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Publié par Gilles Kraemer

 

Vue de la grande galerie consacrée à la sculpture © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, Roubaix, La Piscine.  Pourquoi changer une équipe qui gagne pourrait-on dire après avoir vu l'extension réussie de La Piscine, à Roubaix ? Dix-huit mois de travaux. 2 300 m² supplémentaires - 1 600 m² nouvellement construits et 700 m² de bâtiments réhabilités - dévolus aux collections, aux expositions et aux activités pédagogiques.

Vue de la grande galerie © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, Roubaix, La Piscine.

Retour en arrière, il y a 17 ans. À la tête du cabinet d'architecte en charge de la transformation de la piscine en musée Jean-Paul Philippon et à sa préfiguration Bruno Gaudichon. Le musée d'art et d'industrie André Diligent était inauguré le 20 octobre 2001, prenant place dans l'ancienne piscine municipale Art déco, construite en 1927-1932 par le Lillois Albert Baert. Fermé en 1985, il était décidé, en 1997 de transformer cet endroit en musée, dans la continuité de la création en 1835 du musée industriel consacré au textile, s'élargissant aux beaux-arts en 1862 et fermant définitivement en 1940.

 

 

 

Vue du grand bassin © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, Roubaix, La Piscine. 

Transformer une piscine en musée n'avait pas eu de précédent ! Et, très vite le succès est au rendez-vous pour ce lieu porté par la magie de l'iconique bassin, ce grand miroir d'eau de quarante mètres de long reflétant des sculptures autour de lui, son immense vitrail tel un soleil ouvert sur un monde meilleur. Les cabines de déshabillage et de douche sur deux niveaux deviennent lieu de présentation de la collection de céramique, d'art décoratif et de tissu. Succès si rapide, imprévisible - 200 000 visiteurs annuellement alors que l'on en espérait 60 000 - que l'étude de programmation de son agrandissement est lancée dès 2010.

Six mois de fermeture nécessaires à l'installation des nouvelles présentations et au nouvel accrochage de la galerie de peintures dans le principe d'accumulation des tableaux superposés. Le même architecte Jean-Paul Philippon d'où cette cohérence avec l'existant dans cet agrandissement et le même directeur Bruno Gaudichon sont les maîtres d'œuvre de ces nouveaux espaces. Réouverture symbolique le 21 octobre 2018. 

La Piscine, lieu emblématique des Roubaisiens, renaît pour un coût de 9.3 millions d'€ TTC, financé par la ville, la région, l'État et la participation très active, dynamique et primordiale de la société des Amis du Musée et du Cercle des entreprises mécènes, deux soutiens indéfectibles pour cette institution comme le souligne Bruno Gaudichon.

Vue de l'aile dédiée aux artistes du Groupe de Roubaix © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, Roubaix, La Piscine. 

Retour sur ce lieu - l'entrée s'effectue toujours par la bien nommée rue de l'Espérance - avec de nouvelles salles d'expositions, la Galerie des sculptures panorama de la sculpture moderne, un l'évocation de la ville de Roubaix, une nouvelle aile en parallèle de l'ancienne entrée de la piscine consacrée aux artistes du Groupe de Roubaix dont une partie des œuvres proviennent de la collection Albert et Anne Prouvost. Un arrêt devant L'Atelier de Paul Hémery, représentant l'atelier d'Arthur van Hecke et qui appartint au peintre Michel Delporte met en avant les relations qui existaient au sein de ce Groupe. 

Bruno Gaudichon présentant le Panorama de l'inauguration de l’Hôtel de ville de Roubaix © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, Roubaix, La Piscine.  

Figurant en option dans le concours d'agrandissement, la salle de l'Histoire de Roubaix a vu sa réalisation possible par son entier financement mécénal par le CIC Nord-Ouest et Vilogia. "Avec La Piscine, l'on "retricote" le tissu entre la ville et ses habitants" insiste Bruno Gaudichon.

Panorama de l'inauguration de l’Hôtel de ville de Roubaix. Au premier plan, tel le rappel de la gloire textile de cette ville du Nord, le Mouton du Peignage Amédée-Prouvost © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, Roubaix, La Piscine.  

Sa configuration fut dictée par l'immense Panorama de l'inauguration de l'Hôtel de ville de Roubaix, le 30 avril 1911 - 13 mètres de long sur 6 de haut - commandé aux ateliers Jamon et Bailly pour le pavillon de la Chambre de commerce de Roubaix lors de l'exposition internationale du Nord de la France organisé dans cette ville en 1911. Retrouvée dans les combles de cet édifice public édifié par Victor Laloux où elle servait pour colmater les fuites de la toiture, cette détrempe sur toile méritait une restauration complète qui fut prise en charge par le Cercle des mécènes de La Piscine. Face à ces 78 m², des peintures de vues de la ville, des portraits de ses habitants, des toiles de son activité lainière et un vitrail représentant le guérisseur-chiropracteur Mamadou N'Diaye, replacent l'histoire de la réussite industrielle de cette cité.

La Galerie des portraits © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, Roubaix, La Piscine.  

La grande galerie racontant l'histoire de la sculpture figurative du XXe siècle, espace tout en majesté, sans aucun cloisonnement, se termine par la salle des portraits sculptés présentés dans des cubes suspendus au fond or - géniale trouvaille - et par le patio où a pris place Centaure mourant de Bourdelle (dépôt du musée éponyme parisien).

Le patio avec le Centaure mourant (1911-1914) d'Antoine Bourdelle © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, Roubaix, La Piscine. 

Cette galerie bénéficie très généreusement de la lumière naturelle. La présence forte de la sculpture dans les collections roubaisiennes a généré un politique très active d'enrichissements, des dons de collectionneurs et de familles d'artistes, de dépôts d'institutions (Île de France d'Aristide Maillol venue du musée d'Orsay) ou de fondations. Sont abordés le monument public, la représentation du travail (Le grand paysan de Dalou), le rapport à l'architecture, le décor privé, les expositions parisiennes. Despiau, Giacometti, Laurens, Lipchitz, Meunier, Orloff et Rodin ou Anne Quinquaud (dépôt de Sèvres) sont présents.

L'atelier d'Henri Bouchard © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, Roubaix, La Piscine.  

La reconstitution de l'atelier d'Henri Bouchard (1875-1960) intégralement transféré de son site parisien d'origine en 2007, seul atelier conservé d'un sculpteur de monuments publics de la IIIe République est une parfaite réussite. Bruno Gaudichon insiste sur le fait "qu'il ne faut pas cacher une réalité dans une histoire complexe".

L'atelier d'Henri Bouchard © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, Roubaix, La Piscine. 

 Cet artiste, élu à l'académie des Beaux-Arts en 1933, bénéficiant de commandes publiques dont celle du groupe monumental Apollon musagète pour le Palais de Chaillot, participera au voyage en Allemagne en octobre 1941 en compagnie des sculpteurs Despiau, Belmondo et Landowski, des peintres Van Dongen, Vlaminck, Derain et Friesz et fut membre du comité d'honneur de l'exposition Arnold Breker à l'Orangerie en 1942. Il sera traduit devant le Comité national d'épuration à la Libération, jugement cassé en 1947. A l'époque du transfert, le 14 juin 2008 le journal Le Monde titrait Un artiste qui a flirté avec les nazis va être mis en valeur à Roubaix.

L'atelier de ce sculpteur se prolonge d'une salle didactique des matériaux et techniques de la sculpture.

Reprenons le slogan des Amis de La Piscine " La Piscine, on adore... Les Amis, on adhère !" Replongeons vite dans le grand bain de La Piscine.

Gilles Kraemer

envoyé spécial

Réouverture de La Piscine

La Piscine - musée d'Art et d'Industrie André Diligent

59 100 Roubaix

www.roubaix-lapiscine.com/

 

Plusieurs expositions du 20 octobre 2018 au 20 janvier 2019

Alberto Giacometti. Portrait d'un héros. Hommage à Rol-Tanguy (catalogue aux éditions invenit Musée La Piscine, Roubaix. 136 pages). En 25 m² d'exposition, l'atelier d'Alberto rue Hippolyte Maindron ne faisait que 24 m². Les variations autour d'un même modèle, une sculpture commandée par Louis Aragon pour l'exposition Art et résistance s'ouvrant en février 1946 au Musée d'art moderne de la Ville de Paris. Huit bustes et têtes pour le portrait de Raoul-Tanguy sont présentés ainsi que les bronzes de la Tête de Simone de Beauvoir et la Tête de Marie-Laure de Noailles sur double socle, dans une interrogation du travail dans l’atelier.

Vue de l'exposition Alberto Giacometti. Au premier plan Alberto Giacometti, Tête du colonel Rol-Tanguy sur double socle, 1946. Plâtre. 27,7 x 13,1 x 13,1 cm.. Fondation Giacometti, Paris © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, Roubaix, La Piscine.

Vue de l'exposition Pablo Picasso. L'homme au mouton. Au premier plan, bronze de L'Homme au mouton, 1943, fonte Vasuani 1948. Musée national Picasso-Paris. Sur la cimaise L'aubade, 1942. Huile sur toile. Musée national d'art moderne, Paris © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, Roubaix, La Piscine.

Vue de l'exposition Pablo Picasso. L'homme au mouton. Picasso face à Auguste Rodin, Balzac acéphale, 1896; Henri Matisse, Le Serf, 1900-1903 et Auguste Rodin, Saint Jean Baptiste, avant 1905 © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, Roubaix, La Piscine.

Pablo Picasso. L'homme au mouton (catalogue aux éditions Snoeck. 176 pages) ou l'histoire d'une œuvre emblématique conçue en 1942-1943.

Vue de l'exposition Hervé di Rosa. L'artiste devant Plaza de la Maestranza, 2013. Acrylique sur bois © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, Roubaix, La Piscine.

Hervé di Rosa. L'œuvre au monde (catalogue aux éditions Snoeck) ou en 19 étapes un voyage autour du monde, de Sofia en 1993 à Lisbonne en 2018, de La Havane en 1999 à La Réunion en 2009 ou le nomadisme d'une itinérance géographique. "Une ambulation des Images" comme l'écrit Michel Gauthie.

Les tableaux fantômes de Bailleul (sans catalogue) ou comment 91 œuvres d'artistes contemporains ressuscitent les collections du musée de Bailleul, détruites en mars 1918 pendant le conflit mondial, à partir des descriptions d'inventaire.

Nage libre. Avec les créateurs du World Crafts Council - Belgique Francophone de Mons (sans catalogue) ou le regard d'amitié de céramistes belges sur les collections du musée.

Diego Giacometti pour la structure en bronze, Pablo Picasso pour les 32 carreaux de céramique, Table, 1936 © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2018, Roubaix, La Piscine. Commande du galeriste Daniel-Henry Kahnweiler pour sa belle-sœur, la galeriste Louise Leiris. 

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