L'art au service absolu des Napoléon
Déjeuner des vues des environs de Sèvres. Manufacture de Sèvres, 1814. Porcelaine dure. Fondation Napoléon, Paris © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Paris, avril 2018.
"Dans leurs fastes impériaux l'oncle et le neveu sont égaux; l'oncle prend des capitales et le neveu prend nos capitaux". Alexandre Dumas, 1853, d'après Horace de Viel-Castel.
Déjeuner des vues des environs de Sèvres. Manufacture de Sèvres, 1814. Porcelaine dure. Fondation Napoléon, Paris © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Paris, avril 2018.
Presque 200 objets à la gloire du père, du fils, du neveu et du petit-neveu ou comment l'art devient démonstration du pouvoir des Napoléon et se transforme en savante communication. Aucun bouton de guêtre ne manque à l'exposition de l'atelier Grognard, du chapelet de l'impératrice Eugénie aux cheveux de l'empereur Napoléon Ier encadrés par les miniatures de ce dernier et du roi de Rome par Jean-Baptiste Isabey (1813). De la publication de la rigoureuse Étiquette du palais impérial (1808), détaillant le cérémonial du nouveau régime à la clef de chambellan ou au mouchoir de deuil de l'impératrice Eugénie.
Mouchoir de deuil de l'impératrice Eugénie et son écrin au chiffre de Gabriel Hébert. Maison Leroy. Second Empire. Dentelle, soie, cristal gravé, carton de correspondance provenant de l'hôtel Intercontinental, Paris, daté du 4 janvier 1899 signé de la main d'Eugénie à l'attention de Gabrielle Hébert. Musée Hébert, Paris © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Paris, avril 2018.
L'Art au service du pouvoir. Napoléon Ier- Napoléon III décrypte la communication impériale et la mainmise sur les arts au service de leurs actions. A l'époque, le Château n'usait pas du twitt pour faire connaître, jour par jour, les faits et gestes de son locataire. Il fallait éblouir, asseoir et magnifier cette dynastie naissante par une politique artistique soutenue et continuelle. Donc des cadeaux, des présents, la distribution des honneurs, la glorification des arts, le remeublement des palais du pouvoir. "Propagande" par les arts réussie chez le fondateur de la dynastie et son neveu, accédant aux marches de l'Empire, par un coup d'Etat, comme son oncle, à 52 années d'intervalle.
Vue de l'exposition © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Paris, avril 2018.
Vue de l'exposition © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Paris, avril 2018.
Avec le partenariat généreux du Mobilier national, grâce à de magnifiques prêts de la Fondation Napoléon, de Compiègne, de Malmaison, de Saint-Cloud, de la Bibliothèque historique de la ville de Paris, des musées Hébert et Orsay, de collections privées, le parcours de l'exposition s'ordonne chronologiquement et thématiquement dans cet ancien lieu industriel, improbable endroit pour une exposition. Entre sacre et portraits officiels, lieux de faste, vie intime, victoires, manufactures et importance des Expositions universelles, coulisses des Maisons des empereurs dans la mise en scène du pouvoir pour s'achever dans la caricature de La Ménagerie impériale (1871), "Badinguet" se mue en vautour et Eugénie en grue.
Jacques-Louis David (1748 - 1825), Le couronnement, 1805. Dessin à la plume, encre noire, lavis gris. 25,5 x 40,5 cm.. Fondation Napoléon, Paris © Fondation Napoléon - Patrice Maurin-Berthier.
Pierre François Léonard Fontaine (1762 - 1853) & Charles Percier, (1764 - 1838), Les onctions, 1804. Dessin aquarellé. 33,5 x 50 cm. © Fondation Napoléon - Patrice Maurin-Berthier.
Vue de l'exposition © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Paris, avril 2018.
Quelques coups de cœur ? Naturellement le dessin de Jacques-Louis David, le peintre d'un tableau politique iconique, qui avait si bien deviné la pensée de l'empereur, en prenant quelques libertés avec l'histoire et la liturgie, pour son immense Sacre de l'empereur et couronnement de l'impératrice Joséphine. Un "reportage arrangé entre propagande et fidélité à l'événement", apparaissant bien plus réel que la vérité et flatteur. Le serre-papiers de l'impératrice Joséphine, d'ébène et de bronze doré par Martin-Guillaume Biennais (1810). La mise en scène de la symbolique impériale dans le dessin aquarellé de Fontaine de Distribution des aigles au Champ-de-Mars (1804). Les meubles du salon de madame (mère) Bonaparte à Saint-Cloud par les frères Jacob (vers 1800). Et de nombreuses magnifiques productions de la manufacture de Sèvres.
Gilles Kraemer
Louis Pierre René de Moraine (1816 - ?), Le passé, le présent et l'avenir, vers 1860. Eau-forte. 45 x 35 cm.. Fondation Napoléon, Paris © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Paris, avril 2018.
L’art au service du pouvoir. Napoléon Ier - Napoléon III
13 avril - 9 juillet 2018
Atelier Grognard - 92500 Rueil-Malmaison
Commissariat de Pierre Branda et Xavier Mauduit
Catalogue. 192 pages. Éditions Perrin. 23 €.
www.villederueil.fr/rueil-pratique/culture-tourisme/atelier-grognard