Le 24 mai 1871, Jules Bergeret, l’un des chefs militaires de la Commune orchestre très consciencieusement l’incendie du palais des Tuileries, symbole d’un régime honni, celui du Second Empire, celui de Napoléon III. "De façon systématique, pétrole, goudron, alcool, essence de térébenthine et liquides inflammables sont répandus sur les parquets, les lambris et les tentures, alors que des barils de poudre sont préparés". En trois jours et trois nuits, le brasier fait disparaître le château voulu par Catherine de Médicis dès l'achat du terrain en 1561 et les débuts de l'édification en 1564. Enfin pas entièrement disparu dans cet incendie volontaire puisque le pavillon et l'aile de Flore, certes reconstruits sous Napoléon III et faisant partie des Tuileries subsistent toujours. Les ruines sont rasées en 1883 après un vote de l’Assemblée nationale en mars 1882 ratifié par le Sénat. Certains éléments subsistent non loin, telles des arcades de Philibert Delorme, l'une remontée au musée du Louvre et une autre dans le jardin des Tuileries juste à côté du musée du Jeu de Paume. Loin du débat, encore aujourd'hui présent : faut-il reconstruire les Tuileries, "le propos de cet ouvrage n'est pas de le trancher comme le souligne Philippe Bélaval, président du Centre des monuments nationaux en présentant cet ouvrage, il est simplement de perpétuer la mémoire d'un élément insigne du patrimoine national". L'on apprendra dans la lecture passionnante de cet ouvrage qu'il était envisagé, en 1880, de restaurer le bâtiment pour l'affecter à un musée d'art moderne et que Charles Garnier proposa trois projets de reconstruction en 1881.
Jean-Eugène Durand (1845-1926). Ruines du palais des Tuileries, après 1871.
C'est en sept essais que l'histoire de cette demeure royale puis impériale et des différents monarchies qui s'y succédèrent resurgit, des Origines du Palais aux Vestiges du château des Tuileries. Cette demeure revit, en des textes alertes, enrichis d'une large iconographie, de nombreuses vues stéréoscopiques avant 1871 des intérieurs du palais, de photographies des ruines, des décors, de l'ameublement, des peintures, sculptures, des objets (verrous de portes) dispersés ou dont la trace n'est plus que photographique.
Vue de l'exposition Spectaculaire Second Empire avec au premier plan Ernest Meissonier (Lyon 1815-1891 Paris), Les Ruines du palais des Tuileries, 1871. Huile sur toile, 132 x 98 cm.. Compiègne, Musée national du château-dépôt du musée d'Orsay, RF 1248 © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, présentation presse de l'exposition Spectaculaire Second Empire,musée d'Orsay, Paris, 26 septembre 2016
Étonnante conjonction des temps. C'est au moment où cet ouvrage paraît que se tient, sur l'autre rive de la Seine l'exposition Spectaculaire Second Empire au musée d'Orsay, ayant d'ailleurs succédé à un bâtiment incendié durant la Commune. Et comme ouverture, quel tableau est présenté, d'ailleurs non reproduit dans ce livre ? Les Ruines du palais des Tuileries, 1871, par Ernest Meissonier (qui peignit l'Empereur à la bataille de Solferino).
Gilles Kraemer
Les Tuileries. Grands décors d’un palais disparu. Textes : Les origines du palais, Guillaume Fonkenell; Décor et mobilier sous le règne de Louis XIV, Yves Carlier; De la Régence à la Révolution, Guillaume Fonkenell; D’un empire à l’autre : les Tuileries de 1800 à 1851, Anne Dion-Tenenbaum; Les Tuileries sous le Second Empire, Bernard Chevallier; La vie aux Tuileries sous le second Empire : le point de vue d’un collectionneur, entretien avec Jean-Denis Serena; Les vestiges du château des Tuileries: “Ce sont les larmes des choses”?, Geneviève Bresc-Bautier. 25 × 31 cm. 288 pages. 280 illustrations. Index des noms de personnes. Relié. ISBN 978-2-7577-0520-9. Éditions du patrimoine-Centre des monuments nationaux, collection Monographies d’édifices. Prix 69 euros
Pour mémoire, exposition Spectaculaire Second Empire, du 27 septembre 2016 - 15 janvier 2017. Musée d'Orsay, Paris.
Liste sélective de lieux où des vestiges des Tuileries sont visibles. À Paris : École nationale supérieure des Beaux-Arts; Jardin des Tuileries; Jardin du Trocadéro; Musée des Arts décoratifs; Musée du Louvre; Square Georges-Cain, Paris. En France : Maison d’Émile Raspail, Arcueil (Val-de-Marne); Théâtre de verdure, Barentin (Seine-Maritime); Musée Roybet-Fould, Courbevoie (Hauts-de-Seine); Château des Pozzo di Borgo, La Punta (Corse du Sud); Château de Varax, Marcilly d’Azergues (Rhône); Musée des Arts décoratifs, Nantes (Loire Atlantique); Villa Magali, Saint-Raphaël (Var); Château du Fresnoy, Salins (Seine-et-Marne).
Jean-Baptiste Fortuné de Fournier (1798-1864). La Galerie de Diane aux Tuileries, 1857. Aquarelle, 37,6 x 47, 3 cm. Paris, musée du Louvre, RF 34435-recto.