La Nana de Charles Berling et Jean-Luc Godard vit sa vie - Festival d'Avignon 2019 (V)
Gilles Kraemer & Guillaume Kraemer
séjour et déplacement personnel à Avignon.
Mélange des rôles, l'on ne sait qui est qui, qui est l'homme, qui est la femme. La femme est-elle l'homme, l'homme est-il la femme. Mélange des genres, les acteurs devenant indifféremment femme ou homme dans cette pièce en douze tableaux abrupts, à la fabuleuse liberté de ton, adaptation du film éponyme de Jean-Luc Godard Vivre sa vie.
Vivre sa vie © photo Nicolas Martinez, 2019
Aux manettes Charles Berling (directeur de la scène nationale de Châteauvallon), juxtaposant les textes de huit écrivains, de Sophocle à Bernard-Marie Koltès - sans Zola -, pour bâtir l'histoire de Nana qui aurait aimé être actrice, devenue vendeuse, abandonnant Paul et son fils, posant pour des photographies de charme, prostituée par hasard, amoureuse d'un client, vendue par son mac Raoul, tuée d'une balle perdue lors d'une fusillade. Une histoire sur la liberté de vivre librement sa sexualité, de choisir son existence, son amant, sur l'argent facilement gagné, la fausse insouciance, la domination du mâle.
Pauline Cheviller, au charme vénéneux, est comme un enfant, souhaitant profiter de la vie, "vivre sa vie", faire ce qu'elle souhaite. Toujours vers l'avant, se précipitant vers la mort dont Frank Wedeking et Alban Berg tissèrent le scénario. Elle prête sa mine boudeuse à cette histoire d'amour qui finit mal, yeux Luisa Casati, cheveux Louise Brooks, bouche rouge, silhouette Teresa Stratas du soir du 24 février 1979 lors de la scène de Jack l'éventreur avec l'immense escalier de Peduzzi dominé par la lune. Instant mythique suspendu de Patrick Chéreau.
Action en deux partages, avant-scène de la lumière, de la passion, des rencontres, des changements de costumes à vue des acteurs, fond de scène sur-élevé, le plateau des amours tarifiées cachées par un tulle derrière lequel les ombres chinoises des acteurs évoquent l'acte sexuel saccadé. Hélène Alexandridis, Sébastien Depommier et Grégoire Léauté, endossent avec justesse plusieurs rôles avec le bémol de se perdre dans qui est qui, qui joue qui.
Vivre sa vie © photo Le Curieux des arts Guillaume Kraemer, Avignon, 6 juillet 2019
Gilles Kraemer
représentation du samedi 6 juillet 2019
Vivre sa vie adaptation libre du scénario du film de Jean-Luc Godard Vivre sa vie
5 au 28 juillet 2019 à 19 h Théâtre des Halles - Avignon - dans le cadre du off
Hélène Alexandridis bonimenteur 1/ Paul/ la vendeuse/ la concierge/ le barman/ le policier/ le gardien/ Raoul/ la fille/ le philosophe
Pauline Cheviller Nana
Sébastien Depommier bonimenteur 2/ le client/ le journaliste/ l'homme/ Yvette/ le jeune homme
Grégoire Léauté la caissière/ l'homme/ un type/ la caissière/ Luigi/ l'homme & aussi guitariste
Textes de Virginie Despentes, Marguerite Duras, Henrik Ibsen, Bernard-Marie Koltès, Grisélidis Réal, Sophocle, Frank Wedekind & Simone Weil
Mise en scène Charles Berling
Dramaturgie Irène Bonnaud
Lumière Marco Giusti
Vidéo Vincent Bérenger et Cyrile Leclercq
Costumes Marie La Rocca
Production de Scène nationale Châteauvallon - Le Liberté
Vu également au Théâtre des Halles à la programmation pertinente, L'Art de Suzanne Brut http://www.lecurieuxdesarts.fr/2019/07/l-art-brut-
Retour positif aussi de Moi, William Blake de Paul Laverty mis en scène par Joël Dragutin, mais non vu.