658) en bas à droite. © Artcurial
Cette feuille se rapproche du tableau d'Edgar Degas La famille Belleli conservé au musée d'Orsay à Paris. Alors en voyage à la fin des années 1850 chez sa tante paternelle Laure de Gas expatriée avec son époux le baron Gennaro Belleli à Florence, chassés de Naples, le jeune Degas réalise ce portrait de famille. Ce dessin constitue l'une des premières ébauches pour la figure centrale de la composition, la jeune Giulia Bellelli dont l'attitude distraite sur le tableau, en opposition avec celle de sa sœur aînée Giovanna, la fait devenir l'attraction principale de la toile. Ce dessin fut présenté à l’exposition Degas e l'Italia à la Villa Médicis – Académie de France à Rome en 1984.
Avant la pandémie du Coronavirus de ce printemps 2020, une exposition consacrée à Degas et Naples était prévue à l’automne 2020 - printemps 2021 au musée napolitain de Capodimonte. Qu’en est-il aujourd’hui ? Estimation 20 000 - 30 000 €. Invendu.
Maîtres anciens & du XIXe siècle. Dessins, tableaux et sculptures
Artcurial – Paris
Exposition du 9 au 15 juin 2020 sauf dimanche 14 juin
Vente mardi 16 juin 2020