La Fosse d'orchestre est dans le parking selon Christian Boltanski - Centre Georges Pompidou - Actualisation au vendredi 10 janvier 2020
Gilles Kraemer.
actualisé vendredi 10 janvier 2020.
Après Pleine Nuit, spectacle conçu dans le chantier de la Salle Favart pendant deux week-end de février 2016, déambulations sur le chantier, aménagé et scénarisé par Christian Boltanski, Jean Kalman et Franck Krawczyk, l’Opéra Comique et le Centre Pompidou associés les invitent pour la création mondiale de " Fosse " dans le parking Berger, situé au niveau -1 du Centre Pompidou. Une expérience hors norme, une expérience d'immersion dans la fosse d'une salle d'opéra, dans l'écho de la rétrospective Christian Boltanski, Faire son temps actuellement au Centre.
Bernard Blistène, directeur du Musée national d'art moderne/Centre de création industrielle & Christian Boltanski © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, vendredi 10 janvier 2020, Fosse, parking du -1 du Centre Georges Pompidou.
Fosse, c'est l'expérience hors norme à laquelle nous convient Christian Boltanski, Franck Krawczyk et Jean Kalman comme l'annonce l'affiche.
© Le Curieux des arts Gilles Kraemer, vendredi 10 janvier 2020, Fosse dans le parking du -1 du Centre Georges Pompidou.
Trois règles pour le spectateur déjouant toute la sacralité d'une représentation d'opéra : le livret c'est l'espace donné, le spectacle n’a ni début ni fin, le spectateur déambule au cœur même de l’espace scénique. À la manière du visiteur dans une exposition, il se déplace à son rythme. Les musiciens étant répartis dans tout l'espace, la partition en 10 séquences répond à cette multiplication des expériences d’écoute, nécessairement incomplètes et imparfaites.
© Le Curieux des arts Gilles Kraemer, vendredi 10 janvier 2020, Fosse, parking du -1 du Centre Georges Pompidou.
Pour cet opéra, le spectateur erre face à des événements qui surviennent. Dès qu’il entre, toutes ses réactions font partie de l’œuvre. Il est dans l’œuvre et non assis devant. Comme il n’y a pas de début, pas de fin, il entre et sort quand il veut. Car il n’y a pas à proprement parler une histoire mais plusieurs, suggérées par cet espace donné et avec laquelle les trois créateurs composent. Tout part du lieu. Le lieu c’est le livret. Par lieu, il faut entendre l’espace où l’œuvre se joue mais aussi ses abords, les moyens d’y accéder, d’en sortir, la température, tous ces éléments qui peuvent sembler secondaires et qui intègrent l’œuvre.
© Le Curieux des arts Gilles Kraemer, vendredi 10 janvier 2020, Fosse, parking du -1 du Centre Georges Pompidou.
La partition de Fosse © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, vendredi 10 janvier 2020, Fosse, parking du -1 du Centre Georges Pompidou.
Sonia Wieder-Atherton, violoncelle solo. © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, vendredi 10 janvier 2020, Fosse, parking du -1 du Centre Georges Pompidou.
Pas de salle mais un parking souterrain, imposant d’emblée, une sensation physique particulière - il fait froid, très froid, Boltanski aime nous mettre à l'épreuve comme il le fit avec MONUMENTA, sous la verrière glaciale du Grand Palais, il y a 10 ans presque jour pour jour, le 13 janvier 2010 -, avec quelques puissantes voitures, les phares allumés, recouvertes d'une housse de protection - l'on n'en saura pas la marque - avec une découpe dans le pare-brise permettant de voir assis un conducteur et un passager. De leur identité, l'inconnue demeure, un voile de gaze cache leur visage. L'on est dans la fosse d'orchestre comme les musiciens, dans l'imagination de penser les chanteurs au dessus. Dans une tradition du rideau de scène, des rideaux blancs en Cour et Jardin, ouvrant l'accès vers les "coulisses". De puissants projecteurs. La musique a pour enjeu de donner à entendre le lieu autrement. Dans cette fosse élargie, les repères ne sont plus les mêmes : les musiciens, éloignés les uns des autres jouent, sans chef d’orchestre, parmi les spectateurs, les chanteurs se promènent. Ils doivent les ignorer, apprivoiser l’espace, s’y sentir en confiance pour s’y abandonner. Les spectateurs font une haie d'honneur à la soprano, la seule voix solitaire qu'ils écoutent avec attention. Que chante-elle, que chantent-ils ? Difficile de percevoir, de comprendre. Des sonorités, dans des chemins vers Claude Debussy, vers Mélisande, vers des musiques religieuses. Les percussionnistes - sans instruments - usent de tous les artifices pour rendre le lieu sonore.
Toute codification de la pratique de l'opéra n'existe plus dans ce questionnement des codes disparus. Plus d'ouverture, d'acte, d'air, la structuration a disparu. Malgré une fin des plus classique, toutes les musiques étant réunies. Place à une imagination renouvelée.
https://www.youtube.com/watch?v=cf2-p34ZEtY
Fosse. Conception de Christian Boltanski, Jean Kalman (mise en espace & éclairage), Franck Krawczyk (compositeur et pianiste)
Création mondiale d'un opéra immersif de 50 minutes dans le parking du Centre Pompidou, niveau -1
Œuvre pour soprano, violoncelle solo, chœur, 12 violoncelles, 6 pianos, 2 percussions et une guitare électrique.
Coordination artistique Plein Jour
Soprano Karen Vourc’h
Violoncelle solo Sonia Wieder-Atherton
Chœur accentus
Commande et production de l’Opéra Comique. Coproduction Centre Pompidou Avec le soutien du Fonds de création lyrique et de la SACD.
Vendredi 10 et samedi 11 janvier 2020, 19h à 22h (dernière entrée à 21h10), dimanche 12 janvier 2020, 17h à 20h (dernière entrée à 19h10)
ARTE enregistre Fosse. Diffusion sur ARTE et ARTE Concert courant 2020.
Dans le cadre de l’exposition Christian Boltanski, Faire son temps au Centre Pompidou, 13 novembre 2019 - 16 mars 2020
Retour en arrière, presque 10 ans, jour pour jour, sous la verrière glaciale du Grand Palais, avec Personnes pour MONUMENTA 2010.