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Publié par Gilles Kraemer

Entrare nell’opera / Entrer dans l’œuvre : actions et processus dans l’Arte Povera explore pour la première fois, la dimension performative inhérente à ce mouvement italien, dans les années 1960 et 1970, avec des artistes s'exprimant par de multiples actions et événements. Mouvement fédéré par Germano Celant.

Vue de l'exposition Entrare nell'opera. Michelangelo Pistoletto, Mappamondo, 1966-1968. Cittadelarte - Fondazione Pistoletto, Biella  //  Jannis Kounellis, Senza titolo (Da inventare sul poste), 1972. Peinture. Collection Viehof, Mönchengladbach  © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2019.     Comment évoquer ses actions, ses performances, ses implications du public dans un espace muséal plus propice à la sanctification qu'à la démonstration du processus ? Pari réussi pour le commissaire Alexandre Quoi qui "réactive" ce que furent ces moments d'intenses créativités. L'importance des pièces présentées - l'institution stéphanoise détient une quinzaine d'œuvres majeures "pauvres" - y participe pleinement.

Germano Celant devant Senza titolo (Giallo), 1965. Collection privée © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Venise, 8 mai 2019, visite presse.     Cette exposition didactique, s'inscrit judicieusement dans la lignée de celle que la Fondazione Prada consacra, en mai 2019, à Jannis Kounellis, le grec porteur de la flamme de l'art pauvre avec un rétrospective muséale posthume pour l'artiste décédé en 2017, commissariat de Germano Celan.

www.lecurieuxdesarts.fr/2019/08/venise-et-le-sacre-des-morts. Ou dans celle du Guggenheim Venise, en 2016, explorant l'effervescence des années 1960-1969 de la scène italienne www.lecurieuxdesarts.fr/2016/08/de-jannis-kounellis-a-pino-

Vue de l'exposition Entrare nell'opera © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2019.    Une centaine d’œuvres, 300 archives photographiques et filmiques autour de ces artistes car, que reste-t-il de ces instantanés si ce ne sont les images porteuses des traces de leurs interventions éclairant ces performances et " la théâtralité de ce mouvement " souligne Alexandre Quoi.

Alighiero Boetti, Manifesto, 1967. Impression offset sur papier vert. Collection particulière   © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2019.

Citons les 14 noms. Les vivants  Giovanni Anselmo (1934), Pier Paolo Calzolari (1943), Giulio Paolini (1940), Giuseppe Penone (1947), Michelangelo Pistoletto (1933) & Gilberto Zorio (1944). Les morts Alighiero Boetti (1940-1994), Luciano Fabro (1936-2007), Jannis Kounellis (1936-2017), Eliseo Mattiacci (1940-2019), Mario Merz (1925-2003) et son épouse Marisa Merz (1926-2019), Pino Pascali (1935-1968) & Emilio Prini (1943-2016). Ils nous accueillent tous à l'entrée, 14 photographies de ces agitateurs de l'avant-garde conceptuelle en Italie et au-delà, les mettant en scène, en attitude, en action... . 

Comme un opera, quatre actes pour cette distribution éblouissante et pertinente. Il n'y manque même pas, comme dans tout opéra du XIX, la scène imposée du ballet. Ici, Senza titolo de Kounellis, un tableau de grand format avec des portées musicales, devant lequel une danseuse doit se produire, accompagnée d'un violoniste ou d'un violoncelliste.

Vue de l'exposition Entrare nell'opera. Section consacrée à Le Piper Pluriclub, Turin © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2019.    

Détail d'Apoteosi di Omero, 1971-1972. 32 photographies en noir et blanc, 33 pupitres. Collection privée. Courtesy Fondazione Marconi, Milano © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2019.    Avanti maestro. Pour commencer un tempo molto veloce. Rejoignons les sur la scène du teatro tous ces acteurs sur laquelle ils se produisent. Boetti pousse jusqu'à imposer une très longue attente avec Lampada annuale (1967) qui ne s'allume, dans un programme aléatoire, que quelques secondes par an dans un temps subjectif, Calzolari délivre son message Un flauto dolce per farmi suonare (1968) lisible seulement par la glaciation de ses lettres écrites en capitale. Le Piper Club à Turin, un discothèque, devient pendant trois années lieu où musique, design, théâtre, défilé de mode s'entremêlent. Le théâtre se transporte dans la rue avec Pistoletto et sa troupe Lo Zoo, une exposition éphémère à Amalfi en octobre 1968 Arte Povera più azioni povere diffuse le mouvement hors Italie, Kounellis "expose" des chevaux dans la galerie romaine L'Attico (1969) avec la volonté provocatrice de l'introduction du vivant, celle d'une peinture équestre bien réelle. Une installation conséquente de Giulio Paolini Apoteosi di Omero renvoie à l'éponyme peinture d'Ingres; chacun des personnages historiques se revisite avec des photographies d'acteurs du théâtre et du cinéma dans lesquelles le spectateur se projette.

La seconde section formalise par de nombreux documents et documentaires les "Azioni" hors Italie, celles de Aktionsraum à Munich ou de la Fernsehgalerie du cinéaste Gerry Schum. Des dessins d'un projet de Penone pour Gerry Schum (1972) sont présentés. Objet émouvant Scarpette (1968), chaussons (à sa taille) tricotés de fil de nylon par Marisa Merz, considérée comme la seule femme de ce mouvement.

Vue de l'exposition Entrare nell'opera. Mario Mertz, Senza titolo, 1978. Construction en acier, bois, grillage, chiffres néon, lance en bois, cire. Collection privée, Kunstmuseum, Lichtenstein © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2019.

Vue de l'exposition Entrare nell'opera. Giuseppe Penone, Albero di cinque metri. 1973. Collection du MAMC+  //  Michelangelo Pistoletto, Mappamondo, 1966-1968. Cittadelarte - Fondazione Pistoletto, Biella   //  Luciano Fabro, Buco, 1963-1964. Verre, couleur argentée. Collection privée © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2019.    Cœur central de l'exposition, "Actions" avec des œuvres emblématiques. Pennone et Arbre de cinq mètres. Pistoletto et Sphère de journaux, sculpture ambulante investissant les rues de Turin. Kounellis et son tableau partition devant lequel danse une ballerine qu'accompagne un violoncelliste ou un violoniste. Igloo-grillage (1973) de Mario Merz, lieu symbolique de l'abri permettant de mettre en scènes des performances; 46 ans plus tard, il serait le symbole de l'urgentissime changement climatique.

Vue de l'exposition Entrare nell'opera. Giovanni Anselmo, Entrare nell'opera, 1971. Tirage noir et blanc sur toile. Se reflétant dans Filo per stendere, 1973, de Michelangelo Pistoletto, sérigraphie et lithographie sur acier inox poli. Kunstmuseum, Lichtenstein © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2019.

Dernière section proposant d'Entrer dans l'œuvre, les regardeurs ont été suffisamment attentifs; à eux maintenant de mettre en application ce qu'ils ont vu et de ré-activer des protocoles 50 ans après.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vue de l'exposition Entrare nell'opera. Invitation à se glisser de le Cube de Luciano Fabro puis à chanter dans les microphones de Gilberto Zorio © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2019.   Première action, soulever et pénétrer dans le cubo de Luciano Fabro (1966), tendu de tissu léger, à échelle humaine, dans une immersion subjective dans cet espace. Puis monter sur des parpaings et parler dans un des huit microphones suspendus par Gilberto Zorio; l'installation Microfoni (1969) jouera de l'écho des sons se déplaçant dans l'immense salle donc dans le temps.

 

 

 

 

Eliseo Mattiacci, Essere. Respirare, 1968. Tableau de plomb, marteau avec en relief l'inscription "essere". Collection de l'artiste, Pesaro © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2019.

Terminer physiquement avec Essere / Respirare d'Eliseo Miattiacci en frappant un tableau de plomb avec un marteau sur lequel figure le mot "essere" qui  s'y inscrira en creux. Entrare nell'opera de Giovanni Anselmo clôt fort justement ce parcours, telle une action vers la liberté, avec l'auteur perdu dans une immensité.

Gilles Kraemer

envoyé spécial 

 

Entrare nell'opera. Entrer dans l'œuvre. Actions et processus dans l'Arte Povera

30 novembre 2019 - 3 mai 2020

MAMC+ à Saint-Etienne

Commissariat Alexandre Quoi, responsable du département scientifique du MAMC+ 

Maurice Allemand ou Comment l'art moderne vint à Saint-Etienne. Une histoire des collections

30 novembre 2019 - 03 janvier 2021 - commissariat Cécile Bargue -

Au départ, le musée d'Art et d'Industrie dont Maurice Allemand fut le directeur de 1947 à 1966. Aujourd'hui le MAMC+.  

Exposition Maurice Lallemand. Maître de l'almanach, actif en France au XVIIe siècle, Vanité, vers 1640. Huile sur toile. Achat en 1954 © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2019, MAMC+.

Exposition Maurice Lallemand. Bram van Velde (1895-1981), Sans titre, 1956. Huile sur toile, Achat en 1984  //  Kurumba, Burkina Fasso, Mali, Coiffure rituelle Adoné. Achat en 1963 © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2019, MAMC+.

 

Firenze Lai. L'équilibre des blancs

Première exposition muséale en Europe avec une soixantaine d’œuvres, entre peintures, dessins et estampes de cette artiste, née en 1984 à Hong Kong - 30 novembre 2019 - 17 mai 2020 - commissariat Aurélie Voltz, directrice du MAMC+ 

Alexandre Leger. Hélas, rien ne dure jamais

Exposition de dessins de ce lauréat de la 9ème édition du Prix des partenaires du MAMC+. Ce prix défend le travail d'un artiste émergeant en arts graphiques, vivant en France. Alexandre Leger est né en 1977 - 30 novembre - 17 mai 2020 - commissariat Aurélie Voltz, directrice du MAMC+ 

 

 

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