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Ippolito Caffi, Neige et brouillard, vers 1842. Huile sur carton entoilé, 26 x 42 cm.. Signé en bas à droite. Au verso Venezia / neve e nebbia / Caffi. Inv. 1758

"Un Vénitien après Canaletto, après Bonington, après Joyant, après Wildt, après Ziem, a trouvé le moyen de peindre Venise d'une nouvelle façon. Sa vue du Grand Canal et de Santa Maria della Salute en hiver, avec un linceul de neige sur les coupoles et les palais, est une authentique nouveauté". De qui parlait Théophile Gautier, en 1856, dans Les beaux-arts en Europe, en décrivant après avoir vu lors de l'Exposition universelle de Paris en 1855, un tableau intitulé Neige et brouillard, au titre si impressionniste à l'avance ? D'Ippolito Caffi, natif de Belluno en Vénétie du Nord en 1809, mort à la bataille navale de Lissa le 20 juillet 1866 lors du conflit austro-italien, embarqué à bord du navire amiral Le roi d'Italie coulé à pic sous les bombardements. Caffi avait-il eu quelques prémonitions en écrivant, un mois avant, à Giuseppe Codemo "je t'assure, mon très cher ami, qu'il y a certains instants de la vie pendant lesquels le danger, quoi qu'il en soit, n'est rien en comparaison de la compensation que l'on peut en tirer pour l'art et pour la gloire d'un artiste". 

 

 

Ippolito Caffi, Paris : Boulevard et porte Saint Denis, 1855. Huile sur carton entoilé, 32,6 x 51 cm.. Signé et daté Caffi 1855. Inv. 1780

L'on devrait se méfier des veuves des artistes. A trop en faire, avec cette louable volonté d'honorer ou de vouloir honorer l'œuvre de leur conjoint, ceci risque de faire choir définitivement l'être aimé dans l'abîme de l'oubli. C'est ce qui arriva à Ippolito Caffi lorsque sa veuve Virginia offrit par testament en 1888, à la Sérénissime "tous les tableaux, les dessins, et les études de mon mari éternellement pleuré Ippolito Caffi". Conservés dans les réserves du musée d'Art moderne de Venise, la Ca'Pesaro, ils n'étaient présentés que d'une façon parcellaire. 150 années après la mort de Caffi et celle aussi de l'annexion de Venise et de la Vénétie au royaume d'Italie, le musée Correr offre enfin une grande exposition-reconnaissance à cet artiste en présentant l'intégralité des 157 peintures données par sa veuve à la cité lagunaire. Reconnaissance initiée en 1988 à Mestre, en 2011 à Venise et à Trieste en 2015. Qui était ce védutiste dont Annalisa Scarpa, la commissaire de l'exposition, dans sa longue introduction très scientifique, perçoit l'existence comme le "déroulé d'un roman [...] vivant intensément sa vie et son art". Sa trajectoire sera celle d'un voyage artistique en Orient, d'un engagement politique comme capitaine dans la Garde civile vénitienne en 1848 lorsque la Sérénissime s'insurge contre l'occupation autrichienne ce qui lui vaudra d'être exilé lors de la troisième domination autrichienne en Vénétie, ne regagnant cette ville qu'en 1858, et de multiples déplacements d'exilé entre la Suisse, Londres, l'Espagne et Paris, avec de longs séjours romains.

Ippolito Caffi, Rome : Colisée illuminé par des feux de Bengale, 1864. Huile sur carton entoilé, 36 x 29 cm.. Inv. 1695 © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse de l'exposition Ippolito Caffi. Tra Venezia e l'Oriente. 1809-1866

C'est à un voyage, entre Venise et l'Orient, tra Venezia e l'Oriente que nous propose le musée Correr, comme une belle histoire, sur les pas de cet infatigable capteur des paysages et des villes, ce "canalettiano" par culture mais sensible pleinariste. Venise qu'il peint n'est pas celle destinée aux amateurs du Grand Tour, souhaitant rapporter "un souvenir" de la Sérénissime, comme une carte postale fidèle. C'est la Venise de la quotidienneté, une Venise neige et brouillard (vers 1842) dans son impalpabilité, une Piazzetta effet matinal (1847-1849) avec des bateaux de commerce qui ne sont pas les navires de croisière titanesques dans le Bacino, une Venise festive lors d'une soirée du Carnaval dans des effets nocturnes dans lesquels il excelle. Sa Fête nocturne piazza San Marco (1858) est un merveilleux moment théâtral comme si la place surgissait de l'obscurité, maîtrise parfaite qu'il réitère dans le Paris : Boulevard et porte Saint Martin (1855) ou ses deux intérieurs du Colisée illuminé par des feux de Bengale (1864). 

Ippolito Caffi, Athènes : Intérieur du Parthénon, 1843. Huile sur carton entoilé, 23 x 34 cm.. Signé et désigné Caffi. Il Partenone. Inv. 1747

Si "Venise était le refuge de l'âme", "Rome est la majesté de la perspective" dans son cadrage étonnant du Côté du Panthéon (1837) placé dans l'obscurité, dans ses lignes de fuite de la Piazza del Popolo (1842) ou l'immensité de la Place Saint Pierre (1856) vide, totalement vide pour accorder toute sa dimension à la basilique. "Fascination des sirènes de l'Orient" qu'il parcourra, entre septembre 1843 et février 1844, entre Grèce, Empire ottoman et Nubie avec toujours son regard de reporter et de voyageur et non de touriste. Naturellement les vues des ruines de l'Acropole puis la découverte de la mystérieuse Constantinople et de la Corne d'or, la foule du bazar du Caire, les temples de Karnak et de Thèbes, Jérusalem, Baalbek. Puis les villes d'exil, avec comme une lassitude de son pinceau, des paysages non parcourus de flammes, telle l'envie de revenir très vite vers la mère patrie

Ippolito Caffi, Rome : Vol en ballon, 1847. Huile sur carton entoilé, 27 x 43 cm.. Signé et daté Volo dell'autore Caffi. Roma 5 aprile 1847. Inv. 1700 © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse de l'exposition Ippolito Caffi. Tra Venezia e l'Oriente. 1809-1866

Ippolito Caffi, une vie de voyageur, entre art et passion politique. Intrépide il le fut ! Ce reporter-peintre convainc l'aéronaute lyonnais François Arban de l'emmener survoler Rome "comme un nouveau téméraire Colomb", le 5 avril 1847, cette ville qu'il décrira en un "délicat sfumato de rose et de jaune" à l'aube naissante dans Roma : Volo sul pallone.

Ippolito Caffi, Bombardement nocturne à Marghera, 25 mai 1849, 1849. Huile sur toile, 25 x 43 cm.. Daté en bas à droite Marghera 25 maggio 1849. Inv. 4515

Toujours au plus prêt de l'action, du feu de l'action même, il retranscrit le Bombardement nocturne de Marghera, 25 mai 1849 par les Autrichiens de ce fort jusqu'à la capitulation des Vénitiens, un moment d'effets lumineux dans une nuit sans lune avec l'incendie dans le fond et les explosions dans le ciel. Sa curiosité irréfragable de voir et de dessiner les batailles lui fut fatale, trouvant la mort dans le naufrage du Roi d'Italie. Mais, qu'allait-il donc faire dans ce bateau, ce 20 juillet 1866 ?

Gilles Kraemer (déplacement et séjour à titre strictement personnel)

 

Ippolito Caffi. Entre Venise et l'Orient. 1809-1866. La collection des Musées municipaux de Venise  // Ippolito Caffi. Tra Venezia e l'Oriente. 1809-1866. La collezione dei Musei Civici di Venezia

28 mai - 20 novembre 2016. Prolongation jusqu'au 8 janvier 2017

28 maggio - 20 novembre 2016 / Prorogata fino al 8 gennaio 2017

Musée Correr - place Saint-Marc - Venise

vaporetto Vallaresso

Commissariat d'Annalisa Scarpa. Catalogue. Texte d'Annalisa Scarpa : Ippolito Caffi, une vie en voyage entre art et passion politique / Ippolito Caffi, una vita in viaggio tra arte e passione politica. Textes : Venise, refuge de l'âme / Venezia, rifugio dell'anima ; Rome, professeur de perspective / Roma, maestra di prospettiva ; Fascination des sirènes de l'Orient / Fascino delle sirene d'Oriente ; Les villes de l'exil / Le città dell'esilio. Liste des 157 oeuvres de Caffi, peintes entre 1834 Rome, Trinità dei Monti et 1865 Venise, panorama offertes par sa veuve Virginia Missama en 1889, avec leur concordance dans le catalogue de l'exposition. Les 157 Caffi sont reproduits. Ouvrage très exhaustif de son œuvre peint. 240 pages. Éditeur Marsilio Editori. Prix 30 € à l'exposition, 35 € en librairie.

Exposition produite par Fondazione Musei Civici di Venezia avec Civita Tre Venezie & Villaggio Globale International

correr.visitmuve.it/it/mostre/mostre-in-corso/mostra-ippolito-caffi-1809-1866/2016/04/17732/ippolito-caffi-1809-1866-tra-venezia-e-loriente/

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Ringraziamenti a Riccardo B. & Antonella L..

Ippolito Caffi, un védutiste-reporter sorti de l'oubli. Musée Correr, Venise  //  Ippolito Caffi, un vedutista-giornalista uscito del oblio. Museo Correr, Venezia .
Ippolito Caffi, un védutiste-reporter sorti de l'oubli. Musée Correr, Venise  //  Ippolito Caffi, un vedutista-giornalista uscito del oblio. Museo Correr, Venezia .
Ippolito Caffi, un védutiste-reporter sorti de l'oubli. Musée Correr, Venise  //  Ippolito Caffi, un vedutista-giornalista uscito del oblio. Museo Correr, Venezia .
Ippolito Caffi, un védutiste-reporter sorti de l'oubli. Musée Correr, Venise  //  Ippolito Caffi, un vedutista-giornalista uscito del oblio. Museo Correr, Venezia .
Ippolito Caffi, un védutiste-reporter sorti de l'oubli. Musée Correr, Venise  //  Ippolito Caffi, un vedutista-giornalista uscito del oblio. Museo Correr, Venezia .
Ippolito Caffi, un védutiste-reporter sorti de l'oubli. Musée Correr, Venise  //  Ippolito Caffi, un vedutista-giornalista uscito del oblio. Museo Correr, Venezia .
Ippolito Caffi, un védutiste-reporter sorti de l'oubli. Musée Correr, Venise  //  Ippolito Caffi, un vedutista-giornalista uscito del oblio. Museo Correr, Venezia .
Ippolito Caffi, un védutiste-reporter sorti de l'oubli. Musée Correr, Venise  //  Ippolito Caffi, un vedutista-giornalista uscito del oblio. Museo Correr, Venezia .
Ippolito Caffi, un védutiste-reporter sorti de l'oubli. Musée Correr, Venise  //  Ippolito Caffi, un vedutista-giornalista uscito del oblio. Museo Correr, Venezia .

© photographies Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse de l'exposition Ippolito Caffi. Tra Venezia e l'Oriente. 1809-1866

Tag(s) : #Italie, #Venise, #Expositions à l'étranger