Le collectionneur est un passeur. Collection d'Afrique et d'Océanie de Béatrice et Patrick Caput. Avec résultats
"Le collectionneur est un passeur" et "Une collection doit être vivante" se plait à souligner Patrick Caput, expert pour les arts africains et d'Océanie, qui participa à l'ouverture parisienne du département d'art Afrique et Océanie de Sotheby's. Quel plus beau geste de continuer à faire vivre une collection que celle de souhaiter la vendre ! La vendre aux enchères, c'est la faire vivre, re-vivre en rejoignant d'autres mains qui seront les accueillir. Un petit catalogue. Seulement 43 numéros pour cette collection, celle de Béatrice et Patrick Caput. Monsieur achetait et Madame... donnait sa "bénédiction". Verdict à Drouot le 15 novembre, d'une cuillère Nuna du Burkina Faso en ivoire puisque les Nuna l'utilisaient pour déceler d'éventuelles traces de ... poison dans leurs sauces à un bronze du Ghana représentant un personnage assis sur un siège Akan. Une heure tout au plus d'enchères pour que ces objets, porteurs d'une histoire, d'un vécu, venus d'Afrique et d'Océanie, changent de mains. 17 ne furent pas adjugés.
Pièce maîtresse, un spectre Tshokwé, style pays Moxico, venant de l'Angola, en bois, haut de 40 centimètres. Courtesy BinocheetGiquello/Drouot.
La quadrature parfaite de l'objet désirable. Passé entre les mains de Charles Ratton, Guy Ladrière, Alain de Monbrison avant d'aboutir dans celles des Caput. Présent à la mythique exposition du Museum of Modern Art, African Negro Art, en 1935 à New York. Le personnage se fond ici magnifiquement dans l'architectonie du bâton. Sa tête, taillée avec une finesse remarquable, est couronnée d'une imposante coiffe cheffale traditionnelle appelée mutwe wa kayanda. Cet attribut témoigne avec force du pouvoir et de la puissance de son détenteur. Le visage présente une surprenante solennité, chaque détail anatomique étant traité avec soin.
Cet exceptionnel objet provient de l'illustre atelier: l'Ecole de Moxico, capitale de la région du haut Zambèze où furent sculptés les objets d'apparat Tshokwé les plus puissants et les plus aboutis au XVIIIe et XIXe siècle. Estimation entre 280 000-350 000 €. Pas adjugé.
Porteuse de coupe-tabatière Tshokwé, style de l'expansion, Angola. Bois. Haut de 9,5 cm.. Courtesy BinocheetGiquello/Drouot.
Ancienne collection portugaise, début du XXe siècle puis Eduardo Uhart, 1970, Chili, Myriam Negret, Paris. Cette coupe destinée à recevoir le tabac, soutenue par un délicat personnage féminin, est estimée entre 20 000-30 000 €. Adjudication 39 928 €
Statuette reliquaire cultuelle Luba, atelier de la moyenne Lukuga, Luba Orientaux. République démocratique du Congo. Bois. Haut de 19,5 cm.. Courtesy BinocheetGiquello/Drouot.
Collectée entre 1940 et 1945 par l'officier colonial Georges Van Halle, cette statuette reliquaire s'impose comme un chef-d'œuvre de l'art Luba. La tête, siège de pouvoir, lieu de sagesse et de clairvoyance, est surmontée d'une petite coupe circulaire finement décorée. Logée au sommet d'une élégante coiffure gaufrée, cette dernière était destinée à accueillir des remèdes magiques. Estimation entre 80 000-120 000 € pour cette statue cultuelle à la très belle patine sombre. Adjudication 88 074 €.
Appuie-tête à décor asymétrique Shona, Zimbabwe. Bois. Hauteur 14 cm.. Courtesy BinocheetGiquello/Drouot.
Cet appuie-tête n'aurait nullement dépareillé dans le Studio de Jacques Doucet à Neuilly ou au 55, rue de Babylone à Paris. Estimation 12 000-18 000 €. Adjugé 14 168 €.