Andrea Büttner - Flatland/Abstractions narratives # 1, Musée régional d'art contemporain, Sérignan © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2016.
Télescopage au Musée régional d'art contemporain de Sérignan. Au rez-de-chaussée, les pianos sont démolis en musique. Au premier étage c'est l'abstraction et la narration qui dialoguent géométriquement. Fureur ou furie d'un côté. "Zénitude" de l'autre.
Andrea Büttner, Piano Destructions, 2015. Installation vidéo, cinq écrans et neuf sources sonores © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2016. Exposition Andrea Büttner, Mrac, Sérignan
Première exposition personnelle en France d'Andrea Büttner (née en 1972 à Stuttgart) présentant au Mrac un projet initié en 2014 : Piano Destructions, revisité ici avec l'adjonction d'une cinquième vidéo. Cette installation nous rappelle les temps de l’histoire de l'art des années 1960 et du mouvement Fluxus, instants où certains artistes s'acharnaient à détruire en public des pianos - considérés comme un symbole de la culture bourgeoise -. Dans cette installation, l’artiste juxtapose sur quatre écrans les films de ces performances iconoclastes durant lesquelles ces instruments de musique furent brûlés, poussés, noyés de lait, frappés à coups de masse et de hache, jetés par la fenêtre, éclatés, brisés, massacrés dans des interventions de George Maciunas, Nam June Paik ou Ben Vautier. L’impression de leurs actions est violente, presque cauchemardesque dans ces assauts d'une virilité exacerbée détruisant pour le seul plaisir de détruire dans la violence cet instrument historiquement lié - pourquoi pas ? - par les conventions à la bonne éducation féminine.
Andrea Büttner, Piano Destructions, 2015. Installation vidéo, cinq écrans et neuf sources sonores © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2016. Exposition Andrea Büttner, Mrac, Sérignan
En 2014, Andrea Büttner a invité neuf femmes pianistes à interpréter ensemble sur neuf pianos à la Walter Phillips Gallery du Banff Center (Canada). Cette performance filmée, représentée sur le cinquième écran de l’installation, revendique la simplicité d’une mise en parallèle sans aucun commentaire de la part de l’artiste. Aux côtés de l’agressivité masculine, c’est l’harmonie féminine présentée. Face à l'assourdissante cacophonie destructrice émergent le répertoire romantique de Frédéric Chopin et de Robert Schuman ou l'arrangement pour piano des Vêpres de la Vierge du compositeur de la transition, entre musique de la Renaissance et baroque Claudio Monteverdi, cité comme étant le favori de George Maciunas, fondateur du mouvement Fluxus. Au moment où cette vidéo passe, les quatre vidéos de la folie destructrice se taisent. Signe de repentance de ces erreurs passées ? Pourquoi pas !
Andrea Büttner, Alte Bilder, 2016. Présentation d'œuvres sur papier dans le cabinet d'arts graphiques © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2016. Exposition Andrea Büttner, Mrac, Sérignan
Le Cabinet d'arts graphiques présente Alte Bilder, une nouvelle série d’œuvres produites et pensées, pour cet endroit feutré de cette institution, par Andrea Büttner. Elle propose un parcours iconographique inédit, fait d’échos, de doutes, d’ambivalences et de rapprochements, invitant le visiteur au cœur de ce qui constitue et irradie son travail. Ici, Andrea Büttner propose un regard en noir et blanc, celui d'images photocopiées, un parcours visuel tirant les ficelles invisibles qui connectent son approche intellectuelle. Elle invite le regardeur au sein d’une vision nourrie de contrastes où se retrouvent ses images de référence, celles de saint François d’Assise et de son ordre, celui du refus, aux côtés de celles de Simone Weil ou de Kris Kross, de la représentation d'un mendiant, de personnes attendant dans un aéroport ou d'un graffiti du Christ en croix. Un parcours silencieux incitatif au questionnement.
Edwin A. Abbott (1838-1926), Flatland © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2016. Flatland / Abstractions narratives # 1, Mrac, Sérignan
Changement total avec Flatland. Abstractions narratives # 1, de la fureur vers le calme, du chamboulement vers l'abstraction narrative, le pays où règnent les figures géométriques dans différentes scénarisations des formes. Avant d'entrer dans ce parcours, une explication apportée par Sarah Ihler et Marianne Derrien, les commissaires : "En 1884, le professeur et théologien anglais Edwin A. Abbott (1838-1926) publie Flatland, un récit allégorique contre le dogmatisme dont les protagonistes sont uniquement des formes géométriques. Le narrateur, un carré originaire de «Flatland», un monde en deux dimensions, y raconte sa découverte de «Spaceland», un monde en trois dimensions.". Un voyage dans un monde étrange, mais bien loin d'Alice confrontée aux crises de nerf de la reine de Cœur si encline et prompte à couper les têtes. Ici, trois narrations "AMORCES convoquant des références à la science-fiction, à la littérature aussi bien qu’à des expériences personnelles. CIRCULATION axée sur l’histoire des formes, leurs passages et survivances d’un domaine à un autre et d’une époque à une autre. Enfin, INDEX et des enjeux socio-culturels tels que l’organisation moderne des villes, le devenir des utopies modernistes et les interactions entre espaces réels et imaginaires.
Julien Nédélec devant Les chimères (#1), (#2) et (#3), 2012. Bois, laque, alkyde, socle laiton. Remerciements Praz-Delavallade, Paris/Los Angeles © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2016. Flatland / Abstractions narratives # 1, Mrac, Sérignan
Julien Nédélec (né en 1982 à Rennes), - Météore, première exposition personnelle à la galerie Praz-Delavallade cet hiver. Bravo sachant que Pierre Ardouvin y représenté par cette galerie -. Trois formes au joli nom de Chimères, ces animaux mythologiques nés de l'imaginaire, trois volumes géométriques très minimalistes posés sur un socle dans la continuation de la démarche de Brancusi liant la présentation de la sculpture au socle pour ne faire qu'un tout, souligne-t-il. Sculptures incluses dans un parallélépipède de barres, comme délimitées dans l'espace, un simulacre de vitrine dans son esthétisme "l'objet telle une pierre précieuse, l'objet rare d'un Kunstkammer" insiste-t-il. Il est jeune Julien, à peine 35 ans mais il connaît les maîtres anciens, qualité rare chez quelques jeunes artistes niant toute filiation. Comment ne pas songer à Dürer, à Melancolia I (1514) et au polyèdre figurant sur ce burin. Parfaite maîtrise.
Dans les reflets de Robe 7 (2015) de Tarik Kiswanson. Acier inoxydable, 235 x 290 x 20 cm © Remerciements à l'artiste et à Almine Rech Gallery © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2016. Exposition Flatland / abstractions narratives #1, Mrac, Sérignan
Tarif Kiswanson (né en 1986), très présent sur la scène française puisqu'au collège des Bernardins, cet automne 2016 (1). Muralité et volume, matériaux brillants, dans une re-construction et une dé-construction, dans une évocation du Constructivisme, dans un renvoi vers des patrons de couturières avec ses formes invariantes. Des scupltures de superpositions de métal. Comme ne pas évoquer Olafur Eliason pour cet artiste suédois-palestinien, aux références occidentales et moyen-orientales représenté par Almine Rech Gallery.
Wilfrid Almendra, Model Home, (Sonata XII), 2014 Acier, miroir, verre, silicone, tôle galvanisée, béton 37 x 120 x 12 cm, Collection Sébastien Peyret © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2016. Flatland / Abstractions narratives # 1, Mrac, Sérignan.
Wilfrid Almendra (né en 1972), Model Home (Sonata XII), telle une peinture de Mondrian mise en sculpture, dans ce questionnement de la construction, de l'architecture, dans cette manipulation de matériaux récupérés d'une maison témoin pour une interrogation des matière et du jeu entre celles-ci, dans ces miroirs capteurs de l'extérieur. Représenté par la galerie parisienne Bugada & Cargnel, Wilfrid Almendra expose trois autres pièces aux Arts décoratifs dans le cadre : L’esprit du Bauhaus (19 octobre 2016 - 26 février 2017).
Gilles Kraemer (envoyé spécial)
Andrea Büttner // Flatland / Abstractions narratives #1
6 novembre 2016 - 19 février 2017
Musée régional d’art contemporain Occitanie / Pyrénées-Méditerranée
146 avenue de la plage - 34410 Sérignan
mrac.languedocroussillon.fr & +33 4 67 32 33 05
Andrea Büttner Commissaire invitée : Céline Kopp
Flatland / Abstractions narratives # 1 avec Cyril Aboucaya, Wilfrid Almendra, Sylvain Azam, Laëtitia Badaut Haussmann, Becky Beasley, Rana Begum, Louidgi Beltrame, Karina Bisch, Simon Boudvin, Jessica Boubetra, Simon Collet, Guy de Cointet, Philippe Decrauzat, Thea Djordjadze, Peter Halley, Jugnet+Clairet, Sonia Kacem, Tarik Kiswanson, Harald Klingelhöller, Vera Kox, Pierre Labat, Fabio Mauri, John McCracken, Matt Mullican, Damián Navarro, Julien Nédélec, Bruno Peinado, Manfred Pernice, Mai-Thu Perret, Bojan Šarčević, Blair Thurman. Commissaires invitées : Sarah Ihler-Meyer et Marianne Derrien. Flatland / abstractions narratives # 1 est le premier volet d’une exposition qui sera redéployée avec d’autres œuvres et artistes, au Mudam Luxembourg, Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean (7 octobre 2017 - 15 avril 2018). www.mudam.lu/fr/expositions/a-suivre
Et toujours, La Promenade Une balade dans le dépôt d'œuvres du Cnap à l'égard du Mrac, pendant cinq ans, avec Xavier Antin, Thomas Bayrle, Katinka Bock, documentation céline duval, Jimmie Durham John Giorno, Andy Goldsworthy, Carsten Höller, João Maria Gusmão & Pedro Paiva, Mike Kelley, Alison Knowles, Katinka Lampe, Guillaume Leblon, Allan McCollum, Adrien Missika, Joan Mitchell, Matt Mullican, Dieter Roth, Georges Tony Stoll, Gérard Traquandi James Turrell, Kelley Walker. Commissaire : Sandra Patron, directrice du Mrac.
Vues des deux expositions © photographies Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2016. Flatland / Abstractions narratives # 1, Mrac, Sérignan