Dessins italiens du Cinquecento. Cabinet d'arts graphiques de Chantilly. Disegni italiani dello Cinquecento. Gabinetto d'arti grafiche di Chantilly
Francesco Mazzola, dit Il Parmigianino ou Le Parmesan (Parme, 1503 - Casalmaggiore, 1540), Ange soulevant une draperie au-dessus de sa tête. Plume, encre brune, lavis brun, rehauts de gouache blanche partiellement oxydés. 14,9 x 9 cm. © RMN - Grand Palais (domaine de Chantilly) / Michel Urtado.
7 mai 1897, Henri d'Orléans, duc d'Aumale, cinquième fils de la reine Marie-Amélie et du roi Louis-Philippe décède. Il avait légué à l'Institut de France le domaine de Chantilly ainsi que l'ensemble de ses collections sous réserve qu'elles ne seraient pas prêtées. Le domaine ouvrait au public le 17 avril 1898. Grande première ce 24 mars 2017. Pour la première fois, depuis 119 ans, un nouvel espace muséographique naît à Chantilly : le cabinet d'arts graphiques. Il a pris place dans cinq pièces en rez-de-chaussée - les anciens logements des proches et des invités du duc - ouvertes sur les jardins, situées dans le "Petit Château", la partie la plus ancienne de cette demeure. Ces salles, au décor historique, restaurées, aux espaces modulables seront le cadre de deux à trois expositions annuelles, pour présenter les 1 900 photographies du XIXe siècle, les 4 000 dessins et 5 000 estampes du musée Condé. Un écrin intime mettant en avant la magnificence d'une collection connue des chercheurs mais pas du public. Comme peut l'être le cabinet des dessins du musée Bonnat-Helleu à Bayonne, institution actuellement fermée et devant ré-ouvrir en 2019 (deux-tableaux-de-leon-bonnat-offerts-au-musee-bonnat-helleu-a-bayonne-par-la-societe-des-amis-du-musee-bonnat-helleu)
Première manifestation avec un choix de 45 dessins parmi les feuilles du "goût" du fastueux collectionneur Aumale, le duc ayant une prédilection pour le XVIe siècle de la Renaissance avec 850 feuilles acquises.Voyage chrono-géographique, dans le Cinquecento, dans presque tous les foyers artistiques de la péninsule italienne, du Nord et de la Vénétie vers le centre et l'Émilie pour terminer en Toscane et Florence, avec cinq Baccio della Porta, detto Fra Bartolomeo et un Michelangelo Buonarroti. Un absent de marque au sein de cette exposition consacrée à L'épanouissement du dessin [italien] à la Renaissance. Bellini, Michel Ange, le Parmesan comme le souligne Mathieu Deldicque le commissaire de cette exposition : Raphaël. Mais, il sera présent dans une future exposition.
Commençant par un dessin relatif à la persistance de la mémoire du défunt avec Agostino Busti, detto Il Bambaia (1483 - 1548) et son Modèle pour un monument funéraire, vraisemblablement pour le tombeau d'un homme de guerre, ce parcours de belles feuilles se clôt sur la vie et la délicatesse avec Deux études pour une tête de Francesco Morandini, detto Il Poppi (1544 - 1597).
Domenico Campagnola (Venise ?, vers 1495 - 1564 Padoue), Lion attaquant une laie. Plume et encre brune. 18,1 x 23,9 cm.. © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse de l'exposition Bellini, Michel-Ange, Le Parmesan. L'épanouissement du dessin à la Renaissance, cabinet d'arts graphiques du musée Condé, domaine de Chantilly.
Venise et l'Italie du Nord, ce sont le portrait, le portrait d'amitié, les échanges de "bottega" entre le peintre et son élève comme en témoignent les deux portraits placés côté à côté, celui de Giovanni Bellini par son élève Vittore Belliniano alors que ce dernier est portraituré de profil par un peintre de l'entourage de Bellini. Andrea Mantegna (1431 - 1506) pour une antiquité classique réappropriée et largement inspirée des bas-reliefs de la Rome antique avec un Cortège de prisonniers et de musiciens, de l'entourage du maître, feuille se rapprochant du cycle des Triomphes de César. Le Titien et la représentation de la belle dans un paysage; comment ne pas songer à la Venere d'Urbino des Offices dans la contemplation d'une Vénus endormie flanquée de trois amours, feuille sortie de l'atelier du natif de Pieve di Cadore. Le grand Domenico Campagnola (vers 1495 - 1564) est présent, dont certains dessins furent attribués au Titien comme Lion attaquant une laie, signifiant la mouvance des attributions dans le domaine du dessin avec l'exemple de la spectaculaire feuille Paysage au soleil couchant dont l'attribution se porte aujourd'hui dans l'entourage de Domenico Campagnola pour cette magistrale plume et encre brune présentée à côté de Giovanni Antonio de Sacchis, detto Il Pordenone (1483/1484 - 1539) avec la sanguine d'un Cavalier en armure des années 1528 d'une grande et folle nervosité dans une sublime torsion maniériste. Une des pépites de ce florilège de fascinantes feuilles, fort justement retenue pour être l'affiche, tel un signal fort des futures expositions : nous éblouir perpétuellement face à la richesse de Chantilly.
Francesco Mazzola, detto Il Parmigianino (Parme, 1503 - 1540, Casalmaggiore), Trois chevreaux devant une barrière. Plume et encre brune. 15,9 x 11,7 cm.. © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse de l'exposition Bellini, Michel-Ange, Le Parmesan. L'épanouissement du dessin à la Renaissance, cabinet d'arts graphiques du musée Condé, domaine de Chantilly.
Splendeur comme peuvent l'être les six feuilles de Francesco Mazzola, detto Il Parmigianino (natif de Parme en 1503 d'où son surnom - 1540) dont Ange soulevant une draperie au-dessus de sa tête, si emblématique de la "bella maniera" ou le non moins étonnant Trois chevreaux devant une barrière, signe de la vie du quotidien saisie sur le vif. Et, naturellement Michel-Ange avec son dessin double-face, des études de jeunesse d'objets antiques et des copies de Masaccio au recto alors que le verso présente une étude du tombeau du pape Jules II. Magie de la belle feuille nous permettant de voir l'évolution de l'artiste, magie de l'instantané.
Gilles Kraemer
Bellini, Michel-Ange, le Parmesan. L’épanouissement du dessin à la Renaissance. Quarante-cinq dessins de la Renaissance italienne, issus de la collection du duc d’Aumale.
24 mars – 20 août 2017 - 60500 Chantilly
Commissariat : Mathieu Deldicque assisté d’Astrid Grange
Catalogue. 98 pages. Éditions Faton. Prix 19,50 €. Ce catalogue souffre du choix d'un corps de caractère minuscule, certains dessins ne bénéficient pas d'une reproduction pleine page et le recto-verso de certaines feuilles est disposé sur une même page.
Montant des travaux de création du cabinet d’arts graphiques : 2 286 135 € H.T. Financement : Institut de France : 1 000 000 € H.T; D.R.A.C. Hauts-de-France : 758 600 € H.T et Fondation de Chantilly : 527 535 € H.T. Mécénat de Sotheby's, Friends of the Domaine de Chantilly, Les amis du musée Condé château de Chantilly.
Prochaine exposition. Dessins de Nicolas Poussin (1594-1665). 11 septembre 2017 – 7 janvier 2018.
Quatre autres expositions à découvrir, en présentant à Amiens, Chantilly, Beauvais et Compiègne, les grands foyers de création artistique, de Turin à Naples, du XIVe au XVIIIe siècle. Heures italiennes propose une invitation à l’itinérance dans le temps et dans l’espace. Deux-cent trente et un tableaux, prêtés par treize musées et onze églises, permettent de saisir l’ampleur et la qualité des collections picardes, par le biais d’un parcours chronologique.
Amiens, Musée de Picardie Les Primitifs (XIVe -XVe siècle) du 10 mars-2 juillet 2017 avec 22 œuvres, tableaux de dévotion, polyptyques originaux ou recomposés, fragments de prédelles ou de plafonds permettent d’évoquer la typologie des peintures des XIVe et XVe siècles ainsi que leur histoire matérielle, du démembrement à la fabrication d’œuvres composites pour le marché de l’art au XIXe siècle.
Chantilly, Musée Condé (Domaine de Chantilly) La Renaissance (XVIe siècle) du 24 mars-2 juillet 2017 avec 30 tableaux venant des musées et églises de Picardie en dialogue avec la collection italienne du duc d’Aumale.
Beauvais, MUDO-Musée de l’Oise et Le Quadrilatère Le Naturalisme et le Baroque (XVIIe siècle) du 27 avril-17 septembre 2017. L’exposition de plus 80 tableaux est construite autour des grands courants artistiques du siècle et illustre différents thèmes picturaux : le mouvement caravagesque, la dévotion de la Contre-Réforme, la représentation de la figure humaine et de ses passions ainsi que l’émergence des genres nouveaux tel le paysage ou la nature morte.
Compiègne, Musée national du Palais Heures italiennes : peintures du XVIIIe siècle du 9 mars-21 août 2017. Un ensemble de près de 70 tableaux qui témoigne d’un goût dominant pour Venise et Naples au travers des grands décors (plafonds et dessus-de-portes) et de la peinture d’histoire (récits sacrés et profanes). Un cabinet d’esquisses évoque le fonctionnement des ateliers et la vogue d’un genre en soi où la facture trouve toute sa liberté. Quelques portraits aristocratiques du Grand Tour côtoient des scènes de la vie populaire et des natures mortes d’une veine définitivement décorative. Le paysage explore les voies succès de la vedute vénitienne, du courant romantique des scènes de naufrages napolitains ainsi que le goût romain pour l’antique et la campagne arcadienne.
Autres expositions. Abbeville, musée Boucher-de-Perthes, Rêver l’Italie, voyager par l’image (15 mars - 25 juin 2017)
Amiens, bibliothèque Louis Aragon, Dessins, estampes et enluminures italiennes de la Bibliothèque et du musée de Picardie (automne 2017)
Cambrai, musée des beaux-arts, Guy de Lussigny (1929-2001) : San Gimignano ou la parenthèse italienne, 1957-1958 (24 mai - 3 septembre 2017)
Chaalis, abbaye royale, De Paris à Chaalis, les tableaux de Nélie Jacquemart, (9 mars – 17 septembre 2017)
Compiègne, musée Antoine Vivenel, Dans les petits papiers d’un collectionneur : dessins italiens du musée Antoine Vivenel, XIVe-XVIIIe siècles (1er avril – 2 juillet 2017)
Dunkerque, Frac Nord - Pas de Calais, Focus : Design Radical (octobre 2017 - 31 décembre 2017)
La Fère, musée Jeanne d’Aboville, Secondes italiennes. La peinture italienne au musée Jeanne d’Aboville (29 avril - 24 septembre 2017)
Laon, musée d’art et d’archéologie, D’après les grands maîtres italiens : gravures, dessins et tableaux autour de Duflos (dates à définir)
Lens, le Louvre-Lens propose un regard croisé inédit entre les collections italiennes de Picardie et du Nord-Pas-de-Calais, Peintures italiennes de Hauts-de-France (XVIe-XVIIIe siècles), dialogues et correspondances. À partir du 18 octobre 2017
Senlis, musée d’art et d’archéologie, L’art du multiple : gravures d’interprétation d’après les maitres italiens (5 avril - 2 juillet 2017) ; L’art du multiple : copier Caravage, Marie-Madeleine en extase (9 septembre 2017 - 14 janvier 2018)
Soissons, abbaye Saint-Léger, La Grande Bouffe. La peinture comique autour du Repas Bachique de Niccolò Frangipane (été 2017)
Vues de l'exposition © photographies Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse de l'exposition Bellini, Michel-Ange, Le Parmesan. L'épanouissement du dessin à la Renaissance, cabinet d'arts graphiques du musée Condé, domaine de Chantilly.