Peintures et dessins. Galeries Éric Coatalem et Alexis Bordes
Gilles Kraemer (d'après les communiqués).
L'arte è vita e la vita è, anche, arte #laculturanonsiferma #Culturecheznous
Ces temps d’effroi du COVID-19, de lecture et relecture de nouvelles de proches, d’attente, d’espérance, de confinement, nous laissent le temps de regarder, relire les courriels et les catalogues électroniques de marchands du commerce de l’art, de consulter, dans sa bibliothèque quelques ouvrages publiés sur des artistes. Aujourd’hui deux marchands : Éric Coatalem et Alexis Bordes.
Jean-Baptiste Greuze (Tournus 1725 - 1806 Paris), L'Effroi. Huile sur toile. 60 x 51 cm.. DR Éric Coatalem, Paris.
Après avoir étudié à Lyon dans l’atelier du portraitiste Charles Grandon, Jean-Baptiste Greuze arrive à Paris au début des années 1750 pour y suivre les cours de l’Académie où il est l’élève de Charles Natoire (1700-1777). Parrainé par le sculpteur Pigalle (1714-1785), il est agréé en 1755 et expose la même année au Salon où, acclamé par le public et la critique, il reçoit les éloges de Diderot. Après un séjour en Italie, entre 1755 et 1757, il poursuit sa carrière à Paris et expose avec succès aux Salons de 1759 à 1765. Ses relations conflictuelles avec l’Académie le poussent à se retirer des Salons jusqu’en 1800 ce qui ne l’empêche pas d’exposer chaque année ses dernières œuvres dans son atelier du Louvre, au même moment que le Salon officiel. Il y expose à nouveau dans les dernières années de sa vie et se fait remarquer du public par l’étonnante vigueur de son art. Jusqu’à sa mort en 1806, il exécute nombre de tableaux importants, des scènes de la vie quotidienne aussi bien que de brillants portraits.
Par ce visage empli de frayeur et ces mains levées pour se protéger de bourrasques de vent, Jean-Baptiste Greuze touche la sensibilité du spectateur et crée une atmosphère lourde au ciel sombre et mouvementé, dont se détachent les chairs fragiles de la jeune femme.
Jean-Baptiste Greuze, La peur de l'orage. 73 x 58 cm.. Huile sur bois. Bordeaux, musée des Beaux-Arts
Le musée des Beaux-Arts de Bordeaux conserve une esquisse d’une grande composition, La Peur de l'orage, où une mère protège son enfant endormi auprès d'elle, comme perdue en pleine forêt par une nuit d'orage, à l'intérieur de laquelle s'insère cette figure de l’Effroi. http://www.musba-bordeaux.fr/fr/catalogue-online-fr/greuze
Jean-Antoine Watteau (Valenciennes 1684 - 1721 Nogent-sur-Marne), Femmes en tenue de bal. Sanguine et crayon noir. 13,4 x 17,5 cm.. Cachet de la collection Hubert Cain en bas à droite DR Eric Coatalem, Paris.
Cette feuille de Jean-Antoine Watteau, au trait résolument moderne et rapide, est à rapprocher de trois autres dessins d’études de femmes, datables des années 1715.
https://fr.calameo.com/books/006095390de81848a135e
Guido Reni (Bologne, 1575 - 1642), Vierge à l’Enfant avec Saint Jean Baptiste, ca 1600. Plume et encre brune, lavis brun et gris, sur traits de pierre noire. Monté sur une page d’album avec un encadrement à l’encre rouge et noire, numéro 56 et une annotation manuscrite Caravaccio. 15 x 14 cm.. Provenance Collection de Philippe V, roi d’Espagne (1683-1746), Palais de l’Escurial (page 56 de l’album numéroté V et autrefois relié de maroquin rouge doré portant les armes royales d’Espagne et de Milan employées par le roi entre 1700 et 1706) …. France, collection particulière. DR galerie Alexis Bordes, Paris.
Avec son trait fin et calligraphique qui précise les détails, son lavis brun posé en larges touches pour indiquer le clair‑obscur, ce dessin est caractéristique des œuvres de la première période bolognaise de Guido Reni après sa formation chez Denys Calvaert et Ludovico Carracci et de ses débuts à Rome à partir de 1600 au service du cardinal Scipion Borghèse et du pape Paul V. Cette feuille s’inscrit dans le groupe d’œuvres exécutées autour de 1600 et ayant pour sujet la Sainte Famille et plus précisément dans la réflexion de l’artiste sur la Vierge à l’Enfant avec saint Jean Baptiste enfant, montrant Saint Jean qui s’incline pour embrasser le pied du Christ qui le bénit en retour.
Marguerite Gérard (Grasse 1761 - 1837 Paris), Une Jeune femme venant de recevoir une lettre de son époux. Son père cherche sur un globe la distance d’où la lettre est partie, 1808. Huile sur toile. Signé en bas à gauche. 62 x 51 cm.. Bibliographie : Carole Blumenfeld, Marguerite Gérard. 1761-1837, Paris, Gourcuff Gradenigo, 2019, repr. p. 143. DR galerie Alexis Bordes.
Exposé au Salon de 1808 sous le n°254, cette toile de Marguerite Gérard permet d’évoquer le remarquable catalogue raisonné de l’œuvre peint que Carole Blumenfeld consacra à cette artiste en 2019 (corpus de 283 peintures, auquel se rattachent 74 œuvres mentionnées dans des ventes ). Souvent réduite au statut de belle-sœur du peintre Jean-Honoré Fragonard, elle fut une artiste majeure de la fin du XVIIIe et des débuts du XIXe, « qui sut varier avec bonheur sa touche et ses sujets pour s’adapter aux profondes mutations politiques, économiques, sociales et culturelles de la France » souligne Carole Blumenfeld dans son ouvrage.
La manière de l’artiste, d’abord fortement marquée par celle de son maître et beau-frère, d’autant plus dans les œuvres exécutées à deux mains, s’émancipa dans les années 1780. Seule, elle abordait les même sujets : la lecture, la leçon, la missive, les enfants, le chat et le chien, mais en les traitant différemment, avec un poli des couleurs, une lumière un peu claire et une minutie délicieuse. La famille, les maternités heureuses et les sentiments innocents des jeunes filles d’une moralité irréprochable vêtues de robes Directoire constituaient désormais l’essentiel de sa production picturale, à l’unisson avec les grands débats idéologiques de l’époque. C’est en 1799 que Marguerite Gérard participa au Salon pour la première fois, après près de vingt ans de carrière. A celui de 1808, elle envoya trois tableaux : Clémence de S. M. l’Empereur à Berlin, Une jeune fille près de sa mère malade, priant Dieu pour le rétablissement de sa santé et Une jeune femme venant de recevoir une lettre de son époux. C’est cette dernière œuvre présentée ici, dans laquelle Marguerite Gérard revient vers les motifs hollandisants et les tonalités plus chaudes de sa jeunesse.