L'ailleurs pour l'éternité. Les Tanneries, Amilly
Édouard Wolton, Vecteur, 2017. Mirois sérigraphiés. 70 x 820 cm.. Courtesy Galerie Les Filles du Calvaire. Production Les Tanneries © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, avril 2017, Les Tanneries, Amilly.
Pour Saison #1 aux Tanneries, centre d'art contemporain, dirigé par Éric Degoutte, ce dernier offre carte blanche à une interrogation sur L'Éternité par les astres, sous le commissariat de Léa Bismuth. Ce centre est installé dans une ancienne tannerie - bâtiment industriel édifié en 1947 - réhabilité par Bruno Gaudin.
"Seul le chapitre des bifurcations reste ouvert sur l'espérance. N'oublions pas que tout ce que l'on aurait pu être ici-bas, on l'est quelque part ailleurs " Auguste Blanqui (1805 - 1881). Surnommé l'Enfermé, figure du socialisme radical, emprisonné au Fort du taureau, dans la baie de Morlaix, il y rédige L’Éternité par les astres, rêverie sur le système stellaire, l'infiniment petit et grand, "une méditation sur le caractère mécanique des lois qui régissent l’univers et nos destinées humaines". Ce manifeste, pour Léa Bismuth, "conduit à sonder les utopies qui travaillent une création artistique en quête de déploiement d’un sens" dans une interrogation de Guy Debord (1831-1994) et de neuf artistes (nés entre 1973 et 1986), "privilégiant la photographie, l’enregistrement sonore ou la vidéo". Interrogation jouant du jour et de la nuit, de la lumière et de l'obscurité, de l'intérieur et de l'extérieur, certaines pièces prenant place dans la verrière ouverte sur la nature, les autres dans le "presque" noir de la galerie d'exposition.
Charlotte Charbonnel, Astérisme, 2014 - 2017. Installation sonore, verre soufflé, métal, carte sonore, haut-parleur. Dimensions variables. Production Les Tanneries. Courtesy Backslah Gallery © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, avril 2017, Les Tanneries, Amilly.
Rebecca Digne filme les gestes de charpentiers traçant à la craie des lignes sur le sol pour Épure. Juliette Agnel s'attarde sur le ciel d’été d'un désert espagnol Nocturne #1 ou sur la ville en transformation urbanistique dans les Quatre jours dans le chantier des Halles. Sous l'immense verrière, dans un subtil dialogue avec l'ailleurs et son interception, l'installation de hauts-parleurs Asterisme de Charlotte Charbonnel diffusant le son de la constellation de la Lyre résonne avec Vecteur d'Édouard Wolton superposant, dans l'installation in-situ d'un jeu de miroirs, la carte du ciel au-dessus de ce centre d'art contemporain à celle du Fort du taureau. Dans l'obscurité de la salle d'exposition surgissent les toiles si réalistes de Wolton : Cartographie et Danse des lucioles, œuvres produites par les Tanneries comme l'est Vecteur.
Jérôme Zonder, Nous tournons dans la nuit, 2017. Encre de Chine et mine graphite sur papier recto-verso. Installation 150 x 850 cm.. Courtesy Galerie Eva Hober. Production Les Tanneries © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, avril 2017, Les Tanneries, Amilly.
Jérôme Zonder à côté d'un dessin réaliste de l'homme politique éternel insurgé, réalise, dans une démarche surprenante, un portrait-installation de celui-ci enroulé à une poutre de béton tel le nœud de Moebius. Marie-Luce Nadal réinvente un Vain des grâces, millésime 2016 enfermé dans une bouteille poterie installée à côté d'une souche de vigne en suspension, telle une pieuvre, essayant de conquérir l'espace.
Spectacles sans objet de Louise Hervé et Chloé Maillet revisite, dans une vidéo et une projection de photographies le geste de performance dans le flux narratif d'une relecture historique de courants de pensée et Mel O’Callaghan met en scène dans une puissante et virile vidéo Ensemble un homme résistant à la pression d’une lance d’incendie, sans doute la pression de la société. Guy Debord, dans son film In girum imus nocte et consumimur igni, fait écho à la mélancolie du texte de Blanqui, qui, comme lui, tourne dans la nuit et est consumé par le feu.
"Mais n'est-ce pas une consolation de se savoir, constamment sur des milliards de terre, en compagnie de personnes aimées qui ne sont plus aujourd'hui pour nous qu'un souvenir ?" Auguste Blanqui.
Gilles Kraemer (déplacement à titre personnel)
L'Éternité par les astres © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, avril 2017, Les Tanneries, Amilly.
L’éternité par les astres
23 avril - 27 août 2017
Centre d'art contemporain Les Tanneries
45 200 Amilly. Aller-retour dans la journée en train.
Internet lestanneries.fr/
Ce nouveau lien propose une autre exposition, dédiée à l'artiste belge Wesley Meuris (né en 1977, vivant et travaillant à Mortsel, en Belgique), Scenes of engagements (jusqu'au 26 novembre 2017) suite à sa résidence dans les ateliers de ce centre d'art, sur une proposition d'Éric Degoutte. Il est représenté par les galeries Jérôme Poggi, Paris et Annie Gentils, Antwerp. Il bénéficie d'une exposition personnelle au musée des Arts Contemporains au Grand-Horou, Belgique The pleasure of the Omniscient Vision (25 juin - 3 septembre 2017).
Éric Degoutte fut directeur du Centre d’art Les Églises à Chelles, de 2005 à 2014 (département de Seine et Marne), puis directeur par intérim aux Turbulences – FRAC Centre, à Orléans, de septembre 2014 à août 2015. En 2012 et 2013, il co-présida TRAM Réseau art contemporain Paris / Île-de-France.
Léa Bismuth fut commissaire de Dépenses, premier volet de La Traversée des Inquiétudes. Une trilogie d’expositions librement inspirée de la pensée de Georges Bataille lecurieuxdesarts.fr/2017/01/bethune.html et de Les Fragments de l’amour lecurieuxdesarts.fr/2015/12/exposition-les-fragments-de-l-amour-centre-d-art-contemporain-d-alforville-la-traverse-le-curieux-des-arts-gilles-kraemer-decembre-2
Vues de l'exposition L'Éternité par les astres © photographies Le Curieux des arts Gilles Kraemer, avril 2017, Les Tanneries, Amilly.