Jean-Michel Meurice. La rigueur dans la couleur. LAAC Dunkerque
Vue de l'exposition Jean-Paul Meurice. À gauche Ludius 1, 1984. Acrylique sur toile, 285 x 200 cm. À droite Sinan 11, 1984. Acrylique sur papier calque, 258 x 404 cm. © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse exposition Jean-Paul Meurice, une rétrospective, LAAC, Dunkerque
Quel lien entre Dunkerque, Rome et Jean-Paul Meurice ? Apparemment aucun sauf si vous succombez à la tentation de vous rendre dans ces deux villes. Visitez l'exposition Jean-Michel Meurice, une rétrospective au LAAC. Et partez pour Rome, direction le palazzo Massimo alle Terme pour y découvrir, selon les incitations de ce peintre, des fresques romaines du 1er siècle. Dans le souvenir des paroles de Jean-Michel Meurice (né en décembre 1938) lorsqu'il vous entretenait de son passage de la ligne au motif de la feuille puis à celui de la fleur, de "la surface considérée comme un palimpseste de couleurs, de l'arabesque tracée librement face à la raideur de la ligne droite, de sa passion de la couleur". C'est face à ce jardin peint sur les murs d'une salle semi-souterraine, certainement un triclinium dans la Villa de Livia Drusilla, l'épouse d'Auguste. que résidait la réponse. Datées de 30 à 20 av. J.-C., ces fresques figurent d'une façon très naturaliste des arbres, des plantes et des oiseaux, un monde touchant la sensibilité de l'artiste.
Fresques de la Villa de Livia Drusilla, 30 à 20 av. J.-C.. Palazzo Massimo alle Terme, Rome © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, décembre 2016, Rome.
Ses séries Ipomées et Belles de nuit des années 2010, dans la dernière des cinq salles de l'exposition, renvoient au mystérieux peintre romain de cette villa comme sa toile Ludius (1984), dans sa période des années 1980, qualifiée "d'arabesque" par le commissaire Victor Vanoosten, trouve écho en Ludius, le peintre romain de l'époque d'Auguste lorsque le blanc s'impose comme couleur et que le pochoir induit le déploiement de la couleur dans l'espace. C'est un nouvel univers qu'il aborde. Après les bandes de couleurs des années 1970, ce sont la courbe et la contre-courbe, la nouvelle écriture d'un autre langage permise par le pochoir, la répétition de la feuille de platane. Ses réminiscences de monuments vus, il les retranscrit dans sa série des Kaariye Walid (1984), dans des références aux mosaïques dorées byzantines de Saint-Sauveur-in-Chora (en turc Kariye Camii) à Istanbul ou au calife al-Walîd 1er qui entreprit la construction de la grande mosquée des Omeyyades à Damas.
Jean-Paul Meurice. Derrière lui, Ipomée 8 (2008) © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse exposition Jean-Paul Meurice, une rétrospective, LAAC, Dunkerque
Trouver une manière nouvelle de se confronter à l'œuvre de Jean-Michel Meurice, peintre de la couleur mais aussi documentariste et homme de la télévision - il a réalisé depuis 1963, le portrait filmé de 13 artistes, de Bram Van Velder à Zao Wou-Ki, des films sur des sujets d'histoire et d'actualité politique et économique, un film sur Caravage, dans la splendeur des ombres sur lequel il a posé la musique wagnérienne de Tristan und Isolde, il est l'un des fondateurs de La Sept, devenue aujourd'hui Arte -, ces deux sphères, jamais réunies dans une même proposition d'exposition, permettent de mieux comprendre sa vision. Comme le souligne Victor Vanoosten, commissaire de cette exposition de près de cent œuvres, "ce parcours s'ouvre sur une œuvre réalisée pendant son service militaire, une peinture sur pellicule de 1961, une couleur en mouvement". Une façon de poser les fondements de son double parcours, celui de la couleur, celui de documentariste, une manière de rencontrer et de découvrir le monde. Propos auquel ce peintre ajoute "l'interaction que je fais avec le film peint m'amène au geste le plus simple, le geste réduit à zéro. Peindre c'est mettre de la couleur sur une surface et le faire de la façon la plus neutre, la plus simple. Le point de départ de mon style, c'est la répétition en bande ou en point sur une surface, sans composition, sans représentation. D'une façon la plus libre possible.".
Vue de l'exposition Jean-Paul Meurice. À gauche Grand bandeau, 1974. Teinture et acrylique sur toile, 58 x 580 cm. À droite Pénélope. Teinture et acrylique sur toile, 620 x239 cm. © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse exposition Jean-Paul Meurice, une rétrospective, LAAC, Dunkerque
Ce seront de grandes bandes d'encre qui coulent les unes sur les autres - La Barnum (1963) -, dans une répétition sans cesse renouvelée, avec cette volonté d'investir l'espace et d'aller au-delà. Les œuvres manifestes de six mètres de long - les Pénélopes présentées à la Biennale de Paris en 1973 - des rouleaux pour défier les pratiques traditionnelles et montrer que la peinture dépasse les limites. Comme une façon de renvoyer à l'arpenteur de la terre qu'il est lorsqu'il trouve cette influence du rouleau peint dans ses voyages en Asie, dans le jardin sec de Ryōan-ji à Kyoto, dans une idée où l'on ne peut voir la totalité de ma peinture, une importance du peint non visible qui fait vivre le peint, comme dans ce jardin zen où l'on ne peut percevoir que 14 des 15 pierres. Des œuvres subtiles que l'on verra tout au long de ce parcours poétique avec, à chaque fois, un renouvellement de la pratique, avec toujours la même question qu'il ne cesse de poser : comment donner à la couleur sa force la plus grande ?
Gilles Kraemer
Jean-Michel Meurice, une rétrospective
15 octobre 2016 - 2 avril 2017
LAAC – Lieu d’Art et Action contemporaine Jardin de sculptures
302 avenue des Bordées - 59140 Dunkerque
Vue de l'exposition Jean-Paul Meurice © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse exposition Jean-Paul Meurice, une rétrospective, LAAC, Dunkerque
Conférence-échange 23 mars 2017 entre Jean-Paul Meurice et Victor Vanoosten.
Voyage vers Béthune 2 avril 2017. Montez dans le bus à Dunkerque et venez découvrir le travail de Jean-Michel Meurice à Béthune ! Rendez-vous à 10h30 au LAAC. Visite de l’exposition du LAAC, pique-nique, voyage en bus, visite des expositions à Béthune, moment dégustation surprise. Retour vers Dunkerque. Réservation obligatoire au 03 28 29 56 00.
A quelques centaines de mètres du LAAC, le Frac Nord-Pas de Calais abrite une collection mobile de plus de 1500 œuvres d’art et de design, des années soixante à nos jours. Son bâtiment conçu par l’agence Lacaton & Vassal, sur le site des anciens Chantiers de France, est jumeau de la halle AP2 "Atelier de préfabrication n°2", l’un des derniers vestiges de l’industrie navale de ce littoral.
À l'honneur cette année 2017 dans cette région du Nord d'où est natif ce Lillois, trois autres institutions lui consacrent une exposition. Jean-Michel Meurice et ses amis. Labanque, 62 400 Béthune. Du 1er avril au 23 juillet 2017. Neuf artistes ont été choisis par Jean-Michel Meurice : Pierre Alechinsky, Cédrick Eymenier, Jean Le Gac, Bernard Moninot, Jean-Pierre Raynaud, Georges Rousse, Pierre Soulages, Claude Viallat et Zao Wou-Ki //
Jean-Michel Meurice et Jean Le Gac, Retour à Béthune. Musée de la Chapelle Saint-Pry, 62 400 Béthune. Du 3 février au 25 juin 2017. L’exposition réunit une sélection d’œuvres de Jean-Michel Meurice et de Jean Le Gac. Amis depuis plus de quarante ans, ils sont liés, à travers leur histoire personnelle, à la ville de Béthune //
Jean-Michel Meurice, l’espace bien tempéré. Musée du Touquet-Paris-Plage. Du 17 juin au 5 novembre 2017. Cette exposition est l'ultime étape du cycle consacré à un aspect spécifique du travail de cet artiste. L’exposition présente le sentiment profond de l’espace qui habite son œuvre. Aux murs, au sol, dans les angles, au plafond, tous les espaces et tous les formats sont bons à prendre, à occuper, à faire vibrer par la couleur. L’espace peint habite et anime l’architecture.
Un ouvrage accompagne ces quatre expositions : Jean-Michel Meurice. sous la direction de Victor Vanoosten. 304 pages, 200 photographies. En français et anglais. Éditions ARTEOS. 30 euros.