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Publié par Gilles Kraemer & Antoine Prodhomme

I tesori di pittura fiamminga e italiniana son di ritorno a Napoli, al palazzo Zevallos Stigliano.  

Luca Giordano (Naples 1634-1705),  Naissance de Vénus, circa 1658-1659. Huile sur toile, 174 x 314 cm.. Acquisition du musée Vivant-Denon de Chalon-sur-Saône en 1967 © photographie Musée Denon, Philip Bernard.

Via Toledo, entre place de Dante et teatro di San Carlo, au cœur de Naples, "la strada più popolosa e allegra del mondo" selon Stendhal, le marchand espagnol Giovanni Zevallos fait construire en 1635 un palais. Vendu en 1653 à Giovanni (ou Jan) Vandeneynden (vers 1590-1671), ce marchand flamand y présentait sa fabuleuse collection de peintures. Elle fut augmentée en partie par celle du marchand-financier flamand Gaspar de Roomer (1595-1674) établi lui aussi à Naples, dont quelques-unes de ses 1 100 toiles entrèrent dans la collection de Ferdinand Vandeneynden (Vanden Eynde tel que son nom est sculpté sur son monument funèbre à Santa Maria dell'Anima à Rome). En 1688, ce grandiose palais appartint aux Colonna, illustre famille romaine et napolitaine; Giuliano épousant Giovanna, fille de Ferdinand Vandeneynden. Giuliano deviendra prince de Stigliano en 1716.

En 1898, la Banca Commerciale Italiana acquiert cet édifice qu'elle transforma en banque, la grande cour intérieure du Seicento devenant la salle du public, le premier étage le balcon ouvert sur celle-ci.

Giovanni Francesco Barbieri detto Il Guercino (Cento 1591-1666 Bologne), Christ et la Samaritaine au puits, 1640-1641. Huile sur toile. 116 x 156 cm.. Madrid, Museo Thyssen-Bornemisza © photo Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, 12 mars 2019, exposition Rubens, Van Dyck, Ribera. La collezione di un principe.

 

Le Gallerie d'Italia, institution privée, antenne culturelle de la banque Intesa Sanpolo a fait le pari incroyable et réussi de reconstituer et de retrouver grâce à de longues recherches issues de l'inventaire de 1688 des biens de Ferdinand Vandeneynden, ce qui fut, avant qu'elle ne soit dispersée, une partie de la collection des Vandeneynden.

En voici trente-cinq peintures et un Cabinet ayant vraisemblablement meublé ce palais, peint par un maître nordique (après 1625), du Christ et la Samaritaine du Guercino (1640-1641) venu du Prado au Repas des esclaves de Cornelis de Wael (vers 1640). De  collections privées, sont issus Mariage mystique de sainte Catherine d'Alexandrie d'Andrea Vaccaro (vers 1660-1665) ou le verre peint de Tentation d'Adam et Ève du napolitain Vincenzo Gesualdo (après 1625). Si Sainte Famille (ca 1627) de Nicolas Poussin du MET n'a pu quitter New York, le musée de Capodimonte a prêté une copie. Le Fitzwilliam Museum de Cambridge a consenti l'étrange et perturbant Scène comique avec un enfant masqué d'Annibale Carracci (vers 1683-1685).

 

Nombreux chefs-d'œuvre des collections Roomer et Vandeneyden retrouvent les murs du palais Zevallos Stigliano, dans un parcours thématique, autour des merveilles de la collection, de Poussin, de Mattia Preti, de la peinture flamande et de la peinture de paysage. De cette collection, Carlo Celano écrivait en 1692 qu'il y voyait de très belles peintures et en quantité de maîtres célèbres anciens comme modernes[...] et de nombreux José de Ribera // bellissime dipinture, e in quantità, de famosi maestri cosi antichi come moderni [...] e una quantità di Giuseppe di Ribera ; de ce peintre mort à Naples Saint Jérôme (1644) est présenté face à l'immense Naissance de Vénus (ca 1658-1659) fourmillante des représentations des quatre éléments et des quatre saisons entourant la déesse portée par les anges de l'amour.

Peter Paul Rubens (Siegen 1577-1640 Anvers), Banquet d'Hérode, circa 1635-1638. Huile sur toile. 208 x 272 cm.. National Galleries of Scotland, Édimbourg © photographie Edimbourg, National Galleries of Scotland.

Carlo Celano, lors de cette même visite, fut stupéfait par le Banquet d'Hérode du "famoso pennello de Pietro Paolo Rubens", toile maîtresse de la collection et la plus chère puisqu'elle fut estimée à 2 000 ducats au décès de Ferdinand. Toile stupéfiante, "affascinante" dans ce mouvement des convives, ces trognes, la tête de Jean apportée sur un plateau tel un mets du banquet par Salomé, Hérodiade victorieuse piquant de sa fourchette la langue du saint, Hérode saisi d'horreur dans ce mouvement de rejet en arrière et de s’agripper à la nappe. 

Deux toiles de Mattia Pretti - Ferdinand en posséda 11 - sur les quatre de l'histoire de Jean le Baptiste sont présentées. Saint Jean-Baptiste admonestant Hérode (vers 1655) dans le geste d'accusation de la relation illégitime du tétrarque avec Hérodiade. Banquet d'Hérode avec plus de retenu comparé à Rubens. Salomé en très jeune fille présente le plateau sanglant tel un met à Hérode surpris et Hérodiade le regard baissé fixant la tête. C'est elle le point de focalisation de l'action alors que chez Rubens ce rôle revenait à Salomé éblouissante dans sa robe rouge. La formation caravagesque combinée et l'élégance néo-vénitienne de l'arrière plan signent le pinceau triomphant de Mattia.

Mattia Preti (Taverna 1613- 1699 La Vallette), Décapitation de saint Paul, vers 1655. Huile sur toile. 179,6 x 187,3 cm.. Houston, Museum of Fine Art © photo Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, 12 mars 2019, exposition Rubens, Van Dyck, Ribera. La collezione di un principe.

Mattia Preti (Taverna 1613- 1699 La Vallette), Saint Jean Baptiste admoneste Hérode, vers 1650. Huile sur toile. 176,5 x 256,5 cm.. Collection Shanks Family, en prêt au Philadelphia Museum of Art © photographie Philadelphia Museum of Art.

Mattia Preti, Décapitation de saint Paul, vers 1655. Huile sur toile. 179,6 x 187,3 cm.. Houston, The Museum of Fine Arts © photo Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, 12 mars 2019, exposition Rubens, Van Dyck, Ribera. La collezione di un principe.

Autre toile bouleversante de Mattia Pretti : Décapitation de Paul (ca 1655), le saint agenouillé aux pieds de la statue dorée d'Hercule, dans l'instant où le bourreau dans une torsion du corps saisit l'épée qu'il porte au flanc; le cadrage est rabaissé, les personnages placés au premier plan dominant tout l'espace.

Massimo Stanzione (Orta di Atella ? circa 1585-1656 Naples), Sacrifice de Moïse, vers 1635. Huile sur toile. 277 x 228,5 cm.. Naples, Museo e Real Bosco di Capodimonte © photographie Museo e Real Bosco di Capodimonte. 

Ribera (Xativa 1591-1652 Naples), L'ivresse de Silène, 1626. Huile sur toile. 185 x 229 cm.. Naples, Museo e Real Bosco di Capodimonte © photographie Museo e Real Bosco di Capodimonte.

Immersion captivante dans la reconstitution d'une collection napolitaine au Seicento, cette merveilleuse exposition est un cas d'école pour tous les historiens de l'art. Une fois de plus l'Italie nous présente la plus belle, sensible et réjouissante des expositions, une exposition qui n'est pas un prétexte du déplacement inutile et sans aucun propos de toiles placées l'une à côté des autres.

Gilles Kraemer texte

Antoine Prodhomme photographies

déplacement et séjour à titre personnel à Naples

 

Rubens, Van Dyck, Ribera. La collezione di un principe

8 décembre 2018 - 7 avril 2019

Gallerie d'Italia - Palazzo Zevallos Stigliano

Via Toledo 185, Naples

www.gallerieditalia.com/it/napoli

Commissariat Antonio Ernesto Denunzio avec la collaboration de Giuseppe Porzio et Renato Ruotolo et la consultation de Gabriele Finaldi.

Catalogue [achat indispensable] sous la direction d'Antonio Ernesto Denunzio avec Giuseppe Porzio et Renato Ruotolo. Textes de Luigi Abetti, Antonio Ernesto Denunzio, Natalia Gozzano, Giuseppe Porzio, Renato Ruotolo, Gert Jan van der Sman & Alison Stoesser. 224 pages. 60 illustrations. Publication intégrale de l'inventaire des biens de Fernandino Vandeneynden dressé par le peintre napolitain Luca Giordano en 1688, augmenté de l'index des noms de tous les peintres cités, de Carlo van Aelst à Alessandro Zilioli. Éditions Silvana Editoriale. 34 €. 

© photo Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, 12 mars 2019, exposition Rubens, Van Dyck, Ribera. La collezione di un principe. 

Les Gallerie d'Italia réunissent les sièges muséaux de la banque Intesa Sanpolo, ceux de Naples, de Gallerie di piazza Scala à Milan www.lecurieuxdesarts.fr/2016/01/milan-succombe-aux-baisers-de-francesco-hayez-milano-cede-ai-baci-di-

et de Gallerie di palazzo Leoni Montanari à Vicence.

Internet www.gallerieditalia.com/it/napoli/mostra-

Michelangelo Merisi detto Caravaggio (Milan 1571-1610 Porto Ercole), détail du Martyr de sainte Ursule, 1610. Huile sur toile. Collection Intesa Sanpolo © photo Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, 12 mars 2019.

 

Visible au palazzo Zevallos Stigliano, la dernière toile de Caravaggio, peinte en mai 1610, un mois avant sa mort. Une des trois œuvres de Michelangelo conservées à Naples avec les Sept œuvres de la Miséricorde au Pio Monte Monte della Misericordia et la Flagellation du Christ pour San Domenico Maggiore, aujourd'hui au Museo di Capodimonte. Commandée par le prince Marcantonio Doria demeurant à Gênes, elle fut acquise en 1972 par la Banque Commerciale Italienne sous l'attribution Mattia Pretti. Reconnue comme Caravage depuis 1980, elle fut restaurée entre 2003 et 2004.

 

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