62, rue de Varenne. Robert de Balkany (article actualisé avec les adjudications)
Hôtel de Feuquières, rue de Varenne © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Paris, 9 septembre 2016
Vente de la Collection Robert de Balkany, première partie, mardi 20 octobre 2016. Les résultats de cette première vente ont atteint 13.301.125 € (14.969.618 $) commission d'achat incluse, (95% des lots vendus et 94% en valeur), ( 131 lots offerts. 124 vendus/ 7 invendus) soit l’estimation basse de la totalité de la collection. 80% des lots se sont vendus dans la fourchette des estimations ou au-dessus de leur estimation haute. Remerciements photographie Sotheby’s / Art digital studio
Le temps est suspendu au 62, rue de Varenne, dans le périmètre proustien du faubourg Saint-Germain. Les 90 pendules et cartels - une encyclopédique histoire de l'horlogerie européenne du XVIe jusqu'au XIXe siècle - se sont arrêtées. Du temps de Robert de Balkany, une personne était chargée de les remonter chaque semaine.
Hôtel de Feuquières, rue de Varenne © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Paris, 9 septembre 2016
La plus importante, celle au Jour et la Nuit en ébène, marqueterie d'écaille et de laiton, bronze patiné et doré d'époque Régence, par André-Charles Boulle (1642-1732), le cadran et le mouvement par André Gilbert. L'on suit sa provenance depuis l'inventaire après décès d'Étienne Perrinet de Jars, en 1762 (est. 300 000 - 500 000 €). La quintessence du XVIIIe siècle : l'important cartel en bronze doré d'époque Régence, vers 1725, et gaine en marqueterie en contrepartie de laiton, écaille, nacre et corne teintée d'époque Louis XV, vers 1730-1740, la gaine attribuée à Jean-Pierre Latz (est. 100 000 - 200 000 €). La plus étonnante, l'Horloge planétaire signée Raingo à Paris, vers 1820, dont le dispositif du "tellurium" présente les mouvements du système semi-solaire (est. 100 000 - 150 000 €). Une des plus anciennes, une importante horloge de table au turmchenuhr à sonnerie des heures et des quarts, le mouvement portant le poinçon de Nicolaus Schmidt l'aîné, Augsbourg, vers 1600 (est. 15 000 - 25 000 €). Pour en apprendre plus sur ces horloges, participez à la visite commentée lundi 19 septembre à 12 h chez Sotheby's.
Détail du Cabinet en pierres dures, ébène, bronze doré et argent, travail romain, vers 1620. Hôtel de Feuquières, rue de Varenne © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Paris, 9 septembre 2016. Acquis 2.499.000 euros par le J. Paul Getty Museum
Robert de Balkany, plus exactement Robert Zellinger de Balkany n'est plus. Il avait tout. Alliances avec le quai d'Orsay et ses ministres de la République puis avec la Famille d'Italie, par ses deux mariages. Voisinage du pouvoir, l'Hôtel de Feuquières étant à quatre pas de celui de Matignon. Passion du cheval et du polo qu'il pratique jusqu'à ses 60 ans. Réussite d'un capitaine d'entreprise ayant eu le génie de créer des centres commerciaux en France. Toutes ces évocations ressortent lorsque l'on déplie la jaquette enserrant les deux catalogues que Sotheby's en association avec Leclère Maison de ventes lui dédient. Vente galerie Charpentier dans quelques jours et quatre sessions pour la dispersion des 792 numéros. La pièce exceptionnelle : le Cabinet en pierres dures, ébène, bronze doré et argent, travail romain, vers 1620, provenant du pape Paul V Borghèse, puis du roi George IV. Sa hauteur : 178 centimètres, posé sur une console de 84 centimètres de haut, un palais en miniature (est. sur demande). Acquis pour 2.499.000 euros (2.812.475 $) par le J. Paul Getty Museum, ce Cabinet en pierres dures, travail romain, vers 1620, provenant du pape Paul V Borghèse et du roi George IV détient le record mondial pour une pièce de mobilier romain
Commodestrong> à portes en acajou flammé et monture de bronze doré de la fin de l'époque Louis XVI, vers 1790, estampillé B. Molitor. La façade à décor de palmettes, rinceaux et griffons affrontés, ouvrant à trois tiroirs en ceinture et deux vantaux dont l'un à brisure, découvrant trois tiroirs à l'anglaise (est. 300 000 - 500 000 €). Hôtel de Feuquières, rue de Varenne © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Paris, 9 septembre 2016
Un lot faisant l'objet d'un classement au titre des Monuments historiques, ayant certainement appartenu au duc de Choiseul-Praslin (1756-1808) dans son hôtel particulier de la rue de Grenelle : une commode à portes en acajou flammé et monture de bronze doré et un secrétaire à abattant en acajou flammé et monture de bronze doré, tous deux de la fin de l'époque Louis XVI, vers 1790, estampillés B. Molitor (est. 300 000 - 500 000 €, la commode a été acquise par un collectionneur privé pour 243 000 euros, un très judicieux achat ; est.150 000 - 300 000 €).
George Stubbs (1724-1806), Portrait du chien blanc du vicomte Gormanston (1781). Huile sur panneau, 90,5 x 137,5 cm. (est. 200 000 - 300 000 €). Hôtel de Feuquières, rue de Varenne © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Paris, 9 septembre 2016. Acquis 459.000 euros par un collectionneur privé sur une estimation 200 000 / 300 000 euros.
Brillant, c'est peu de le dire lorsque l'on songe aux deux salons en enfilade, le jaune et le rouge, du 1er étage, s'ouvrant sur une immense terrasse-jardin, tant l'or de la dorure des portes et des plafonds brille à en rendre étourdie une pie et que les galons des coussins des grands canapés rouge laissent voir quelques fils argentés. Avec de nombreux objets en malachite. Ce décor était le sien, son goût, il l'avait choisi pour mettre en valeur le Portrait en pied de Nicola Doria par Le Tintoret (1545) dialoguant avec le Portrait d'Anne Sophie,comtesse de Carnavon (1643) acquis aux enchères en 2013 et 2010 (est. 200 000 - 300 000 € pour ce jeune aristocrate génois de vingt ans et est. 800 000 - 1 200 000 € pour madame). Ou La Bataille de Lépante attribuée à Le Tintoret (est. 300 000 - 500 000 €, adjugé 315 000 euros à un collectionneur privé) face au Portrait du chien blanc du vicomte Gormanston (1781), une huile sur panneau de George Stubbs (est. 200 000 - 300 000 €).
Hôtel de Feuquières, rue de Varenne © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Paris, 9 septembre 2016. La paire de grandes consoles vers 1870, attribuée à Albert-Ernest Carrier-Belleuse, sur une estimation de 400.000 - 600.000 euros fait le bonheur d'un collectionneur privé pour 675 000 euros.
Encore plus chargé, le salon vert décoré par Jacques Garcia, avcc son exceptionnelle paire de grandes consoles en bronze doré, bronze patiné et loupe d'amboine, les figures attribuées à Carrier-Belleuse sous la direction de la maison Barbedienne, vers 1870 (est. 400 000 - 600 000 €).
Changement de décor total dans la partie privée, au dessus, plafonds bas, dans une successions de salons enclins pour des conversations, dans une mise en décoration d'Henri Samuel dans les années 1980. Mais toujours cette brillance avec les robinets en métal doré des lavabos et des baignoires.
Gilles Kraemer
Robert Zellinger de Balkany. Rue de Varenne, Paris
Sotheby's en association avec Leclère Maison de ventes
Expositions publiques et ventes chez Sotheby's, galerie Charpentier
76, rue du Faubourg Saint-Honoré
Paris
vente du 20 septembre 2016, exposition publique du 15 au 19 septembre
vente des 28 et 29 septembre 2016, exposition publique du 24 au 27 septembre
www.sothebys.com/en/auctions/2016/robert-de-balkany-rue-de-varenne-paris-pf1660.html pour parcourir le catalogue
Hôtel de Feuquières, rue de Varenne © photographies Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Paris, 9 septembre 2016
Hôtel de Feuquières, rue de Varenne © photographies Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Paris, 9 septembre 2016
Hôtel de Feuquières, rue de Varenne © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Paris, 9 septembre 2016