De Jannis Kounellis à Pino Pascali. Imagine. Effervescence des nouvelles images de l'art italien 1960-1969 / Imagine. Effervescenza delle nuove immagini nell'arte italiana 1960-1969. Venise
Jannis Kounellis (né en 1936), Margherita di fuoco, 1967. Ferro, becco con collettore, tubo di gomma, bombola a gas. Ø 90 x 30 cm.. Roma, collezione Mario Pieroni © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, juin 2016, exposition IMAGINE. Nuove immagini nell’arte italiana 1960-1969, Collezione Peggy Guggenheim, Venise
"Le dictionnaire anglais propose comme définition du verbe "to imagine" celle qui correspond à la formation d'une image mentale, quelque chose qui n'est pas présent aux sens, et le titre de cette exposition, "Imagine", part justement du reconnaître comment le "former une image" soit un motif récurrent et en évolution dans l'art italien de la décennie des années soixante. L'exposition [IMAGINE. Nuove immagini nell’arte italiana 1960-1969] entend dépasser les soi-disant orthodoxies, en libérant les richesses visuelles de chaque appartenance à des mouvements et des étiquettes et, en présentant, au travers un "échantillon" intense et particulier, ce qui se développa en Italie autour de la naissance et de l'utilisation de la figure.". Massimo Barbero propose ainsi le fil d'Ariane fort et limpide de l'art italien, de ces dix intenses années 60, dans un choix resserré de 45 œuvres, en des scansions fortement marquées.
Domenico Gnoli, Striped Trousers, 1969. Acrilico e sabbia su tela. 170 x 160 cm.. Rome, collection privée © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, juin 2016, exposition IMAGINE. Nuove immagini nell’arte italiana 1960-1969, Collezione Peggy Guggenheim, Venise
Fabio Mauri, Francesco Lo Savio, Mario Schifano, Franco Angeli dans le Materia e schermo, totalement abstrait, lorsque l'œuvre se soustrait derrière un écran. L'existence de la figuration d'une Nuova mitologica Tano Festa, Giosetta Fiorini (la seule femme !) et Mario Ceroli. Mario Schifano - mon coup de cœur - auquel une place cruciale est accordée au mitan de cette exposition. Naturellement Domenico Gnoli (1933 - mort à 37 ans) avec ses "images" toujours reconnaissables, celui qui proclamait que "la peinture est l'unique chose acceptable", le Gnoli du détail vestimentaire agrandi à l'extrême d'une façon réaliste et poétique.
Au premier plan Michelangelo Pistoletto, Mappamondo, 1966-1968. Giornali compressi e ferro. Ø de la sphère 100 cm., Ø de la structure 180 cm.. Collection Lia Rumma // Au fond, à gauche, Giulio Paolini, Autoritratto, 1968. Fotografia su tela, emulsionata, filo di nylon. 98 x 74 cm.. Bari, collezione Angelo Baldassarre // Au fond, à droite, Mimmo Rotella, Yalta, 1963. Riporto fotografico su tela. 95 x 95 cm.. Collection privée © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, juin 2016, exposition IMAGINE. Nuove immagini nell’arte italiana 1960-1969, Collezione Peggy Guggenheim, Venise
L'intrusion des photographies et la position naissante et vite incontournable des medias incitaient l'intervention d'un Mimmo Rotella, Mario Schifano, Giulio Paolini. Et Michelangelo Pistoletto se moquant des journaux en les transformant en une immense boule de papier encagée dans une mappemonde. Dans la conclusion de ce parcours empli de poésie, Michelangelo Pistoletto, Jannis Kounellis (dont nous avions vu une œuvre très forte, au Pavillon de l'Italie lors de la biennale de l'art 2015) et Pino Pascali avec son étonnante Décapitation du rhinocéros même si cet animal nourri d'une portée métaphysique n'est pas présenté démembré.
Pino Pascali (né en 1935), La decapitazione del rinoceronte, 1966-1967. Tela dipinta su centine di legno, tre elementi. 100 x 130 x 90 cm.. Collection Lia Rumma // Sur le mur du fond Michelangelo Pistoletto, Rosa bruciata, 1965. Cartone ondulato bruciato e vernice a spruzzo. 140 x 140 x 100 cm.. Biella, collection Fondation Pistoletto © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, juin 2016, exposition IMAGINE. Nuove immagini nell’arte italiana 1960-1969, Collezione Peggy Guggenheim, Venise
Une couverture de catalogue avec l'Autoportrait (1968) de Giulio Paolini, enfin presque, puisqu'en réalité c'est celui du plus italien et du plus romain des peintres français : Nicolas Poussin ! Visuel repris pour l'affiche comme est retenu aussi un détail de L'inverno attraverso il museo (1965) de Mario Schifano, entre abstraction et figuratif. Senza titolo (1967) de Jannis Kounellis, de la série Il giardino pour le caliquot sur les murs du palazzo Venier dei Leoni. De quoi être légèrement perdu par tous ces grands écarts de propositions artistiques.
Jannis Kounellis ouvre cette courte décennale d'une trajectoire de l'art italien, paraissant si lointaine, où l'implication des galeries fut primordiale, qu'elles soient romaines : L'Attico, La Salita, Selecta, La Tartaruga ou turinoises : Notizie, Enzo Sperone ou Stein, des pôles de la modernité dans la péninsule. Jannis Kounellis, le grec du Pirée, avec sa Marguerite de fer (1967) cracheuse de feu par son cœur nous accueille comme pour nous susurrer : attention vous allez vous enflammer en (re)découvrant les étincelles de tous ces artistes, effeuillant jusqu'à la folie toute la vivacité créatrice italienne dans cette exposition se terminant par Rosa Bruciata (1965) de Michelangelo Pistoletto, faite de cartons brûlés. N'y aurait-il plus rien après 1970 ? Tout ce flamboiement artistique se serait-il consumé après 1970 ?
Tano Festa, La grande odalisca, 1964. Smalto e carta emulsionata su legna. 160 x 253 cm.. Rome, collection privée © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, juin 2016, exposition IMAGINE. Nuove immagini nell’arte italiana 1960-1969, Collezione Peggy Guggenheim, Venise
Dès la première salle - c'est une constante des expositions de Guggenheim, à l'aune des expositions vues - la limpidité de l'accrochage frappe. Commencer d'une façon aussi minimaliste pour, dans un crescendo, terminer dans la matérialité et le palpable de la dernière salle, bravissimo. Évanescence de Fabio Mauri (Drive In House, 1960) donnant à voir jusqu'à l'immatérialité de Francesco Lo Savio, Spazio luce (1960) de la collection Pinault ou de La lupa (1964) de Franco Angeli. Retour triomphant du classicisme dans un vibrant hommage des Maîtres revisités : Ingres chez Tano Festa par sa grande Odalisque (1964); tiens, tiens, ne vous fait-elle pas songer à celle de Martial Raysse que ce dernier colorisa ! Sandro et naturellement son emblématique Vénus que Giosetta Fiorini a souhaité morceller en Particolare della nascita di Venere (1965).
Mario Schifano, L'inverno attraverso il museo, 1965. Smalto su carta intelata. 220 x 300 cm.. Collection privée © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, juin 2016, exposition IMAGINE. Nuove immagini nell’arte italiana 1960-1969, Collezione Peggy Guggenheim, Venise
Mario Schifano, Corpo in moto e in equilibrio, 1963. Acrilico su tela, trittico. 200 x 300 cm.. Remerciements Fondazione Marconi, Milano © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, juin 2016, exposition IMAGINE. Nuove immagini nell’arte italiana 1960-1969, Collezione Peggy Guggenheim, Venise
Mario Schifano (1934-1998), ma révélation de cette exposition, dans son balancement entre une revisitation des futuristes et du ballet Relâche de Picabia L'Inverno attraverso il museo (1964) ou un hommage des plus appuyé au grand Matisse avec Io non amo la natura (1964) ou Central Park East (1964) et encore plus dans la Danse pour Corpo in moto e in equilibrio (1963). Mon coup de cœur dans l'éblouissement de ces deux salles pour ce grand et sincère peintre, maître total de la couleur et du trait. Le souhait d'une nouvelle rétrospective, après celle commune au Galleria nazionale d’arte moderna e contemporanea à Rome, à Milan puis au musée d'art moderne de Saint-Étienne en 2009, en regardant toutes ses toiles, serait-il possible ?
Au premier plan, Michelangelo Pistoletto, Scultura lignea (Oggetti in meno 1965-1966), 1965-1966. Sculpture antique en bois, plexiglas, base en bis. 170 x 30 x 25 cm.. Bella, fondation Pistoletto // Au fond, Jannis Kounellis, Senza titolo, 1967. Tessuto e cucitura su tela. 243 x 187 cm.. Remerciements à l'artiste © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, juin 2016, exposition IMAGINE. Nuove immagini nell’arte italiana 1960-1969, Collezione Peggy Guggenheim, Venise
En partant, regardez attentivement la sculpture ancienne revisitée par Pistoletto (né en 1933) par l'adjonction d'un plexiglas. Ne vous fait-elle pas souvenir de Danh Vo (né en 1975) si présent à Venise, en 2015, à la Punta della Dogana et au Pavillon du Danemark. Date de sa création ? 1965-1966. Éternel retour d'une éternelle influence des Grands anciens... .
Un parcours éclairant sur cette courte période pétillante et foisonnante de l'avant-garde. Meraviglioso.
Gilles Kraemer
déplacement et séjour à titre strictement personnel à Venise
Remerciements habituels à M.-R.C., stampa de Peggy Guggenheim, Venezia
Vues de l'exposition IMAGINE. Nuove immagini nell'arte italiana 1960-1969 © photographies Le Curieux des arts Gilles Kraemer, juin 2016, exposition IMAGINE. Nuove immagini nell’arte italiana 1960-1969, Collezione Peggy Guggenheim, Venise
IMAGINE. Nuove immagini nell’arte italiana 1960-1969
23 avril – 19 septembre 2016
Collezione Peggy Guggenheim / Palazzo Venier dei Leoni - 701 Venezia
vaporetto Linea 1/2, fermata Accademia
www.guggenheim-venice.it/exhibitions/imagine/imagine.html
Commissariat de Luca Massimo Barbero, commissaire associé Collezione Peggy Guggenheim, Francesca Pola, recherche et coordination scientifique & Laura Corazzol assistante du commissaire
Catalogue, sous la direction de Luca Massimo Barbero. Textes de Luca Massimo Barbero Materia e schermo; Francesca Pola Una nuova mitologia; Luca Massimo Barbero Mario Schifano. Immagini tra memoria e futuro; Walter Guadagnini De metaphisica e d’altri prodigi. Per Domenico Gnoli; Domenico Gnoli; Francesca Pola L’immagine mediata; Immagine, fotografia, media; Luca Massimo Barbero La forma della metafora, le forme della natura. En langue italienne ou anglaise. 288 pages, 319 illustrations. Éditions Marsilio Editori, Venezia. Prix 35 € à l'exposition, 40 € en librairie. Pour celui qui n'aura pas vu l'exposition, les œuvres présentées ne sont pas spécifiquement désignées dans le catalogue par une marque distinctive; un indice : elles se trouvent sur la page de droite avec une notice réduite au minimum du minimum.
L'exposition IMAGINE. Nuove immagini nell’arte italiana 1960-1969 bénéficie du soutien de Intrapresae Collezione Guggenheim, de la Private Bank BSI et de la Regione del Veneto. Contributions de Christie's et de Montblanc. Collaboration de Corriere della Sera et d'Hangar Design Group. Les projets éducatifs bénéficient de l'aide de la Fondazione Araldi Guinetti, Vaduz.
Prochaine exposition La mia arma contro l’atomica è un filo d’erba TANCREDI. Una retrospettiva. 12 novembre 2016 – 13 mars 2017. Rétrospective Parmeggiani (1927- se suicide le 22 septembre 1964).
Giulio Paolini, Autoritratto, 1968. Fotografia su tela, emulsionata, filo di nylon. 98 x 74 cm.. Bari, collezione Angelo Baldassarre. Remerciements Giulio Paolini, Torino © Giulio Paolini // Remerciements service de presse Fondazione Peggy Guggenheim
Marino Marini, L'Ange de la ville,1948 (fonte 1950 ?). Bronze. Collection Peggy Guggenheim, Venise © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, juin 2016, Collezione Peggy Guggenheim, Venise