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Publié par Gilles Kraemer

Gilles Kraemer.   

Dove sono i bei momenti Di dolcezza, e di piacer ?

 

Bien que fermé depuis le 11 avril 2011,  le musée Bonnat-Helleu de Bayonne, par l’intermédiaire de son directeur Benjamin Couilleaux, poursuit une dynamique politique d’acquisition. Il s’est porté acquéreur, sur le marché de l’art, de deux sculptures. L’une de Giuseppe Sanmartino, l’autre d’Antoine-Louis Barye.

Rappelons que la réouverture du musée Bonnat-Helleu, était prévue pour fin 2019. " le bâtiment prenait littéralement l'eau " comme l'écrivait le journal Sud-Ouest en 2016 https://www.sudouest.fr/2016/09/20/bayonne-le-nouveau-musee-bonnat-helleu-prevu-pour-2019-2507398-4018.php Sa réouverture après rénovation et agrandissement fut ensuite prévue pour 2021. 

Giuseppe Sanmartino (1720 - Naples -1793), Saint Michel terrassant le démon, vers 1750. Terre cuite. H. 55 cm.. Photographie Callisto Fine Arts, Londres. https://www.callistoart.com/works/saint-michael-vanquishing-the-devil/

Le musée Bonnat-Helleu a acquis en 2019, sur le marché de l’art londonien, auprès de Callisto Fine Arts, une terre cuite de Giuseppe Sanmartino : Saint Michel terrassant le démon.

Site de la galerie Callisto Fine Arts https://www.callistoart.com/notable-sales/ et https://www.callistoart.com/works/saint-michael-vanquishing-the-devil/

La statue de l' archange rejoint un prestigieux ensemble de terre cuites que détient cette institution bayonnaise dont celles de la collection du galeriste Paul Cailleux [au 136, rue du faubourg Saint-Honoré cette galerie, tenue par trois générations, fut de 1923 à 2000 le temple de l'art français du XVIIIe siècle]. Elle entre en résonnance avec des œuvres du Settecento conservées au musée, en peinture (Sebastiano Conca, Domenico Corvi (1)) et en sculpture (Giovanna Battista Foggini, Filippo Della Valle).

https://webmuseo.com/ws/musee-bonnat-helleu/app/report/decouvrir-collections-acquisitions.html?id=32

Séance du conseil municipal du 5 décembre 2019, délibération n°12, ville de Bayonne. OBJET : CULTURE ET PATRIMOINE - Musée Bonnat-Helleu - Acquisition d’œuvres et demande de subventions à la DRAC et au FRAM Nouvelle-Aquitaine ttp://www.bayonne.fr/fileadmin/user_upload/imports/deliberations/20191205/N°%2012%20-%20CULTURE%20ET%20PATRIMOINE%20-%20Musée%20Bonnat-Helleu%20-%20Acquisition%20d’œuvres%20et%20demande%20de%20subventions%20à%20la%20DRAC%20et%20au%20FRAM%20Nouvelle-Aquitaine.pdf

 

Giuseppe Sanmartino (1720 - Naples -1793), Saint Michel terrassant le démon, vers 1750. Terre cuite. H. 55 cm.. Photographie Callisto Fine Arts, Londres. https://www.callistoart.com/works/saint-michael-vanquishing-the-devil/

Le nom de Giuseppe Sanmartino évoque de suite l’un des plus extraordinaires chefs d’œuvre du baroque italien : le Christ Voilé - Cristo Velato (1753) de la chapelle Sansevero ou Santa Maria della Pietà o Pietatella à Naples. Admirable marbre de beauté et de sensibilité sous la gradine du sculpteur, vibrant de vérité avec le corps du Sauveur apparaissant sous le linceul. C’est au jeune Giuseppe, âgé de 33 ans, que Raimondo di Sangro, prince de Sansevero (1710 – 1771) - il fut le premier Grand Maître de la Loge maçonnique de Naples - passa commande. https://www.museosansevero.it/la-statua/ Le Napolitain fut également sollicité pour décorer les principaux sanctuaires de sa ville natale, comme la chartreuse de San Martino ou la chapelle du trésor de saint Janvier, et des églises des Pouilles.

Giuseppe Sanmartino (1720 - Naples -1793), Saint Michel terrassant le démon, vers 1750. Terre cuite. H. 55 cm.. Photographie Callisto Fine Arts, Londres. https://www.callistoart.com/works/saint-michael-vanquishing-the-devil/

Un rapprochement s’impose avec le grand marbre exécuté en 1750 par l’artiste pour la cathédrale de Monopoli dans les Pouilles, sur le même sujet, même si cette terre cuite ne peut être considéré comme son esquisse. Ces éléments incitent à situer cette œuvre dans les jeunes années de Sanmartino, au milieu du XVIIIe siècle. 

Cette terre cuite, d’un montant de 15 000 €, a bénéficié d’une aide d'acquisition de la DRAC ainsi que du Fonds régional d’acquisition pour les musées (FRAM) NouvelleAquitaine. http://www.bayonne.fr/fileadmin/user_upload/imports/deliberations/20191205/N°%2012%20-%20CULTURE%20ET%20PATRIMOINE%20-%20Musée%20Bonnat-Helleu%20-%20Acquisition%20d’œuvres%20et%20demande%20de%20subventions%20à%20la%20DRAC%20et%20au%20FRAM%20Nouvelle-Aquitaine.pdf

Il s’agit de la seconde œuvre de cet artiste napolitain à rejoindre les collections publiques françaises après la terre cuite Deux angelots portant une torchère (vers 1768), esquisse pour un des deux groupes en marbre ornant le maître-autel de l'église del Divino Amore à Naples, acquise par le musée du Louvre en 2005. http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=28712&langue=fr

(1) Acquisition par le musée Bonnat-Helleu d'un tableau de Domenico Corvi. http://www.lecurieuxdesarts.fr/2019/07/un-leon-bonnat-acquis-par-le-musee-bonnat-helleu-de-bayonne.un-domenico-corvi-egalement-acquis.html

Antoine Louis Barye, Chimère. Épreuve en bronze patiné, signée, sur un socle en marbre portant l’inscription : 469 - Chimère. Bronze inédit. Hauteur avec le socle : 12 cm.. Bibliographie: - SP A98 page 166 - PR CS194 page 464 avec comme indication : Quelques épreuves ont sans doute été tirées après la mort de Barye Photographie étude Osenat.

C’est en vente publique à Fontainebleau, auprès de l'étude Osenat, que le musée s’est porté acquéreur, à l’automne 2019, de Chimère, bronze d’Antoine Louis Barye (1796 - Paris - 1875) (1).  Ce bronze rejoint un ensemble remarquable d’œuvres de cet artiste, offert à sa ville natale par Léon Bonnat (Bayonne 1833 – 1922 Mouchy-Saint-Eloi) : une peinture, quatre estampes, 35 dessins, 114 sculptures en grande majorité des bronzes animaliers ou décoratifs.

Léon Bonnat – nommé membre de l’Institut en 1881, section peinture, fauteuil VII – n’a jamais rencontré ce sculpteur qu’il admirait. Il fera deux portraits de celui-ci. Le premier en 1885 (cat. raisonné de Guy Saigne, n°30), aujourd’hui au Walters Art Museum de Baltimore ; cette toile lui fut commandée par l’étasunien William T. Walters, collectionneur d’œuvres du sculpteur. Pour ce portrait posthume, le peintre s’inspirera d’une photographie de Bertall. Pour le second portrait en 1889 (cat. raisonné de Guy Saigne, n°31), aujourd’hui au musée Bonnat-Helleu, le peintre s’inspirera d’une photographie de Nadar. Il fut peint à l’occasion de l’exposition à l’École des beaux-arts de 1889, organisée en hommage au sculpteur et pour lever des fonds destinés à l’édification du monument à sa gloire érigé à la pointe de l’île Saint-Louis (2)

 

Léon Bonnat, Portrait de Barye, non daté (1889). Huile sur toile. 115,5 x 84,6 cm.. Signé en bas à droite L Bonnat. Collection Léon Bonnat puis legs de ce dernier aux Musées Nationaux, 1922. Bayonne, musée Bonnat-Helleu.  

Fréquentant la ménagerie du Muséum d’histoire naturelle, Barye trouve dans le monde animalier ses sujets de prédilection. Le jury ayant refusé qu'il expose au Salon de 1837, ceci l’incite à ne plus participer à cette manifestation ; il n’y reviendra qu’en 1851. Il bénéficie cependant de commandes officielles. Il ouvre en 1839 sa propre fonderie, afin d’éditer lui-même ses bronzes, mais sera acculé par la faillite au bout de 10 ans.  Il est nommé, lui aussi, membre de l’académie des Beaux-Arts, en 1868, section sculpture, fauteuil II.

 

Au sein de son œuvre sculpté, Chimère se démarque par son caractère fantastique, évoquant le goût pour l’art gothique, et le fait qu’elle n’a jamais été diffusée du vivant de l’artiste. Ce bronze, qui a appartenu à Barye jusqu’à sa mort, fut présenté à l’École des Beaux-Arts lors de l’exposition posthume de 1875, avant de figurer dans la vente après décès de l’artiste en 1876. Il fut de nouveau exposé aux Beaux-Arts à l’occasion de la rétrospective Barye lors de l’Exposition universelle de 1889. La Chimère compte parmi les inventions de Barye qui n’ont pas fait l’objet d’édition en série ; seuls quelques bronzes postérieurs à la mort de l’artiste sont aujourd’hui connus. Le chef modèle acquis par Bayonne constitue un précieux témoignage de la création des modèles de Barye.

Ce bronze a été adjugé 3 250 € avec les frais. Séance du Conseil municipal du 5 décembre 2019. Délibération n°12. Objet : culture et patrimoine - Musée Bonnat-Helleu - Acquisition d’œuvres et demande de subventions à la DRAC et au FRAM Nouvelle-Aquitaine  http://www.bayonne.fr/fileadmin/user_upload/imports/deliberations/20191205/N°%2012%20-%20CULTURE%20ET%20PATRIMOINE%20-%20Musée%20Bonnat-Helleu%20-%20Acquisition%20d’œuvres%20et%20demande%20de%20subventions%20à%20la%20DRAC%20et%20au%20FRAM%20Nouvelle-Aquitaine.pdf

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La cire originale de La Chimère, montée sur un socle en plâtre, figurait aussi dans cette vente. Sous le n° 134, elle a été adjugée 6 000 € frais compris.

Elle porte une étiquette 652. H : 13 cm.. CR CS 194. Provenance : - Vente Barye, 1876, N°468 (80 Fr. avec le bronze) - Vial, acquis à la vente précitée. Bibliographie : - SP A98 page 166 - PR CS194 page 464, cet exemplaire mentionné (Accidents, manque une aile). Photographie étude Osenat.

(1) Étude Osenat, Fontainebleau, 6 octobre 2019, Collection d'un amateur : Une passion pour Antoine-Louis Barye. Ce collectionneur – initiales J.C. - explique dans la préface du catalogue comment occupant l’appartement parisien du 4 quai des Célestins dans lequel le sculpteur vécut jusqu’à son décès en 1875, il en est venu à s’intéresser à ce sculpteur puis à initier une collection, jusqu'à devenir "accroc" de Barye. Avec 168 sculptures, 5 dessins et 3 peintures proposés dans cette vente. 

(2) Pour la rédaction de cet article relatif à Barye, j’ai largement repris les notices de l’ouvrage de Guy Saigne, Léon Bonnat. Le portraitiste de la IIIe République. Catalogue raisonné des portraits. Préface de Sophie Harent. 507 numéros. Éditions Mare & Martin. 704 pages. 2017. 

Couronné par l'Académie française en 2018 par le prix Jacques de Fouchier, l'ouvrage concrétise une thèse de doctorat en Histoire de l'art soutenue par Guy Saigne en décembre 2015 Léon Bonnat (1833-1922) portraitiste : Catalogue raisonné des portraits peints, dessinés et gravés. Guy Saigne  poursuit maintenant l’établissement du catalogue raisonné de l’artiste en se penchant sur sa peinture religieuse, ses grandes compositions décoratives, ses scènes de genre et paysages orientalistes ou italiens, ses travaux de formation (copies, dessins...)… Il est président d’honneur de la Société des Amis du Musée Bonnat-Helleu présidée depuis sa création par Guy de Lasteyrie du Seillant.

Le rédacteur de cet article est membre du conseil d’administration de la SAMBH. depuis sa création en novembre 2011.

 

 

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