William Merritt Chase, un peintre entre New York et Venise. Tra New York e Venezia / Ca' Pesaro - Galleria Internazionale d'Arte Moderna
William Merritt Chase, The Young Orphan, La jeune orpheline, vers 1884. Huile sur toile, 111,8 x 106,7 cm.. New York, NY, National Academy Museum © photographie Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, exposition William Merritt Chase : un pittore tra New York e Venezia,Ca' Pesaro - Galleria internazionale d'Arte Moderna mars 2017.
Qui était William Merritt Chase (Williamsburg, Indiana 1849-1916 New York), un des plus influents artistes des États-Unis, enseignant de la Shinnecock Hills Summer School of Art dès 1891 et pendant douze étés consécutifs, fondateur de la New York School of Art en 1897 ? Après les étapes de The Phillips Collection, Washington à l'été 2016 puis au Museum of Fine Arts de Boston à l'automne, l'exposition vénitienne, dans la magnifique Ca' Pesaro - Galleria internazionale d'Arte Moderna, ce printemps 2017 explore, dans un parcours dès plus didactique, en huit sections, les différents sujets de sa carrière avec plus de 60 toiles. Avec un bémol cependant pour ses natures mortes.
Un saisissant portrait nous accueille, nimbé de Melancholia, celui d'une jeune orpheline, blanc, rouge, noir. dans son alanguissement. Comment ne pas songer à Whistler dans cette maîtrise des couleurs et à Arrangement en gris et noir n°1 (1871) du musée d'Orsay ? C'est un artiste auquel l'on ne cesse de songer tout le long du parcours de cette exposition, visible jusqu'aux premiers jours de la Biennale de l'art de Venise de cette année.
William Merritt Chase, Day on the Lagoon, Journée grise sur la lagune, vers 1913. Huile sur bois, 32,4 x 47,6 cm.. Boston, MA, Museum of Fine Art, don d'Ernest Wadsworth Longfellow © Museum of Fine Arts, Boston
Sous-titre un peu attractif convoquant Venise - c'est toujours un nom d'appel comme celui de Caravage ou de Matisse - pour la première rétrospective en Europe de ce peintre. Seulement quatre toiles italiennes (1877 et 1907-1910) et quatre toiles vénitiennes (1877 et 1913) plus celle inspirée du marché aux poissons du Rialto Le produit de la mer (1878). L'on aurait souhaité d'autres vues de la péninsule de cet artiste "au style international" tel que le définit John Davis dans le catalogue. Il débarque à Londres en 1872, effectue ses études auprès de l’Académie royale de Munich, restant ainsi en Europe jusqu'en 1878. Dommage que ses séjours italiens n'aient pas été l'objet d'une proposition de plus de toiles dans cette étape vénitienne. L'on s'en consolera en lisant et regardant le texte "Da Venezia a Venezia" que lui consacre Giovanna Ginex, commissaire indépendante auprès de la Fondazione Musei Civici di Venezia.
William Merritt Chase, In Venice, A Venise, vers 1877. Huile sur bois, 20,6 x 33 cm.. Museum of Art, Rhode Island School of Design, don d'Isaac C. Bates © photographie Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, exposition William Merritt Chase : un pittore tra New York e Venezia, Ca' Pesaro - Galleria internazionale d'Arte Moderna mars 2017
Les Uffizi de Florence lui commanderont son Autoportrait (1908) - visible à Ca' Pesaro - , il s'y représente tel le peintre institutionnel couvert d'honneurs, bien éloigné du débonnaire et heureux Autoportrait dans l'atelier de la 4ème Avenue (1915-1916) à la touche toute en légèreté.
Ne participera-t-il pas à la biennale de l'Art de Venise en 1901 et il passera plus de 10 étés à Florence. Dernier séjour vénitien à l'été 1913, sept semaines, accompagné de... 30 élèves. Et, dans sa jeunesse, des voyages à Londres, Paris où il découvre la peinture impressionniste naissante, séjour à Venise de 1877 à 1878, Fondamenta di San Trovaso, à quatre pas des Gallerie dell'Accademia qui le marquera définitivement juqu'à écrire "sono totalmente affascinato da Venezia". Nul besoin de traduire, le mot "affascinato" parlant de lui-même pour souligner le choc ressenti dans la ville lagunaire.
William Merritt Chase, Think/Am Ready Now, Maintenant, je crois être prête, vers 1883. Huile sur toile, 82,6 x 44,5 cm.. Collection privée © photographie Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, exposition William Merritt Chase : un pittore tra New York e Venezia, Ca' Pesaro - Galleria internazionale d'Arte Moderna mars 2017.
Il reviendra fréquemment en Europe dès 1881, admiratif des œuvres de Rembrandt, des peintres hollandais, de Manet et de John Singer Sargent, rencontrera Marie Cassatt, Alfred Stevens, Giovanni Boldini, James Abbott Mc Neill Whistler. Comment ne pas percevoir l'influence des maîtres hollandais et de Frans Hals dans le Portrait d'une dame en écuyère (1877), de Manet dans Le jeune apprenti fumant nous toisant de sa superbe insolence (1875). La parenté est flagrante avec La Raie de Chardin ou les natures mortes hollandaises dans Le produit de la mer (1878). Stevens dans la pose du Portrait de Dora Wheeler (1882-1883), Giuseppe de Nittis et La fin de l'été - Bord de plage (1884-1885) dans ce jeu subtil des chaises renversées sur les tables, un cadrage à la Degas dans Puis-je entrer ? (1883).
Un arrangement des couleurs si Whistler pour Portrait de Dora Wheeler (1882-1883) ou Maintenant, je crois être prête (1883). C'est dommage que le Portrait de Whistler par Chase, visible au Metropolitan Museum of New York n'ait pu traverser l'Atlantique, la proximité entre le dialogue jaune de la tenture et la robe bleue ou la symphonie des roses avec les arrangements en noir du costume de Whistler aurait été flagrante www.metmuseum.org/toah/works-of-art/18.22.2/. Lumières impressionnistes dans ses parcs ou ses bords de mer. J'y retrouve même la pose très bourgeoise Troisième République, si magistralement peinte par Léon Bonnat, avec Madame Chase (1890-1895).
William Merritt Chase, Self-Portrait in 4th Avenue Studio, Autoportrait dans son atelier de la 4e Avenue, 1915-1916. Huile sur toile, 133,4 x 161,3 cm.. Richmond, In, Richmond Art Museum, don de Warner M. Leeds, 1916 © Richmond Art Museum
Cette position d'artiste consacré transparaît dans les trois vues de son atelier new yorkais des années 1880 ou dans celui de 1915, atelier pour le travail mais aussi lieu manifeste de réception pour des futurs clients. Sa carrière fait songer au parcours d'un de ses contemporains français outre-Atlantique Benjamin-Constant qui séjournera en Amérique du Nord six fois, de 1888 à 1895, installant son atelier Fifth Avenue pour y peindre les nouveaux capitaines de l'industrie et les familles praticiennes d'origine hollandaise - les Khickerbockers -.
William Merritt Chase, The Lone Fishermann, Le pêcheur solitaire, vers 1892. Peinture sur bois, 38,1 x 30,2 cm.. Hanover, NH, Hood Museum of Art, Dartmouth College, don d'Ada et William Preston Harrison © photographie Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, exposition William Merritt Chase : un pittore tra New York e Venezia, Ca' Pesaro - Galleria internazionale d'Arte Moderna mars 2017
Même loin de l'Europe, peintre incontournable de la société new yorkaise, Chase ne peut couper le cordon le reliant à la peinture européenne, celle des grands maîtres du XVIIe siècle, celle des peintres qualifiés trop abruptement académiques, celle des impressionnistes.
Une toile dans laquelle il laisse vraiment sourdre sa puissance ? Le pêcheur solitaire (1892) qui est un tout petit point sur une jetée de rochers, un petit format de toile mais quelle puissance dans l'étude des immenses pierres, avec une longue fuite vers l'horizon, une fuite vers la solitude, un pêcheur vraiment perdu, comme ce point de focalisation que se permettaient Guardi ou Canaletto dans leurs vues de la Sérénissime.
Venise n'est pas loin, elle est toujours dans la tête de Chase.
Gilles Kraemer & Antoine Prodhomme (déplacement et séjour à Venise à titre personnel)
William Meritt Chase (1849-1916) : un pittore tra New York e Venezia
11 février - 28 mai 2017
Ca' Pesaro - Galleria Internazionale d'Arte Moderna, Venise
vaporetto, arrêt San Stae. 10.00 - 17.00 jusqu'au 31 mars puis de 10.00 – 18.00 à compter du 1er avril. Fermé le lundi
Catalogue avec la "généreuse contribution" pour le catalogue de Terra Foundation for American Art. Première publication en langue anglaise dédiée à cet artiste. 178 illustrations. 230 pages. Édition originale publiée par The Phillips Collection en partenariat avec Yale University Press. Édition italienne de Fondazione Musei Civici di Venezia et de Magonza editore. Prix 50 €.
Direction scientifique de Gabriella Belli (Directrice Fondazione Musei Civici di Venezia), Dorothy Kosinski (Directeur The Phillips Collection) et Matthew Teitelbaum (Ann and Graham Gund Director Museum of Fine Arts, Boston). Commissariat de Elsa Smithgall (The Phillips Collection, Washington DC), Erica E. Hirshler (Croll Senior Curator of American Paintings, Museum of Fine Arts, Boston), Katherine M. Bourguignon (Curator, Terra Foundation for American Art) et Giovanna Ginex (historienne de l'art et commissaire indépendante pour Fondazione Musei Civici di Venezia).
Ringraziamenti abituali e veneziani agli amici Riccardo Bon della Fondazione Musei e Antonella Lacchin di Villagio Globale
Terra Foundation for American Art (Chicago, IL, États-Unis) est une fondation culturelle de promotion des artistes étasuniens, fondée en 1978 par l'homme d'affaires et collectionneur Daniel J. Terra (1911 – 1996). Une représentation à Paris /www.terraamericanart.org/
© photographies Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, exposition William Merritt Chase : un pittore tra New York e Venezia,Ca' Pesaro - Galleria internazionale d'Arte Moderna mars 2017