Enfin ! Enfin Jean-Michel Othoniel élu à l'académie des Beaux-Arts,au fauteuil précédemment occupé par Eugène Dodeigne (1923-2015) dans la section de sculpture. ce mercredi 14 novembre 2018. Enfin, comme le fut Fabrice Hyber, élu le 25 avril 2018, au fauteuil précédemment occupé par Chu Teh Chun (1920-2014) dans la section de peinture. Cessons de lire partout, de penser comme certains esprits chagrins et de dire que cette académie n'invite pas les artistes marquants et novateurs à la rejoindre et à y siéger !L'Académie est une institution en prise avec son temps, son époque. Elle le prouve une nouvelle fois. Et, les fauteuils ne restent plus, comme par le passé, inoccupés pendant de trop longues années ; ceci est un signe fort, très fort.
Jean-Michel Othoniel (né en 1964 à Saint-Etienne) devient ainsi le septième membre de la section de sculpture actuellement composée de : Jean Cardot, Claude Abeille, Antoine Poncet, Brigitte Terziev, Pierre-Edouard et Jean Anguera.
Le musée des Beaux-Arts de Montréal, Canada lui a consacré, du 20 juin au 11 novembre 2018, une exposition Jean-Michel Othoniel. Motion-Émotion. Pour sa première exposition individuelle au Canada, il a présenté une série d’œuvres sous le signe de la tempête et de la violence des éléments. Ses Tornades en aluminium chromé ou en acier inoxydable poli miroir sont accrochées dans l’espace comme des mobiles suspendus entourant le corps de ceux qui s’en approchent. Sa sensibilité aux réalités du monde naturel se prolonge dans ses peintures réalisées à l’encre noire sur feuille d’or blanc. Plus sombres que ses œuvres antérieures réalisées avec des perles colorées en verre soufflé, comme le Nœud Pivoine acquis par le MBAM en 2016 et installé dans le Pavillon pour la Paix Michal et Renata Hornstein, elles relèvent autant du merveilleux.
Explorant d’abord des matériaux aux qualités réversibles tels le soufre ou la cire, il utilise le verre depuis 1993. Ses œuvres prennent aujourd’hui une dimension architecturale et rencontrent volontiers des jardins ou des sites historiques à travers des commandes publiques ou privées dans le monde entier. Privilégiant les matériaux aux propriétés poétiques et sensibles, Jean-Michel Othoniel commence par réaliser, au début des années 1990 des œuvres en cire ou en soufre qui seront présentées dès 1992 par Jan Hoet à Documenta IX de Cassel. L’année suivante, l’introduction du verre marque un véritable tournant dans son travail. Collaborant avec les artisans de Murano, il explore les propriétés de ce matériau qui devient dès lors sa signature. La délicatesse du verre et la subtilité de ses couleurs participent du vaste projet de l’artiste : poétiser et réenchanter le monde. En 1994, il participe à l’exposition Féminin/Masculin au Centre Georges Pompidou à Paris dans laquelle il présente une série d’œuvres en soufre ainsi qu’une installation-performance My Beautiful Closet mettant en scène des danseurs filmés dans l’obscurité d’un placard.
Selon l'artiste, cette sculpture placée dans la dernière salle du parcours "fonctionne comme un trou noir dans lequel le regardeur se perd et se laisse hypnotiser : son corps est happé. Cette Pensée sauvage est le portrait d'un homme libre. C'est la seule œuvre à échapper aux différents noirs de l'exposition, elle déploie une gamme de pourpres, de violets et d'indigo".
En 1996, pensionnaire à la Villa Médicis - Académie de France à Rome, c’est à partir de ce moment qu’il commence à faire dialoguer ses œuvres avec le paysage, suspendant des colliers géants dans les jardins de la Villa, aux arbres du jardin vénitien de la CollectionPeggy Guggenheim (1997, lors de la biennale de l'art de Venise), ainsi qu’à l’Alhambra et au Generalife de Grenade (1999). Pour le passage à l'an 2000, Jean-Michel Othoniel répond pour la première fois à une commande publique et transforme l'entrée de la station de métro parisienne Palais-Royal – Musée du Louvre, face à la Comédie française, en Kiosque des Noctambules.
Sa création se partage dès lors entre les lieux publics et les espaces muséaux ; en 2003, pour l’exposition Crystal Palace présentée à la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris et au MOCA de Miami, il fait réaliser à Venise et au Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques (Cirva) à Marseille des formes de verre soufflé, destinées à devenir d’énigmatiques sculptures, entre bijoux, architectures et objets érotiques. L’année suivante, une invitation du musée du Louvre à exposer dans les salles mésopotamiennes, dans le cadre de l’exposition Contrepoint, est pour lui l’occasion de réaliser ses premiers colliers autoportant, dont la grande Rivière Blanche acquise par le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Le voyage est un des thèmes récurrents de son travail. Cette idée de voyage est mise en lumière avec le projet Le Petit Théâtre de Peau d’Âne (2004, collection Centre Pompidou), inspiré de petites marionnettes trouvées dans la maison de Pierre Loti et présenté sur la scène du Théâtre de la Ville de Rochefort puis au Théâtre du Châtelet à Paris. Cultivant l’art de réconcilier les contraires, l’artiste fait dialoguer le poétique et le politique, dans son Bateau des larmes : hommage aux exilés, réalisée à partir d’une barque de réfugiés cubains trouvée à Miami couverte d’une cascade de perles de couleurs se transformant en d’énormes larmes de cristal limpide, cette œuvre est exposée à l’occasion de Art Unlimited 2005. A l’occasion d’un séjour en Inde en 2010, il travaille avec les verriers de Firozabad avec lesquels il réalise une série d’œuvres qui seront présentées l’année suivante au Centre Georges Pompidou à Paris dans son exposition My Way, exposition reprise à Séoul et à Tokyo en 2011 puis à New York en 2012.
En 2012, une invitation du musée Delacroix à Paris avec Des fleurs en hiver (avec Johan Creten) lui permet de dialoguer avec ce lieu, à travers une série de sculptures inspirées de l’architecture des fleurs et de planches de son Herbier Merveilleux. Au printemps 2013, le Mori Art Museum de Tokyo lui commande, pour son 10ème anniversaire, Kin no Kokoro, monumental cœur de perles de bronze doré installé de façon pérenne dans le jardin japonais Mohri Garden. L’année 2015 est marquée par la réalisation du réaménagement, avec le paysagiste Louis Benech, du bosquet du Théâtre d’Eau dans les jardins du château de Versailles. Pour cette commande, il crée trois sculptures fontaines en verre doré, inspirées des chorégraphies du Maître de danse de Louis XIV, Raoul-Auger Feuillet; Les Belles Danses sont la première œuvre pérenne au sein du palais commandée à un artiste contemporain. En septembre 2016, Jean-Michel Othoniel dévoile une œuvre d’art totale et monumentale, Le Trésor de la cathédrale d’Angoulême, .http://www.lecurieuxdesarts.fr/2016/08/jean-michel-othoniel-avant-maintenant-demain.html
A l'été 2017, il bénéficie d'une exposition Géométries amoureuses sur deux lieux. La Grande Vagueet œuvres nouvelles (2016-2017) au Centre Régional d’Art Contemporain à Sète (commissariat de Noëlle Tissier). Se collectionner soi-même (le verre 1992-2016) au Carré Sainte-Anne à Montpellier (commissariat Nicole Kerangueven et Edouard Aujaleu, Association Les Amis du Musée Fabre. Direction artistique : Numa Hambursin). C'est à cette occasion qu'il présenteLa Grande Vague, de plus de 5 mètres de haut et de 15 mètres de long, composée de plus de dix-mille briques de verre noir toutes soufflées en Inde suite à sa résidence chez les verriers indiens. www.lecurieuxdesarts.fr/2017/07/le-geometre-amoureux-entre-sete-et-montpellier-entretien-avec-jean-michel-othoniel-il-geometra-innamorato-
Cette Grande Vague sera présentée une nouvelle fois, au Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Etienne, à l'été 2018, dans le cadre d'une carte blanche Jean-Michel Othoniel. Face à l'obscurité.
Gilles Kraemer
d'après le dossier de presse et mes entretiens avec l'artiste