Féminité contemporaine. Exit Mademoiselle - Sète, CRAC
Oda Jaune, Sans titre, 2017. Huile sur toile. 190 x 280 cm. © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 20 juillet 2018, CRAC, Sète. Remerciements Galerie Templon, Paris-Bruxelles.
37 artistes femmes pour l'exposition Mademoiselle, au CRAC / Pyrénées-Méditerranée à Sète. Soixante-six numéros, certaines représentées par plusieurs œuvres telles Clémentine Keith-Roach, Laure Prouvost, Ambera Wellmann ou Zoë Williams.
Mademoiselle © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 20 juillet 2018, CRAC, Sète.
Mademoiselle. Titre supprimé des documents administratifs en 2012. Hashtag #MeToo. Partant de ces deux constatations, " l'exposition entend montrer l'héritage, l'évolution et la diversification des stratégies et des théories féministes " selon la commissaire Tara Londi. Une démonstration à l'argumentation parfois cérébrale ou pas perceptible de suite.
Noëlle Tissier, Sans titre, 1975. Matière organique, toile, coulages, chaises. Photographe François Lagarde © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 20 juillet 2018, CRAC, Sète.
Un parcours sur les deux plateaux du CRAC, d'une œuvre photographiée de Noëlle Tissier, par François Lagarde Sans titre (1975) clin d'œil à celle qui fut artiste avant de diriger pendant 20 ans, jusqu'à l'été 2017, le CRAC, à la toile toute fraîche, née il y a un mois : Blushing (Pink as fuck) (juin 2018) vibrante de rose, signée de Romana Londi, la sœur jumelle de la commissaire.
Rebacca Ackroyd, à gauche Nave !, 2018, à droite Sol, 2018. Barres d'armature en acier, grillage à poules, plâtre, cire, cheveux synthétiques, verre acrylique. Au fond Liv Wynter, Housefire, 2018. Installation vidéo © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 20 juillet 2018, CRAC, Sète. Remerciements à la galerie Peres Project, Berlin et à l'artiste.
De Rebecca Ackroyd avec deux grandes sculptures Nave ! et Sol (2018) représentant des figures assise et allongée à Liv Wynter avec Housefire (2018) une percutante vidéo sur une incendie dans une maison à regarder lové(e) dans un confortable fauteuil, trois œuvres en confrontation dans la même salle, c'est un choix portant presque exclusivement sur la création du XXIe siècle selon la proposition de la commissaire, avec un très large focus sur les années 2017 et 2018.
Dans la grande salle deux céramiques émaillées, toutes en douceur et en humour, d'Elsa Sahal dans une opposition à la violence sous-jacente de Guérillères XII assise et armée de Mai-Thu Perret (2016) nous renvoyant au roman de Monique Witting et ses amazones contemporaines.
Elsa Sahal © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, mars 2016, la maison rouge, Paris.
Elsa Sahal perçoit avec humour et burlesque des corps de femmes dans le prisme du regard masculin de Rodin et de Degas avec Amarante de la série Pole dance - vue à l'exposition CERAMIX à la maison rouge en mars 2016; elle y occupait également le patio avec Fontaine - et celui du souverain olympien dans Leda Missouriformia (2015), forme molle évocatrice du cou du cygne, palmipède dans lequel se mua Zeus, métamorphose mêlant féminité et organe viril. Les deux autoportraits de Zanele Muholi Phaphama, at Cassilhaus, North Carolina et Faniqwa, Seapoint, Cape Town (2016), se plaçant sur le terrain militant nous renvoie à sa condition de femme dans un pays où la violence règne.
Apolonia Sokol, Suzannes, 2018. Huile sur lin. 195 x 114 cm. © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 20 juillet 2018, CRAC, Sète. Remerciements à l'artiste et à la galerie Carlier /Gebauer, Berlin.
Parfait dialogue des vidéos de Gery Georgieva et Sarah Cwynar avec les deux toiles d'Apolonia Sokol autour de la société de consommation, du paraître à tout prix, de l'importance du maquillage, du regard des vieillards lubriques bien qu'absents de Suzannes (approche très balthusienne du peintre controversé au Met en décembre 2017) et du suicide en avalant des charbons ardents de la romaine Portia.
Foulons Carpe fucking Diem de Verena Dengler, regardons une vidéo très entraînante de Beyoncé selon Gery Georgieva et attardons nous sur l'émancipation des femmes - en majorité anglo-saxonnes - dont les noms s'inscrivent sur un mur de briques de porcelaine de Charlotte Colbert. Pour l'instant une quatre-vingtaine de briques pour Forgotten sisters mais "work in progress " comme nous le dira l'artiste. A/B de Mimosa Echard version Nouveau Réaliste - "aventure de l'objet" selon l'expression du critique Pierre Restany, la pratique de "l'accumulation" - dans son inclusion de plusieurs éléments, nous questionne sur le monde artificiel / naturel.
Changement de regard en accédant au premier étage. Ce n'est pas celui du mateur masculin mais celui porté par Celia Hempton sur des damoiseaux se masturbant lors de sessions Internet de "chat". Oda Jaune avec ses portraits de jeunes filles nous renvoie vers des corps vieillissants mais aux visages toujours jeunes par la grâce de piqûres de l'éternelle jeunesse.
Zoë Buckman avec They don't call me BIG (2014), corset brodé évoque cette pratique de la sacralisation par le regard du créateur. Marc Desportes, dans son ouvrage œuvres à objets. Présence de l'objet dans l'art, XXe-XXIe siècle (Éditions du Regard, 2018) sur les objets faisant irruption dans le monde de l'art, évoque les expositions des Arts Incohérents des années 1880 où fut présenté "un corset ayant pour titre "Niche à saints", la confrontation entre la chose et les mots incitant à entendre "niche à seins"".
Clementine Keith-Roach, Lupa, 2018 et Oblation, 2018. Terre cuite, plâtre, peinture. Sur le mur Sanam Khatibi, Don't worry I shall be gentler with you my darling, 2017 et Rivers in our mouths, 2017. Huile et crayon sur toile © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 20 juillet 2018, CRAC, Sète.
Réécriture éternelle de l'histoire de l'art, regard sur les maîtres. Sleeping Madona (2012) de Leni Dothan aurait pu naître dans un atelier florentin si la vidéo avait existé au Quattrocento ou au Cinquecento. Ce qu'explicitait Bill Viola. Rinascimento elettronico. L'arte contemporanea in dialogo con i capolavori del Rinascimento au palazzo Strozzi à Florence.lecurieuxdesarts.over-blog.com/bill-viola-homme-de-la-renaissance-immersion-a-florence-palais-strozzi.bill-viola-uomo-del-rinascimento-ritorno-a-firenze-palazzo-strozzi
Sanam Khatabi, dans ses deux grandes toiles sur les femmes dominatrices laisse son regard s'imprégner des peintres vénitiens, allemands et de l'école de Fontainebleau. Un monde uniquement féminin.
Charlotte Colbert, Forgotten sisters, 2018. Porcelaine, ciment © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 20 juillet 2018, Sète.
Gilles Kraemer
envoyé spécial
Mademoiselle
21 juillet 2018 - 6 janvier 2019
Centre Régional d'Art Contemporain Occitanie / Pyrénées - Méditerranée
32 400 Sète
commissariat Tara Londi
Internet crac.laregion.fr
Le 1er août 2018, Marie Cozette prend ses fonctions de directrice du CRAC lecurieuxdesarts.over-blog.com/2018/03/marie-cozette-a-la-tete-du-centre-regional-d-art-contemporain-occitanie/pyrenees-mediterranee-a-sete.html