Les sculptures de Joseph Csaky et Diego Giacometti racontent de belles histoires. Article actualisé avec record mondial pour Csaky. Sotheby's Paris
Joseph Csaky, Tête, 1923. Pièce unique en cristal de roche et obsidienne. 34,1 x 10 x 10 cm. Acquis directement auprès de l'artiste. Collection Jacques Doucet, dans la famille depuis l'origine © photographie Sotheby’s / Art Digital Studio.
Jacques Doucet, son studio au 33, rue Saint-James à Neuilly. Qui ne se souvient ou n'a pas entendu évoquer la vente de la collection Jacques Doucet "Mobilier Art Déco", provenant du studio Saint-James, à Drouot à l'automne 1972. Qui ne se souvient de ce endroit mythique dont la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint-Laurent évoqua l'atmosphère avec "Jacques Doucet - Yves Saint Laurent, vivre pour l'Art" à l'hiver 2015-2016. Ce studio, il en confia l'aménagement à Pierre Legrain, à Rose Adler, entre autres et, au sculpteur Joseph Csaky (1888-1971). Csaky, le hongrois, qui réalisa la rampe de l'escalier de ce studio.
Sotheby's Paris met en vente une sculpture de celui-ci que le couturier lui commanda, une des rares pièces exécutées en cristal de roche. Un visage au parfait ovale, pur, ne comportant aucun trait, ni expression. Seules les oreilles sont esquissées. Estimation pour cette pièce jamais passée en vente depuis son acquisition dans les années 1920 ? Et seulement exposée trois fois. Entre 150 000 et 200 000 €.
Record mondial pour Joseph Csaky avec Tête, une pièce unique issue de la collection Jacques Doucet. Inédite sur le marché, cette œuvre fut disputée par huit enchérisseurs du monde entier jusqu’à 925.500 €. Achat anonyme. Cette œuvre unique triple le précédent record mondial obtenu par Sotheby’s lors de la vente de la collection Félix Marcilhac à Paris en 2014 (Fontaine poisson, 1928, 385.500 €).
Selon Cécile Verdier, co-directrice mondiale du département Design chez Sotheby's, "Huit collectionneurs français et internationaux se sont battus jusqu'au bout pour tenter d'acquérir l'un des derniers trésors de cette collection mythique. Ils ont su percevoir l'aura et la présence magnétique, apaisante et intemporelle de cette œuvre en cristal de roche.".
De Diego Giacometti (1902-1985), dont le nom lié à celui d'Hubert de Givenchy enflamma une vente chez Christie's Paris en mars 2017, la maison de vente du Faubourg Saint Honoré propose 17 lots dont deux à l'histoire exceptionnelle. Fondues à l'aune de leur amitié, ces deux sculptures appartinrent à l'écrivain, poète et critique d'art Michel Butor (1926-2016), le pape du Nouveau roman. Celui-ci écrivit un essai : Soliloque de Diego, consacré à ce sculpteur, sur des photographies de Jean Vincent, publié en 1985. Dialogue muet de Diego à l'égard d'Alberto. "Être le frère, passer auprès de lui, l'accompagner, l'aider, suivre ses idées, les réaliser, si bien que l'on ne saura plus, ce qui est de lui ou de moi, passer en lui, survivre en lui, mais en étant sa colonne vertébrale aussi.... ."
Porte-plume adjugé 125 000 euros et Coupelle adjugée 68 750 euros ( les prix incluent le prix marteau et la commission d’achat).
Seize lots aussi de Claude ou de François-Xavier Lalanne. Et le paravent Rhinocéros, vers 1970, de François-Xavier Lalanne et Kazuhide Takahama, adjugé 100 000 euros sur une estimation 30 000 / 40 000.
Gilles Kraemer
Vente Design
Sotheby’s - Paris – 31 octobre 2017
Exposition : 26, 27, 28 & 30 octobre 2017