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Publié par Gilles Kraemer

Agustin Fernandez, Malcom X, 1982. Collage. 91,7 x 64,5 cm.. Agustin Fernandez Foundation

© photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, exposition Agustín Fernandez, Paris, 2018.

Comment ne pas évoquer Frida Kahlo, meurtrie dans sa chair, en regardant l'œuvre d'Agustín Fernandez (La Havane 1928 - 2006 New York) ! À l'âge de vingt-deux ans, il subit une opération. Il en portera, tel un stigmate, une cicatrice de quinze centimètres dans le dos. "La verticalité de la colonne vertébrale, en tant que point de fuite, et les scarifications deviendront des thèmes transfigurés qui structurent son œuvre" souligne Jeanette Zwingenberger, commissaire de l'exposition. En 1992, le musée de Florida International Université lui consacre une rétrospective suivie en 2014 par le Katzen Art Center, American University, Washington.

L'exposition Agustin Fernandez. Paradoxe de la jouissance montre une trentaine de peintures, collages et dessins, entre symbolique énigmatique, figuration et abstraction, de cet artiste-Narcisse interrogeant inlassablement le corps, son corps, le  corps de l'autre : "Qu’est-ce qu’un corps, un corps en exil ?". Qui était Agustin qui résidera à Paris (1959 - 1968), Puerto Rico (1968 - 1972) puis New York à partir de 1972.

Pour nous accueillir, le collage de Malcom X (1982), la figure révolutionnaire du mouvement noir, son visage zébré de haut en bas d'une immense fermeture Éclair®. Bouche fermée comme s'il avait déjà parlé ou pour l'empêcher d'exprimer ses revendications. À nous d'y deviner la pensée d'Agustin - son autoportrait masqué ? -, de celui qui ne retourna jamais dans son pays, dont l'ultime mot sur son lit de mort fut : "Cuba".

Agustin Fernandez, Taboo, 2004. Huile sur toile. 180 x 180cm.. Collection privée, Paris

© photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, exposition Agustín Fernandez, Paris, 2018.

Il se présentait non comme "un artiste érotique, mais métaphysique" ? Oui, pourquoi pas mais, que livre-t-il en regardant cette exposition ? Un sexe féminin, des fesses, un membre en érection, des testicules, un sein agrandi, un corps dans un vêtement en latex, un corps enfermé, un corps de souffrance... Décryptage de ce "paradoxe de la jouissance" dans "un obscur objet du désir, une anatomie du désir, sa rencontre avec Robert Mapplethorpe, le sein phallique et le biface d'altérité".

Paradoxe pour celui dont "des fragments de corps vus en plan rapproché, parfois même agrandis, façonnent une mise à distance d’un corps anonyme qui est autant sujet qu’objet". Le corps, la fragmentation de celui-ci devient objet et, a contrario l'objet prend une apparence de corps fragmenté. Touche-t-on le réel, la sublimation de l'inanimé devenant vivant ? "L’ambiguïté de l’œuvre laisse libre cours aux fantasmes[...]. Le corps devient une arène où s’affrontent l’intime et les interdits sociétaux." analyse Jeanette Zwingenberger dans le catalogue de cet artiste dont la dernière exposition parisienne fut celle de 1989 à la galerie Furstenberg. Un beau retour en France.

Gilles Kraemer

 

 

Agustín Fernández, 1980 © Robert Mapplethorpe Foundation, use with permission.

 

 

 

 

Agustin Fernández. Paradoxe de la jouissance

26 avril - 16 juin 2018

Mairie du 4e arrondissement - Paris

Commissariat Jeanette Zwingenberger

Catalogue. 64 pages. Texte de Jeanette Zwingenberger.

 

Jeudi 7 juin 2018 à 17 h, dialogue avec Jérôme Neutres, actuel directeur chargé de la stratégie et du développement pour la Réunion des musées Nationaux-Grand Palais et Jeanette Zwingenberger dans l’exposition d'Agustin Fernandez Paradoxe de la jouissance à la Mairie du 4ème, 2 place Baudoyer, 75004 Paris. Jérôme Neutres fut le commissaire de l’exposition Robert Mapplethorpe 2017 au Grand Palais.

Les questions abordées porteront sur  : Quels imaginaires du corps, de la sexualité et de la rencontre, se jouent ici ?

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