Jérôme Bosch, entre diableries et Paradis. De retour dans sa ville natale Bois-le-Duc
Jérôme Bosch, Rétable de la confrérie de Notre-Dame, Saint Jean-Baptiste, vers 1490-1495. Huile sur bois, 48,5 x 40,5 cm. Museo Fondación Lázaro Galdiano. Vue d'ambiance de l'exposition Jérôme Bosch. Visions de génie © Foto Mike Brink'
Jheronimus van Aken, né vers 1450 à 's-Hertogenbosch aux Pays-Bas, décédé dans la même ville en 1516 ? Sauf être historien de l'art ou néerlandais, ce ne sont que de diffuses réminiscences ! Mais Jérôme Bosch ou Jheronimus Bosch et Bois-le-Duc oui; ceci évoque de suite le peintre des diables, des damnés, d'étranges animaux, d'hommes aux trognes étonnantes, de jardins paradisiaques, d'enfers, de saints en dévotion, d'incendies, de scènes des Évangiles, d'univers effrayants.
Pour le 500e anniversaire de son décès, une grande partie de son œuvre peint et dessiné revient dans sa ville natale, soit 20 tableaux et 19 dessins entièrement de sa main. Près d'un demi-siècle après l'exposition rétrospective tenue dans la même cité, en 1967, pour célébrer le 450 anniversaire de la mort de ce peintre.
Douze de ses peintures ont été spécialement restaurées à cette occasion http://www.lecurieuxdesarts.fr/2016/03/les-tableaux-venitiens-de-jheronimus-bosch. Cent trois numéros en tout, présentées en 6 cheminements, Le pélerinage de vie avec le triptyque du Chariot de foin (1510-1516), Bosch à Bois-le-Duc avec Saint Jean-Baptiste (1490-1495), La vie du Christ avec Le portement de croix (1490-1510), Les dessins, Les saints avec Tryptique des ermites (1495-1505) et La fin des temps avec Le Jugement dernier (1495-1505). Présentation plongée dans la pénombre faisant surgir dans la lumière les œuvres présentées. L'exposition comprend aussi ses suiveurs, des peintures de son atelier.
Jérôme Bosch, Tryptique du chariot de foin, 1510-1516. Huile sur bois, volet gauche 136,1 x 47,7 cm; panneau central 133 x 100 cm; volet droit 136,1 x 47,6 cm. Madrid, Museo Nacional del Prado. Vue d'ambiance de l'exposition Jérôme Bosch. Visions de génie © Foto Mike Brink
Jérôme Bosch, Tryptique du chariot de foin, 1510-1516. Huile sur bois, volet gauche 136,1 x 47,7 cm; panneau central 133 x 100 cm; volet droit 136,1 x 47,6 cm. Madrid, Museo Nacional del Prado © Photo Rik Klein Gotink for the Bosch Research and Conservation Project
L'occasion est unique de se déplacer dans cette belle ville du Brabant si vous n'avez pas programmé, entre le 30 mai et le 11 septembre de vous rendre au musée national du Prado à Madrid pour la rétrospective du maître de Bois-le-Duc. Vous verrez alors en Espagne le tryptique des Tentations de saint-Antoine (vers 1500-1510) du Museu Nacional de Arte antiga de Lisbonne et le tryptique du Jardin des délices (1505-1510) du Museo Nacional del Prado, deux huiles sur bois non présentées au Pays-Bas. Mais, le Tryptique des ermites ne sera pas du voyage espagnol, retournant à Venise, aux Gallerie dell'Accademia.
Initiée en octobre 2007, cette exposition exceptionnelle a bénéficié de prêts encore plus exceptionnels. Rotterdam, Paris, Berlin, Francfort-sur-le Main, Vienne, Venise, Bruges, New York, nombre d'institutions ont répondu. Madrid très généreuse avec le prêt de Le chariot de foin, huile sur bois acquise en 1570 par Philippe II d'Espagne, une des œuvres maîtresses du Prado. Elle quitte pour la première fois l'Espagne pour six mois car avant Bois-le-Duc, elle fut présentée au musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam pour l'exposition Les dessous de la vie quotidienne, de Bosch à Breughel.
Jérôme Bosch, La Nef des fous, vers 1500-1510. Huile sur bois, 58,1 x 32,8 cm. Paris, musée du Louvre & Jérôme Bosch, La Débauche et le plaisir, vers 1500-1510. Huile sur bois, 34,9 x 30,6 cm. New Haven, Yale University Art Gallery. Gift of Hannah D. and Louis M. Rabinowitz. Vue d'ambiance de l'exposition Jérôme Bosch. Visions de génie © Foto Evert Elzinga
Exposition exceptionnelle avec le dessin, plume et encre brune Paysage infernal, venant d'une collection privée, présenté pour la première fois comme une œuvre autographe de l'artiste.
Exposition fascinante recomposant le Tryptique du vagabond désassemblé au XVIIIe siècle ou au début du XIXe siècle avec Le Vagabond (Rotterdam), La Mort et l'avare (Washington), La nef des fous (l'unique Bosch du Louvre) et La Débauche et le plaisir (New Haven). Ces deux dernières huiles, présentées l'une au-dessus de l'autre permet de constater que ces deux panneaux de bois ne furent qu'un à l'origine.
À gauche : Jérôme Bosch, Le Jugement dernier, vers 1495-1505. Huile sur bois, volet gauche 99,5 x 28,8 cm; panneau central 99,2 x 60,5 cm; panneau droit 99,5 x 28,6 cm. Bruges, Stad Brugge, Groeningemuseum & à droite Jérôme Bosch, Visions de l'au-delà; Le Chemin vers l'enfer; Le Chemin vers le Paradis. Venise, Museo di Palazzo Grimani. Vue d'ambiance de l'exposition Jérôme Bosch. Visions de génie © Foto Mike Brink
Jérôme Bosch, Visions de l'au-delà; Le Chemin vers le Paradis; Le Chemin vers l'enfer. Venise, Museo di Palazzo Grimani. © Photo Rik Klein Gotink for the Bosch Research and Conservation Project
Exposition scientifique, l'étude menée par le Bosch Research and Conservation Project - équipe d'experts ayant examiné la cinquantaine de peintures et de dessins attribués à Bosch et soutenant la restauration de certaines oeuvres -. Elle a établi que le fragment de Saint Antoine (vers 1500-1510) conservé au Nelson-Aktins Museum of Art de Kansas City peut être ajouté au corpus peint de Jérôme Bosch.
Exposition s'interrogeant sur la façon de présenter les quatre Panneaux de l'au-delà (vers 1505-1515) conservés actuellement à Venise au palazzo Grimani après avoir longtemps été présentés au palais de Doges. Si cet hiver 2016, La Chute des damnés fut présentée avant La rivière vers l'enfer aux Gallerie dell'Accademia à Venise, l'inversion de ces deux panneaux a été faite aux Pays-Bas. La lecture de la notice du catalogue suggère que "l'agencement le plus logique des quatre panneaux consiste à les disposer non pas l'un à côté des autres, mais deux par deux, les uns au-dessus des autres, avec l'échappée vers le paradis située en haut à gauche". Pieuse suggestion écrite mais non concrétisée. Comment seront-ils présentés à Venise lors du retour dans la ville, la cité lagunaire conservant deux autres oeuvres visibles ici : Tryptique de sainte Wilgeforte et Tryptique des ermites ? Réponse à l'automne 2016.
Gilles Kraemer
Jérôme Bosch. Visions de génie
13 février - 8 mai 2016
Het Noordbrabants Museum
's-Hertogenbosch (Bois-le-Duc)
Pays-Bas
https://www.bosch500.nl/en/the-event
Catalogue. 190 pages. 140 illustrations. Éditions Fonds Mercator. Version française. Prix 24,95 euros.
À gauche : Jérôme Bosch, Saint Christophe, vers 1490-1500. Huile sur bois, 113,7 x 71,6 cm. Rotterdam, Museum Boijmans Van Beuningen & à droite Jérôme Bosch, Tryptique de sainte Wilgeforte, vers 1495-1505. Huile sur bois, volet gauche 105,2 x 27,5 cm; panneau central 105,2 x 62,7 cm; volet droit 104,7 x 27,9 cm. Venise, Gallerie dell'Accademia. Vue d'ambiance de l'exposition Jérôme Bosch. Visions de génie © Foto Mike Brink
À gauche suiveur de Jérôme Bosch, L'Arrestation, le Couronnement d'épines et la Flagellation du Christ, 1530-1540 panneau central & 1540-1550 volets. Huile sur bois. Valence, Museo de Bella Artes de Valencia & au milieu Jérôme Bosch, Jésus apprenant à marcher, face extérieure de Le Portement de croix, vers 1490-1510. Huile sur bois, 59,7 x 32 cm. Vienne, Kunsthitorisches Museum, Gemäldegalerie Vue d'ambiance de l'exposition Jérôme Bosch. Visions de génie © Foto Mike Brink
Cathédrale Saint Jean de Bois-le-Duc © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, 2016