Turandot © Michele Crosera, prova generale.
Turandot, opéra non terminé par Giacomo Puccini, complété par Franco Alfano. La première représentation fut donnée au Teatro alla Scala de Milan, le 25 avril 1926 sous la direction d'Arturo Toscanini. Celui-ci arrêta la représentation au milieu du 3ème acte, après les derniers mots de la foule "Dormi ! oblia ! Liù !, poesia!", après la mort de Liu s'étant poignardée pour ne pas trahir sous la torture le secret de l'identité du prince inconnu. Et, se tournant vers le public "La représentation se termine ici, puisque c'est ici que le Maître est mort".
Turandot © Michele Crosera, prova generale.
Dès le début, le dénouement est acté. Les jeux sont faits dans la lecture de cet opéra de Puccini par Cecilia Ligorio, sa première mise en scène de ce compositeur. C'est irrémédiable. Comme le cimeterre qui trancha la tête du prince de Perse, la prochaine victime ne sera pas le prince inconnu mais bien Turandot, la sanguinaire princesse, fille de l'empereur Altoum. Elle épousera Calaf. Les jeux sont faits dès le premier regard que le prince de Tartarie a posé sur la cruelle parcourant la passerelle couverte de pétales blanches qui tombent sur la foule " O divina bellezza ! O sogno ! O meraviglia !". Comme une illumination. Tout le reste ne sera que vaines tentatives pour Turandot d'échapper à son destin, elle "la figlia del Cielo / libera e pura". Serait-elle inconsciemment consentante dès le début et ne joue-t-elle pas un rôle dans cette obligation de son rang et du respect du vœux d'épouser le prétendant de sang noble qui aura su résoudre les trois énigmes.
Turandot © Michele Crosera, prova generale.
Toute l'action se déroule dans une atmosphère bleutée - très belle lumière de Fabio Barretin -, des ampoules pendantes telles des étoiles ou une lune parfois ronde comme le gong ou quart de lune comme la lame du cimeterre au moment de l’exécution du prince de Perse.
Turandot © Michele Crosera, prova generale.
Moment d'amusement glacial, celui du premier tableau de l'acte II dans cette odeur de mort si présente dans cet opéra. Ping le grand chancelier, Pang le grand maître des provisions et Pong le grand maître des cuisines impériales, se plaignant du cruel caprice de Turandot et se remémorant les prétendants décapités. Le prince inconnu, dans cette année du Tigre risque bien d'être le treizième, après les six et les huit des années précédentes. Tous les trois jouent avec les têtes des prétendants, les sortent de cachettes pour les placer dans d'autres, les comptent et les soupèsent, se remémorent chacun des condamnés. Cruauté et jeu habilement mélangés.
Turandot © Michele Crosera, prova generale.
Turandot © Michele Crosera, prova generale.
Princesse, elle l'est encore lorsqu'elle quitte le palais et apparaît au milieu de la foule de ses sujets. Face à elle, son père, las du vœux capricieux de sa fille, souhaitant que tout ceci cesse "Fa'ch'io possa morir senza portare il peso della tua giovine vita !", se prenant d'affection pour ce nouveau prétendant inconnu qui résoudra les trois énigmes "la sperenza", "il sangue" et "Turandot". Sentiment concrétisé lorsqu'il pose sa main sur l'épaule du prince, le considérant comme déjà son fils "il cielo voglia che col primo sole mio figlio tu sia!".
Turandot, maquette de l'acte II, décor Alessia Colosso © ufficio stampa Teatro La Fenice
Turandot © Michele Crosera, prova generale.
Acte III, Turandot n'est plus la princesse certaine d'elle, elle apparaît sans couronne. La mort de Liu qui a préféré se tuer la bouleverse. Elle s'abandonne, s'agenouille, se retrouvant en robe blanche après que Calaf lui eut ôté son manteau noir. Dernier moment de froideur avant qu'il ne l'embrasse, baiser comme la rupture d'un sortilège. La nuit et l'obscurité qui régnaient sur Pékin laissent la place au soleil.
Chef d'orchestre Daniele Callegori et chœur dirigé par Claudio Marino Moretti chaleureusement applaudis. Chanteurs très applaudis.
Gilles Kraemer
prova generale mercredi 8 mai 2019 avec la distribution du 10 mai, place offerte
déplacement et séjour à Venise à titre personnel
© photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 8 mai 2019
Turandot, drame lyrique en trois actes et cinq tableaux, livret de Giuseppe Adami et Renato Simoni, musique de Giacomo Puccini, complétée au troisième acte par Franco Alfano
Teatro La Fenice - Venise - du 21 au 29 mai 2019
© photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 8 mai 2019
la princesse Turandot soprano Oksana Dyka (10,17,21,25,29) & Teresa Romano (12,19,24)
le prince inconnu (Calaf) ténor Walter Fraccaro (10,17,21,25,29) & Carlo Ventre (12,19,24)
Liù soprano Carmela Remigio (10,17,21,25,29) & Francesca Dotto (12,19,24)
l'empereur Altoum ténor Marcello Nardis
Timur basse Simon Lim
Ping baryton Alessio Arduini
Pong tenor Paolo Antognetti
Pang ténor Valentino Buzza
Un mandarin baryton Armando Gabba
Direction Daniele Callegari, orchestre et chœur du Teatro della Fenice
Mise en scène Cecilia Ligorio (nouvelle mise en scène à La Fenice)