À la maison rouge Ô temps ! suspends ton vol...
la maison rouge s'envole !
Ô temps ! suspends ton vol et vous, heures propices ! / Suspendez votre cours / Laissez-nous savourer les rapides délices / Des plus beaux de nos jours !
Cage ouverte, bois peint, collection La maison rouge, Paris © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, juillet 2018.
Dernière exposition à la maison rouge. Commissariat d'Antoine de Galbert, Bruno Decharme, Barbara Safarova et Aline Vidal. Fin irrémédiable le 28 octobre 2018 pour cet endroit tirant son nom de cette maison peinte en rouge enserrée dans ce lieu si institutionnel et si atypique, autrefois un local industriel. Antoine de Galbert ouvrit cette fondation en juin 2004 avec L’intime, le collectionneur derrière la porte. En juin 2014, Le mur présentait une partie de sa collection, 1 200 œuvres d'art moderne et contemporain, en un ruban de 3,5 mètres de haut sur 200 mètres de long, dans un touche - touché qu'aurait apprécié le Pape du surréalisme.
Mémoires du futur, la collection Thomas Olbricht. Exposition à La maison rouge octobre 2011 - janvier 2012 © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2011.
Gustav Mesmer (1903, Allemagne), Vélo-hélicoptère, 1978. Plastique, bois, acier et pneu. Fondatin Gustav Mesmer, Allemagne © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, La maison rouge, juillet 2018.
Avec l'envol ou le rêve de voler, c'est tout l'ADN de ce lieu magique et de rêverie, cet endroit pour "exposer librement ce que l’on aime" qui explose en vol avec cette déambulation parmi 200 œuvres d’art moderne, contemporain, brut, ethnographique et populaire, entre installations, films, documents, peintures, dessins et sculptures. Une exposition qui traite du rêve de voler, sans jamais s’intéresser à ceux qui y sont réellement parvenu. "Du réel à la mythologie, le ciel est un terrain de jeu risqué pour l’homme".
Ilya (1933) & Emilia (1945) Kabakov, Comment se rendre meilleur, 2010-2018. Matériaux divers © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, La maison rouge, juillet 2018.
Dans l’esprit de décloisonnement défendu par cette fondation, c'est un parcours au fil de différentes thématiques qui se succèdent, de James K. Anane à Joel-Peter Witkin dialoguant avec des artistes anonymes. Défier l’apesanteur telle Rebecca Horn pour côtoyer l'infini et aller au-delà pour Moebius, tout est possible pour les géniaux ingénieurs "Géo Trouvetout" de l'impossible tel Panamarenko ou les aviateurs de nos rêveries comme Adolf Wölfli souhaitant embrasser la Création, l’Espace et l’Éternité. Autant de pistes d'envol.
Vladimir Tatline (1885-1953), Letatlin, 1929-1932. Reconstitution de Jürgen Steger, 1991. Toile, bois, câbles d'acier. Collection de l'aéroport de Francfort © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, La maison rouge, juillet 2018.
Georges Méliès nous propulsant dans un voyage vers la lune côtoie le rêve du tapis volant selon Urs Lüthi. Les ailes d'ange de l'installation How Can One Change Oneself d'Ilya et Emilia Kabakov renvoient à The Day Rhodes Fell, une féminine Dédale-Icare selon la performatrice-photographe Sethembile Msezane. Jules-Étienne Marey, le chantre du mouvement par la photographie rejoint l'iconique Saut dans le vide d'Yves Klein.
Mario Terzic (1945, Allemagne), Mes ailes, 1970. Tirages argentiques modernes. Au fond, My Wings, 1970. Plume, bois, corde et cire. Ces deux pièces viennent de la collection du FRAC Centre-Val de Loire © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, La maison rouge, juillet 2018.
Le sportif russe tutoyant les nuées d'Alexandre Rodchenko (1934) pourra sourire d'une fusée si U.R.S.S. de François Burland (2013). C'est "le ciel, un territoire généreux partagé entre des artistes extravagants, convaincus de pouvoir vaincre l’apesanteur ou les dieux qui le peuplent et les autres, les conceptuels, qui imaginent des fabriques d’utopies, plus proches des poètes que des scientifiques" qui nous est offert.
Lionel Sabatté, Demeure © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, patio de La maison rouge, 22 février 2018.
Une fois par an, l'association des amis de cette fondation élit un artiste produisant une œuvre pour le patio de la fondation. En juin 2005, the meta garden du couple d'artistes suisses Gerda Steiner & Jörg lenzlinger inaugura cette intervention pour cet endroit. Demeure de Lionel Sabatté, en 2018, clôture cette démarche.
© photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, La maison rouge, juillet 2018.
Gilles Kraemer
Cet article est paru dans le n°19 de la revue Artaïssime, mai 2018
www.artais-artcontemporain.org/
L'envol ou le rêve de voler
La maison rouge - Paris
16 juin-28 octobre 2018
Catalogue sous la direction de Bruno Decharme, Antoine de Galbert, Barbara Savarova & Aline Vidal. Textes de Marie Darrieussecq, Olivier Scheffer, Barbara Safarova, Aline Vidal, Anaïd Demir, Béatrice Steiner, Jérôme Alexandre, Philippe Morel, Corinne Rondeau autour du chamanisme, des anges, du spiritisme, de la science-fiction, des contes et légendes, de la psychanalyse... 240 pages. Éditions Flammarion. Prix 40 €.
L'avenir ? Un envol pour mieux réapparaître.
Lors des Rencontres de la photographie d'Arles cet été 2018 (2 juillet-23 septembre) avec Cent portraits de sa collection. Des photographies essentiellement mais aussi des dessins, des peintures, des sculptures et des vidéos.
Entretien d'Anne-Frédérique Fer avec Antoine de Galbert http://www.francefineart.com/index.php/agenda/14-agenda/agenda-news/2829-2462-arles-collection-antoine-de-galbert
Une exposition au Musée de Grenoble est prévue au printemps 2019 pour celui qui fut galeriste dans cette ville durant la décennie 1990.
Antoine de Galbert possède une collection ethnique de 500 coiffes qui fut exposée à maison rouge en juin 2010 avec Voyage dans ma tête. Offerte au musée des Confluences à Lyon, une exposition de celle-ci y est prévue à l'été 2019.