De Fragonard à David, les dessins des Beaux-Arts de Paris s'exposent à Custodia
Attention, aucun regard coquin, ni sanglant. D'alcôve vous n'en verrez même pas un rideau, même pas une scène galante, encore moins de barricade. Ne vous attendez pas à découvrir la représentation des doux moments du repos du guerrier en vous rendant à la Fondation Custodia. Custodia, ce lieu magique des plus belles expositions consacrées aux dessins anciens et contemporains à Paris. De l'alcôve aux barricades, l'on est dans ces temps d'un monde disparaissant au profit d'un nouveau porteur d'espoirs mais vite déçu à l'établissement de l'Empire, dans ces temps de l'histoire de l'art se déroulant du rococo au néo-classique, de Fragonard à David, des dernières années du règne de Louis le Bien-Aîmé à la fin de la période révolutionnaire. Pour retracer cette période, 151 dessins sélectionnés par Emmanuelle Brugerolles, conservatrice générale en charge des dessins aux Beaux-Arts de Paris, dans le précieux fonds de dessins de cette institution auxquelles s'ajoutent des œuvres sur papier de Custodia. Pour les accueillir cette fondation néerlandaise avec laquelle depuis longtemps des liens se sont tissés, "deux institutions, voisines de quelques centaines de mètres", comme le souligne avec humour Ger Luijten, directeur de la Fondation. En témoigne, l'exposition d'octobre 2014 consacrée à L'Âge d'or du paysage hollandais par le Cabinet des dessins Jean Bonna - Beaux-Arts de Paris accompagné d'un catalogue scientifique mené par Maria van Berge-Gerbaud, ancienne directrice de la Fondation.lecurieuxdesarts.fr/2014/12/l-age-d-or-du-paysage-hollandais-.
Salle de la formation académique. De gauche à droite : Anthelme-François Lagrenée, pierre nore, estompe et rehauts de craie sur papier beige et Jean-Baptiste Isabey, pierre noire, estompe et craie blanche sur papier brun, tous les deux exécutés pendant la même séance de pose du 9 février 1789; Antoine-Jean Gros,pierre noire, estompe et craie blanche sur papier beinge et Fulchran-Jean Harriet, pierre noire, estompe, rehauts de craie blanche sur papier beige, représentant le même modèle Jean Hevé qui posa à l'Académie entre 1776 et 1793 © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Fondation Custodia, Paris, exposition De l'alcôve aux barricades. De Fragonard à David. Dessins des Beaux-Arts de Paris, décembre 2016
Quelles sont les merveilles présentées ? Des dessins rarement vus de jeunes artistes qui ont fait parti de l'Académie royale de peinture et de sculpture avec des "Académies", la base de l'enseignement de l'époque et des "têtes d'expression" de femmes car elles rendaient au mieux l'expression des passions qu'elles soient d'Attention, de Douleur ou de Surprise. Le voyage à Rome et ses chemins de traverse, le séjour des pensionnaires à l'Académie de France. Une mini exposition Jean-Baptiste Greuze dont naturellement la pierre noire et lavis d'encre de Chine de l'Étude pour Le Fils puni mais, plus étonnant Le Charcutier dont les traits ne sont pas sans évoquer ceux de Denis Diderot avec lequel le peintre était en froid. Et une autre mini exposition de Pierre-Paul Prud'hon dont Homme nu, en buste, la tête de profil à droite, fragment d'une académie. Obligatoirement Jacques-Louis David et sa Tête de pestiféré qui a l'honneur de la couverture du remarquable catalogue de cette exposition. David qui eut tant de résonance sur ses contemporains tel Jean-Germain Drouais -Soldat cimbre- ou Girodet-Trioson -Hippocrate refusant les présents d'Artaxercès-. Ce dernier dessin préparatoire (1) est celui du tableau conservé à Paris, à la Faculté de médecine, musée d'Histoire de la médecine donc rarement exposé; profitez rapidement d'un voyage à Rome pour le voir à la Villa Médicis. .lecurieuxdesarts.fr/2016/12/350-ans-de-creation.les-artistes-de-l-academie-de-france-
Salle des dessins d'architecture. À gauche, détail de Façade de palais de soixante-six toises de Charles de Wailly (1729-1798). Encre de Chine et lavis brun et gris, rehauts d'aquarelle bleue. 0,913 x 2,48 m. // À droite Un pavillon de fête pour un souverain, élévation de Jean-Augustin Renard (1744-1807). Plume et encre de Chine, lavis gris et brun, aquarelle bleue, gouache. 0,895 x 3,615 m. © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Fondation Custodia, Paris, exposition De l'alcôve aux barricades. De Fragonard à David. Dessins des Beaux-Arts de Paris, décembre 2016
Dans les sous-sols, des dessins encore moins souvent présentés, dans les sections dévolues aux Arts décoratifs et aux Dessins d'architecture. Comment ne pas rester stupéfait devant ces immenses feuilles, le Grand Prix d'architecture permettant à son lauréat de partir à l'Académie de France à Rome et la feuille de 3, 5 mètres du Pavillon de fête pour un souverain de Jean-Augustin Renard.
Gilles Kraemer
De l'alcôve aux barricades. De Fragonard à David. Dessins des Beaux-Arts de Paris
Cette exposition est le fruit d'un partenariat entre les Beaux-Arts de Paris et la Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris
15 octobre 2016 - 8 janvier 2017
Fondation Custodia - 75007 Paris
Internetwww.fondationcustodia.fr/francais/
Remarquable et imposant catalogue de 400 pages, sous la direction d'Emmanuelle Burgerolles. Textes de Marius A Castor, Émilie Beck Salello, Mickaël Szanto, Christian Michel, Chiara Stefani, Carl Magnusson, Basile Baudez. Bibliographie, catalogues d'exposition & de vente, index des noms, musées et institutions, provenances. Beaux-Arts de Paris éditions. 39 euros. Comme d'habitude, livret en français accompagnant l'exposition avec notices des pièces exposées, remis gracieusement à tous les visiteurs. Textes de Maud Guichané & Hortense Longequeue. 88 pages.
Jacques-Louis David, Tête de pestiféré, 1780. 212 x 152 mm. Plume et encre noire sur trait de graphite. Inscriptions à la plume et encre brune, en bas : fait à ferrare par david au retour de son premier / voyage de Rome de 1780 et donné à son ami [en parite biffé ... ont] le 7 germinal an 8 de la République française. Le long du bord droit : étude de la tête du pestiféré / de mon tableau de St Roch qui est à / marseille. Provenance : Jacques-Edouard Gatteaux; marque en bas à gauche (L. 852); legs à l'EBA en 1881. Inv. EBA 729 © Collection des Beaux-Arts de Paris. Prise de vue Thierry Ollivier. Le tableau dont il est fait mention est Saint Roch intercède la Vierge pour la guérison des pestiférés, musée des Beaux-Arts de Marseille
(1) lecurieuxdesarts.fr/2016/12/350-ans-de-creation.les-artistes-de-l-academie-de-france-a-rome-de-louis-xiv-a-nos-jours.i-350-anni-della-fondazione-dell-accademia au sujet de la toile Hippocrate refusant les présents d'Artaxerxès, 1792, Anne-Louis Girodet-Trioson (1767-1824). Huile sur toile, 99,5 x 135 cm. Paris, Faculté de médecine, musée d'Histoire de la médecine et de l'exposition 350 ans de création. Les artistes de l'Académie de France à Rome de Louis XIV à nos jours. 350 anni di creatività. Gli artisti dell'Accademia di Francia a Roma da Luigi XIV ai nostri giorni.
Anne-Louis Girodet de Roucy-Trioson dit Girodet-Trioson (Montargis 1767-1824 Paris), Hippocrate refusant les présents d'Artaxerxès, 1792. Huile sur toile, 99,5 x 135 cm. Paris, Faculté de médecine, musée d'Histoire de la médecine © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer. Exposition 350 ans de création. Les artistes de l'Académie de France à Rome de Louis XIV à nos jours. Académie de France à Rome-Villa Médicis, Rome, novembre 2016
Détail d'Hippocrate refusant les présents d'Artaxerxès, 1792, Anne-Louis Girodet-Trioson (1767-1824). Huile sur toile, 99,5 x 135 cm. Paris, Faculté de médecine, musée d'Histoire de la médecine © photographie Daniele Molajoli
Anne-Louis Girodet-Trioson (1767-1824), Hippocrate refusant les présents d'Artaxerxès. Pierre noire sur papier. 235 x 311 mm. Don de Mme Valton à l'EBA en 1908. Inv. n°EBA 1024. Un autre dessin préparatoire est conservé au musée Bonnat-Helleu de Bayonne, musée dont la réouverture est prévue fin 2019 après des travaux de rénovation et son agrandissement © remerciement à Vincent Delaury
Prochaines expositions : La Quête de la ligne. Trois siècles de dessin en Allemagne. Du 4 février au 7 mai 2017. Pour la première fois en France, l'importante collection de dessins de l'historien de l'art allemand Hinrich Sieveking est présentée au public. Plus de 100 feuilles retracent l'histoire du dessin en Allemagne, du début du XVIIe siècle jusqu'à la fin du XIXe siècle // Du dessin au tableau au siècle de Rembrandt. Du 4 février au 7 mai 2017, après la National Gallery of Art à Washington à l'automne 2016. Pour la première fois, après quatre siècles de séparation, sont réunis des tableaux hollandais avec leurs dessins préparatoires.
© photographies Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Fondation Custodia, Paris, exposition De l'alcôve aux barricades. De Fragonard à David. Dessins des Beaux-Arts de Paris, décembre 2016