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Publié par Gilles Kraemer & Antoine Prodhomme

Dédié aux Beaux-arts, créé par les organisateurs de l'incontournable Salon du dessin, Fine Arts Paris 2019 présente 46 exposants (43 l'année passée) dont dix nouveaux marchands parisiens et internationaux. Parcours dans les allées pour des choix très cornéliens dans cette 3ème édition. Le vernissage du 12 novembre fut très connaisseur & très acheteur, faut-il le souligner. 

 

Anton Maria Vassallo (Gênes, circa 1615 - Milan circa 1657), Chien, chat et hérisson autour d’ustensiles en cuivre. Huile sur toile. 36,7 x 58,3 cm. Bibliographie totalement inconnu. Galerie Canesso, Paris.

Tableau représentatif de l'esprit de Fine Arts Paris. Ce que j'attends d'un salon du "connoisseur". Du vrai connaisseur.  Ici, la semelle rouge et le bronzage automnal ne s'affichent pas dans les allées du Carrousel. Dans la lignée de feu Paris Tableau qui de 2011 à 2015 fut l'incontournable rendez-vous de 24 à 26 marchands de tableaux anciens installés dans l'intimité du Palais Brongniart. Une réputation immédiate de sérieux, niveau TEFAF peintures anciennes Sa dilution dans l'immensité du Grand Palais lors de la Biennale des antiquaires de 2016 et sa tenue en 2017 à la Patinoire royale de Bruxelles (21 participants) signèrent irrémédiablement sa disparition. 

Ce Vassallo est une toile faite pour la collection d'un "vrai" amoureux de la peinture.  Anton Maria Vassallo s’est formé auprès des peintres flamands qui avaient fondé une colonie importante à Gênes dans la première moitié du XVIIe siècle. Le chat recroquevillé sur lui-même, épiant, est comme une signature de l’artiste. Nos trois animaux posent sans se préoccuper de l'autre; le chien regarde vers la gauche, le hérisson paraît se recroqueviller dans une position de défense. Ils insufflent du dynamisme à côté des objets inanimés dont le broc en cuivre au centre, stabilise toute la composition.

 

Lelio Orsi (1508 ? - Novellara - 1587), Trois personnages drapés. Plume et encre brune, mise au carreau à la pierre noire et à la sanguine ; collé en plein sur un montage ancien. 20,5 x 21,6 cm.. Inscrit sur le montage au recto à la pierre noire "Parmaginnino"; au verso à la plume et encre brune "Mazzola, o vero / il Parmigianino" / Galerie Ratton-Ladrière.

Autrefois attribué à Parmesan, ce dessin est en fait caractéristique d’Orsi. Il est probable qu’il soit en rapport avec la décoration du Casino di Sopra à Novellara, propriété du comte Camillo Gonzaga, que Lelio Orsi entreprend à partir de 1558. Le décor, complexe, mêlait allégories encadrées de cariatides et télamons (en grisaille), figures de divinités et bustes dans des niches, tympans au-dessus des portes ornés de figures en raccourci et de "cuirs".

 

Vincenzo Catena (Venise, circa 1480-1531), Portrait de femme avec une médaille dans la main. Huile sur panneau.  57 x 48,8 cm.. Genève, collection Michele Bertecco Schaub ; 1997, Lugano, collection particulière. Galerie Canesso, Paris.

Le sujet est mystérieux et étonnant, en quelque sorte indéfinissable : le titre Portrait de femme est donc une solution de repli, en attente de déchiffrer l’idée qui le sous-tend.

 

Giovan Battista Gaulli detto Il Baciccio (1639 - 1709) Repos durant la fuite en Égypte ou Allégorie du Christ triomphant du paganisme, vers 1695. Huile sur toile. 66 x 49 cm.. / Galerie Terrades.

Né à Gênes, Giovan Battista Gaulli y reçoit sa première formation avant de se rendre à Rome vers 1657 où il devient rapidement le protégé du Bernin. En 1666, la commande de la décoration de l’église Santa Agnese indique le début de son activité de fresquiste qui culminera avec la réalisation de la décoration de l’église du Gesù entre 1672 et 1677, le plus impressionnant décor baroque religieux à Rome. L’avènement d’Innocent XII en 1691 marque le déclin du grand mécénat pontifical : Gaulli se tourne alors vers les collectionneurs privés pour les commandes de décors religieux mais aussi de portraits. C’est durant cette décennie 1690-1700 que Gaulli semble avoir reçu la commande d’une grande pala d’altare représentant Le Repos durant la fuite en Egypte comme allégorie du Christ triomphant du paganisme. L’originalité de cette composition est d’associer un Repos durant la fuite en Égypte et une Allégorie du Christ triomphant du paganisme. Ce bozzetto ferait ainsi office de lien entre un dessin conservé au British Museum et la pala d’altare, perdue ou non exécutée.

 

Luc Olivier Merson (1846 – 1920) attribué à, Étude d'une figure de saint, circa 1880. Huile sur toile. 41,5 x 33 cm. / Galerie Charvet.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Livio Agresti (Forli 1505 – Rome, 1579), La Vierge à l'Enfant, saint Jean et un ange musicien.. Huile sur panneau de noyer. Restaurations anciennes. 22,5 x 18,3 cm.. Ancienne collection Sylvie Béguin (1919-2010) / Galerie Antoine Tarantino © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer.  

Livio Agresti appartient au courant maniériste autour de Trometta et des Zuccaro. Originaire de la région émilienne, il a travaillé à Rome, au château Saint-Ange avec Perino del Vaga. Il a peint plusieurs cycles de fresques dans des églises romaines et des retables pour la Romagne et l’Ombrie. Ce modello a été daté de la décennie 1570, probablement en vue d'un tableau d'autel non retrouvé. On y reconnaît la gamme colorée maniériste de violet, rose, jaune et vert pale de ses grands formats.

 

 

François-André Vincent (Paris 1746 - 1816) Arria et Paetus, vers 1787. Huile sur toile. 102 x 124,5 cm.. Porte deux anciennes étiquettes : en bas à gauche : n° 34 et en bas à droite n° 73. Collection Julien-Victor Veyrenc (1756-1837), puis par descendance jusqu’à nos jours / Galerie Perrin. 

Condamné à mort pour s’être rebellé contre l’empereur Claude en l’an 42, Paetus est exhorté par son épouse Arria à se suicider avec honneur, de la pointe de sa dague. Pour affermir sa détermination, cette dernière se poignarde avant de remettre sa dague à son époux. La lumière vive et oblique accuse la véhémence d’Arria, debout, dans un profil strict, tendant le poignard. A la cascade du lourd drapé orange qui l’enveloppe répond le corps avachi de Paetus vêtu des couleurs froides que sont le vert de sa tunique et le bleu de son manteau.

 

Joseph-Ferdinand Lancrenon (1794 - 1874) Borée enlevant Orythie, 1821-1822. Huile sur toile. 41 x 33 cm.. Œuvre en rapport Borée enlevant Orythie, plafond pour un salon de l’appartement de la duchesse de Berry au pavillon de Marsan (Montargis, musée Girodet) / Galerie Terrades.

En 1821, Joseph-Ferdinand Lancrenon reçoit la commande d’un tableau destiné à décorer le plafond d’un des salons de l’appartement de la duchesse de Berry au pavillon de Marsan du palais du Louvre ; sujet imposé celui de Borée enlevant Orythie. Borée, le dieu du vent du nord, se voit refuser trop longtemps la main de Orythie par son père, Erechthée, roi d’Athènes. Il cède alors à une colère noire et enlève Orythie au milieu des airs. Ce tableau est l'esquisse définitive de l’œuvre, probablement destinée à être montrée au comte de Forbin, directeur des musées royaux et à l’origine de la commande.

 

 

 

Fedele Fischetti (Naples 1732-1792), Séléné et Endymion, entre 1770-1780. Huile sur toile, 64 x 77,3 cm. Bibliographie inédit.. Galerie Canesso, Paris. 

Fedele Fischetti s’est formé à Naples, avec Giuseppe Bonito (1707-1789). Tout en exposant un style inspiré du barocchetto, il s’orienta vers une veine classicisante pour s’actualiser sur les modes picturaux alors en vogue à Rome. La composition s’inspire d’Ovide et évoque les Amours des dieux : la déesse de la lune, Séléné, s’est éprise du beau et jeune berger, Endymion. Elle demande à Zeus de plonger son bien-aimé dans un sommeil éternel afin de préserver sa beauté. Le cadrage serré, en gros plan, nous fait entrer dans l’intimité de cette scène, silencieuse et plongée dans la semi-pénombre de la nuit, douce et vaporeuse, ce qui donne à la composition un caractère onirique. Les verts, roses et blancs des drapés prennent des tons nacrés dans les valeurs claires imprimant une saveur suave à ce duo amoureux.

 

galerie Antoine Tarantino © photo Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Fine Arts Paris, 12 novembre 2019.

 

Voir aussi sur le site thegazeofaparisienne.com/  le tableau de François-Auguste Biard-1799-1882) représentant L'Hôpital des fous à Lyon, présenté par la Galerie De Bayser.  Exposée au Salon de 1833, cette impressionnante toile, d'une criante vérité, s'inspire des visites de l'artiste à l'hospice de l'Antiquaille de Lyon, un ancien couvent sur la colline de Fourvièvre dédiée aux aliénés et au traitement des maladies vénériennes.

 

François-Auguste Biard (Lyon 1799 - 1882 Paris), L'hôpital des fous à Lyon : une fille ne reconnaît pas ses parents. Huile sur toile. 158,5 x 219 cm.. Galerie De Bayser, Paris © The Gaze of a Parisienne, courtesy Galerie de Bayser, salon Fine Arts Paris, novembre 2019.

 

Gilles Kraemer & Antoine Prodhomme

 

Fine Arts Paris Carrousel du Louvre / Paris

mercredi 13 - dimanche 17 novembre 2019

finearts-paris.com/en/home-2/

Fine Arts Paris franchira la Seine pour sa 4e édition en s'installant dans la cour du Dôme des Invalides, face à la place Vauban, à l'automne 2020. Ce nouvel espace permettra d’accueillir entre 65 et 70 exposants contre 46 aujourd'hui. Le Salon du dessin se tiendra du 25 au 30 mars 2020, restant heureusement au Palais Brongniart. S'il partait de ce lieu, il y perdrait totalement son âme.

 

 

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