Fascinants Vivarini, entre Gothique et Renaissance. I Vivarini. Lo splendore della pittura tra Gotico e Rinascimento
Bartolomeo Vivarini, détail de San Michele arcangelo e sant’Antonio da Padova, 1483. Tempera sur bois, 116 x 50 cm. Bari, Pinacoteca Metropolitana "Corrado Giaquinto" © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite de presse exposition I Vivarini Lo splendore della pittura tra Gotico e Rinascimento, Conegliano, 2016.
Fascinants Vivarini. Fascinosi Antonio, Bartolomeo & Alvise Vivarini, tra Gotico e Rinascimenti, trois artistes entre 1440 à 1503, entre peintures pour églises et congrégations religieuses et peintures de dévotion privée. Une famille de peintres vénitiens comme le fut celle des Bellini (Jacopo et ses fils Giovanni et Gentile au XVIe siècle) ou celle des Tiepolo (Giambattista et ses fils au XVIIIe siècle).
Alvise Vivarini, La Vergine con il Bambino e i santi Pietro, Gerolamo, Agostino e Maddalena,1500. Huile sur bois 145 x 100 cm.. Inscription en bas à droite, sur un petit papier : Alovisius Vivarinus / de Murano Pinxit / Venetiis. 1500. Amiens, Musée de Picardie
© photo Marc Jeanneteau / Musée de Picardie, n° inv. M.P. 173
À Conegliano, ville à une heure seulement depuis Venise par le train - quelle facilité de se déplacer en Italie en chemins de fer ! - cette fascination se meut en un fabuleux souvenir après la visite de l'exposition I Vivarini lo splendore della pittura tra Gotico e Rinascimento. La première consacrée uniquement aux Vivarini. Seulement 32 numéros, pas un de plus, pas un de moins, le meilleur, l'acmé pour ces œuvres toutes venues d'Italie, exceptées le Polyptyque de Parenzo d'Antonio du musée de Poreč (ou Parenzo) en Croatie et de la Madone avec l'Enfant, trois saints et Marie-Madeleine, une merveille d'Alvise (1500) dans une composition pyramidale en sa moitié supérieure, conservée par le chanceux musée de Picardie d'Amiens depuis 1869. Le parcours est très simple et tellement évident : par prénom et chronologiquement pour ce trio de choc. Ils étaient trois : les deux frères Antonio (Murano, entre 1415/1420 - 1476/1484) et Bartolomeo (Murano vers 1430 - après 1491) et le fils et neveu Alvise (1442/1453 - 1504/1505).
Antonio Vivarini, Madonna con Gesù bambino in trono, San Nicola di Bari, San Simeone profeta, San Francesco d’Assisi, San Giacomo maggiore. Sur le registre supérieur Santa Maria Maddalena, San Cristoforo, Sant’Antonio abate, Santa Caterina d’Alessandria (Polittico di Parenzo), 1440 Tempera et dorure sur bois, 180 x 220 cm.. Inscription sur le trône de la Vierge : 1440 Antoni[u]s de Murano pinxit hoc o[pus]. Parenzo (Poreč), Museo della Basilica Eufrasiana. Ljubo Gamulin
© Hrvatski restauratorski zavod
Le polyptyque de Parenzo Madone avec l'Enfant et des saints avec le Christ en passion, première oeuvre signée et datée d'Antonio Vivarini (1440) dans tous ses ors du Gothique annulant tout effet de perspective et Madone au trône avec l'Enfant (vers 1441) des Gallerie dell'Accademia de Venise sont une captivante introduction d'un parcours époustouflant. Dans une lecture si évidente de l'histoire de l'art à laquelle l'on sera confronté, le jeu est de différencier les trois membres de cette famille, dans une évolution picturale de 60 ans.
Antonio Vivarini et Giovanni d'Alemagna, Madonna in trono con Gesù Bambino, vers 1443. Tempera sur bois, 149 x 67 cm.. Padova, Chiesa di San Tomaso Becket (en dépôt au Museo Diocesano)
© Diocesi di Padova, Ufficio beni culturali, Archivio fotografico (foto Mauro Magliani)
Famille de peintres mais couramment comme à cette époque, avec des liens familiaux tressés avec d'autres confrères tels ceux d'Antonio avec son beau-frère Giovanni d'Alemagna (mort en juin 1450). Ils participeront tous les deux à la décoration de la chapelle Ovetari de l'église des Eremitani à Padoue. D'où l'attribution actuelle à Giovanni des deux tempera sur bois du Martyr de Sainte Apolline (vers 1440-1450) après qu'elles le furent à Antonio. Et la présence dans cette exposition d'une tempera sur bois de ses deux beaux-frères avec la Vierge au trône avec l'Enfant (vers 1443), sur un fond or, avec une représentation presque de miniaturiste des roses blanches et roses, comme dans les rinceaux dans les marges des livres d'Heures.
Bartolomeo Vivarini, Madonna con Bambino e Santi, 1465. Tempera sur bois, 118 x 118 cm.. Napoli, Museo di Capodimonte © Archivio Fotograficodel Polo Museale della Campania
© Museo di Capodimonte su concessione del Ministero dei Beni delle attività culturalie del turismo
Bartolomeo Vivarini, San Martino e il povero, tra San Giovanni Battista e San Sebastiano (Polittico di Torre Boldone), 1491.Tempera sur trois bois, 117,5 x 54 cm.; 117 x 39 cm.; 117 x 39 cm.. Bergamo, Accademia Carrara
© Accademia Carrara, Bergamo
Frère cadet, Bartolomeo rejoint l'atelier de son aîné dans les années 1450 après le décès de Giovanni d'Alemagna et ils peignent ensemble le Polyptyque di Arbe (1548). Il se détache de son frère avec la Vierge au trône avec l'Enfant et les saints, des Gallerie di Capodimonte, Naples, signé et daté 1465, où il affirme toute son indépendance et sa maîtrise. Le gothique s'éloigne à grands pas, paraît tellement lointain avec la disparition du fond doré au profit du bleu du ciel où apparaissent quatre saints et l'émergence de la végétation. Les corps s'étirent, bougent, deviennent de plus en plus réalistes, naturalistes, les drapés se construisent et épousent les corps, les visages se font lointain et entrent dans une contemplation intérieure dans le Triptyque di Adria (1483) et le Polyptyque de la Trinité (1488) avec dans ces deux tempera la représentation d'un saint Michel archange totalement irréel. Avec le polyptyque de Bergame Saint Martin et le pauvre (1491), quel grand saut vers une épuration et comme un soupçon de maniérisme dans son saint Jean Baptiste.
Alvise Vivarini Cristo risorto. San Marco, Cristo, San Giovanni Evangelista, 1497–1498 Huile sur bois, 145 x 76cm.. Venezia, Chiesa di San Giovanni in Bragora
© Diocesi Patriarcato di Venezia, Chiesa di San Giovanni in Bragora
Chez Alvise, plus sensible à Antonello di Messina (qui résida à Venise en 1475-1476) et Giovanni Bellini, la ligne prédomine. Étonnant de voir comme un sécheresse dans les corps de Saint Jérôme pénitent (1476-1477) ou des Trois saints avec un dévot (1478-1480) et une étude très profonde du paysage, un classicisme dans ses deux Madones au trône avec l'Enfant des années 1480, un maniérisme dans le petit Saint Antoine de Padoue (1480-1481) à rapprocher de la Sainte Conversation des Gallerie dell'Accademia de Venise (pas présentée ici). Deux oeuvres sur bois terminent ce parcours, petit, mais si intense. Deux merveilles favorables au syndrome de Stendhal tellement elles sont d'une grande tension créative. Christ en résurrection (1497-1498), toujours en place à San Giovanni Battista in Bragora à Venise, église pour laquelle il fut commandé. Un Christ triomphant et athlétique, debout sur le couvercle de son tombeau. Et la Vierge à l'Enfant (1500) d'Amiens.
Gilles Kraemer
déplacement et séjour à titre strictement personnel
Quelques œuvres d'Antonio Vivarini puis de Bartolomeo puis d'Alvise, en défilement // Giandomenico Romanelli, commissaire de l'exposition © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite de presse exposition I Vivarini Lo splendore della pittura tra Gotico e Rinascimento, Conegliano, 2016.
Quelques œuvres d'Antonio Vivarini // Giandomenico Romanelli, commissaire de l'exposition © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite de presse exposition I Vivarini Lo splendore della pittura tra Gotico e Rinascimento, Conegliano, 2016
I Vivarini. La splendore della pittura tra Gotico e Rinascimento. Les Vivarini. La splendeur de la peinture, entre Gothique et Renaissance
20 février - 5 juin 2016
Palazzo Sarcinelli - Via XX Settembre 132 (à 10 minutes à pied de la gare, tout droit puis à gauche lorsque l'on arrive piazza Giovanni Battista Cima où se trouve le théâtre)
31015 Conegliano (provincia di Treviso)
Commissariat de Giandomenico Romanelli qui fut directeur des Musei civici de la ville de Venise. Il s'agit de sa troisième exposition au palazzo Scarcinelli de Conegliano - ville à visiter impérativement - après celles en 2014 et 2015 consacrées, en ce même lieu, au Cinquecento Inquieto (dans les temps de la Réforme) et à Carpaccio, Vittore e Benedetto da Venezia all'Istria.
Catalogue très nourri, une habitude italienne dont devraient s'inspirer les catalogues en France qui ne sont souvent qu'un livre d'images, sans apport scientifique. Textes de Giandomenico Romanelli, Clara Gelao, Giovanni Valagussa et Carlo Cavalli. 168 pages. 72 illustrations. Marsilio Editori. Prix 29 € à l'exposition, 34 € en librairie. Un bémol : dommage que toutes les œuvres ne soient pas reproduites pleine page.
Poursuivez votre voyage au Musée communal de Bassano del Grappa pour des œuvres d'Antonio et de Bartolomeo Vivarini et à l'église Arcipretale dei Santi Felice e Fortunato à Noale pour L'Assomption de la Vierge (1504) d'Alvise Vivarini.
Rigraziamenti a Villagio Globale Internationale et Civita Tre Venezie.
Quelques œuvres de Bartolomeo Vivarini © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, visite de presse exposition I Vivarini Lo splendore della pittura tra Gotico e Rinascimento, Conegliano, 2016