Hiver parisien faste pour les Giacometti. Confrontation sur un pied d'égalité entre Alberto (Borgonovo 1901-1966) et Pablo Picasso (1881-1973) en l'hôtel Salé - se terminant dans quelques semaines -. Pour le solo de son frère, Diego (Borgonovo 1902- 1985 Paris) les temps sont plus restreints. Quelques jours chez Sotheby's Paris, la galerie Charprentier profitant de cette période de janvier pour accueillir le merveilleux bestiaire de celui-ci. Dernière exposition en France consacrée à Diego, celle du musée des arts décoratifs en 1986 sous le commissariat de Daniel Marchesseau.
Rien est à vendre. 80 pièces provenant de collections privées, l'on n'en saura pas plus de Sotheby's sur l'identité de ces collectionneurs de Diego, vivant avec ses bronzes. Vivre, le verbe n'est pas assez fort car il s'agit d'une communication tactile ou visuelle, de chaque instant, une communion oserai-je écrire.
La rampe d'escalier, l'entourage de la porte, le fauteuil ou la chaise coiffeuse, la lampe, le photophore, l'applique ou la lanterne, la coupe, la table ou la console, le paravent, le porte-pinceaux jusqu'au porte-manteaux, le Chat maître d'hôtel, tout est né des mains de ce sculpteur de la poésie à qui ils firent confiance. Totalement confiance pour se laisser envahir par des grenouilles, des cerfs, l'autruche avec son œuf peint par Zao Wou-KI, des oiseaux, des hiboux, des lézards, des tortues, des crapauds, des lionnes, des griffons, des cerfs, des chiens, des chauve-souris. Et même des souris qui savent se montrer d'une discrétion de bon aloi, ces souris qui selon les propos de Claude Delay -dans le catalogue- fréquentaient en toute quiétude l'atelier du 46 de la rue Hippolyte-Maindron. Ils sont là, bien présents mais il faut les surprendre, cachés dans des feuillages, en bout d'un accoudoir, sur le pied d'une lampe, tendant leur tête pour y suspendre votre manteau, accueillant vos crayons, devenant salière et poivrière. Perchés sur une entretoise. Ou même sous vos pieds, dans votre entrée ou salon, Diego ayant dessiné des tapis joliment dénommés Promenade des amis.
Le monde fantastique de Diego Giacometti, Sotheby's Paris, galerie Charpentier © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 26 janvier 2017
Diego toujours présent ? Naturellement. Son chapeau de feutre n'est-il pas accroché à l'entrée de cette exposition et ses outils ne sont-ils pas visibles? Ses outils d'où naquit ce bestiaire fabuleux, cet autre monde, celui de la rêverie.
Gilles Kraemer
Le monde fantastique de Diego Giacometti
Sotheby's Paris Galerie Charpentier
Du 25 au 28 janvier 2017
Internet avec le film de l'exposition sothebys.com/en/news-video/blogs/all-blogs/76-faubourg-saint-honore/2017/01/french-actress-audrey-marnay-giacometti-exhibition.htmll
Pour accompagner ce voyage, partez sur une île déserte avec le catalogue de cette exposition, 140 pages, en lisant et en relisant ses textes dont celui de Michel Butor Soliloque de Diego ou de Gérard Bosio Le sculpteur de Vies, Vies avec une majuscule. Et en enviant les photographies des intérieurs avec des Diego in situ.
Exposition Picasso-Giacometti, Musée national Picasso-Paris, 4 octobre 2016 -5 février 2017. Commissariat de Catherine Grenier, directrice de la Fondation Giacometti. Commissariat associé de Virgine Perdrisot, conservatrice chargée des sculptures au musée national Picasso-Paris et Serena Bucalo-Mussely, attachée de conservation à la Fondation Giacometti.
Vente aux enchères des Giacometti d'Hubert de Givenchy le 6 mars 2016. Exposition du 28 février au 5 mars. Christie’s avenue Matignon, Paris
Poursuivez au printemps parisien la magie de Diego, chez Sotheby's Paris galerie Charpentier en mai 2017 pour une vente consacrée à cet artiste. www.lecurieuxdesarts.fr/2017/03/la-discretion-subtile-de-diego-giacometti-sous-l-oeil-connoisseur-d-hubert-de-givenchy.html
Pour mémoire, Daniel Marchesseau, Diego Giacometti, éditions Hermann, Paris, 1986
Le monde fantastique de Diego Giacometti, Sotheby's Paris, galerie Charpentier © photographies Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 26 janvier 2017