Les tableaux vénitiens de Jheronimus Bosch restaurés. Gallerie dell'Accademia, Venise. I dipinti veneziani restaurati, Venezia
Exposition Jheronimus Bosch. I dipinti veneziani restaurati, Gallerie dell'Accademia, Venise © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, janvier 2016
Dommage que les Gallerie dell'Accademia, institution vénitienne, communiquent parcimonieusement sur son programme d'expositions, ne le mettant pas suffisamment en valeur !
Qui a eu connaissance outre-Alpes de Jheronimus Bosch. I dipinti veneziani restaurati, petite exposition qui s'y est tenue seulement trois semaines, en ce début d'année 2016, centrée sur la restauration de trois peintures de cet artiste conservées à Venise : Triptyque des Ermites et Triptyque de sainte Liberata (Accademia), Visions de l’Au-delà (palazzo Grimani). Seuls Triptyque de sainte Liberata et Visions de l'Au-delà furent présentés, le Triptyque des Ermites étant encore en restauration.
Ces trois œuvres religieuses de Jheronimus Bosch (vers 1450 - Bois-le-Duc - 1516) sont recensées pour la première fois par le patricien vénitien Marcantonio Michiel (1484-1552) qui décrivait en 1521 les collections vénitiennes du cardinal Domenico Grimani. Puis en en 1733 par Antonio Maria Zanetti. Dans Descrizione di tutte le pubbliche pitture della città di Venezia, il évoque un tiyptyque avec une sainte crucifixion (Triyptyque de sainte Liberata), un représentant saint Jérôme et deux autres saints (Triptyque des Ermites) et une série de quatre panneaux avec des "chimères et des bizarreries" (les Quatre visions de l'Au-delà). Ces quatre panneaux appartinrent à la collection vénitienne du cardinal Domenico Grimani (1461 - 1523).
Jheronimus Bosch. Triptyque de la crucifixion de la martyre ou sainte Liberata. Panneau central 105 x 63 cm., volet 105 x 28 cm © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, janvier 2016
Jheronimus Bosch. Triptyque de la crucifixion de la martyre ou sainte Liberata. Panneau central 105 x 63 cm., volet 105 x 28 cm. En image radiographique © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, janvier 2016
La restauration des Triptyques s'avéraient nécessaires. Au XIXème siècle, un parquetage en bois appliqué sur le verseau des panneaux pour les stabiliser et les renforcer induisit le contraire en empêchant les mouvements naturels du bois et en provocant des soulèvements de la couche picturale. Une délicate intervention sur ce parquetage a permis d'y remédier. Les anciens vernis et les retouches altérant la lisibilité ont été ôtés.
Le Triptyque des Ermites représente saint Jérôme dans le panneau central, Antoine abbé à gauche et Egidio à droite, tous les trois en dévotion. La dendrochronologie a révélé que le dernier anneau de croissance du bois du panneau central est de 1476. Le panneau date vraisemblablement après 1485 mais une exécution antérieure à 1489 semble improbable.
Le panneau central du Triptyque de sainte Liberata représente la crucifixion d'une martyre, Antoine abbé figure en méditation sur le panneau de gauche et sur celui de droite un moine guide un soldat. A l'origine, deux donateurs agenouillés avaient été peints sur ces panneaux latéraux; en lumière rasante ou en image radiographique, ils sont toujours perceptibles. L'analyse dendrochronologique révèle que l'anneau de croissance le plus jeune date de 1480. Il a été peint après 1489 et probablement plus tardivement après 1493.
Jheronimus Bosch. Visions de l'Au-delà. De droite à gauche : panneau Chute des damnés 88 x 44 cm.; panneau Enfer 88 x 44 cm.; panneau Paradis terrestre 88,5 x 41,5 cm.; panneau Montée des bienheureux 88,5 x 41,5cm © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, janvier 2016
Jheronimus Bosch. Visions de l'Au-delà. De gauche à droite : panneau Chute des damnés 88 x 44 cm.; panneau Enfer 88 x 44 cm.; panneau Paradis terrestre 88,5 x 41,5 cm.; panneau Montée des bienheureux 88,5 x 41,5cm © photographie Le Curieux des arts Gilles Kraemer, janvier 2016
Trois des quatre panneaux de bois de Visions de l'Au-delà ont conservé au verso leur décoration imitant le marbre rouge et vert, considérée jusqu'à présent comme des adjonctions ultérieures. Leur restauration a permis de déterminer le caractère inédit et original de cette intervention de Bosch. La dendrochronologie date l'anneau de croissance le plus jeune de 1473. Les panneaux sont sans doute après 1482, même si une exécution encore plus tardive, après 1486 semble possible. Les quatre scènes des Visions représentant la punition et la récompense de l'humanité : La chute des damnés, L'enfer, Le Paradis terrestre et L'ascension des bienheureux avaient été restaurés en 1992.
Vues de l'exposition Jheronimus Bosch. I dipinti veneziani restaurati, Gallerie dell'Accademia, Venise. © photographies Le Curieux des arts Gilles Kraemer, janvier 2016
Du 13 février au 8 mai 2016, le musée Noordbrabants de Bois-le-Duc, aux Pays-Bas, accueille l’exposition Jheronimus Bosch - Visions de Génie où 20 tableaux du maître ainsi que 19 dessins sont présentées. En prévision de celle-ci, douze peintures ont été restaurées, suite aux travaux de recherche du Bosch Research and Conservation Project (BRCP). Dont les trois vénitiennes.
A la fin de l'exposition néerlandaise, le Triptyque des Ermites sera de nouveau exposé aux Gallerie dell'Accademia avant d'être présenté avec les deux autres oeuvres de Bosch lors d'une exposition prévue à l'automne 2016 au Palais des Doges.
Les Visions de l'Au-delà et le Triptyque de Santa Liberata seront exposés à Madrid, au Prado, du 31 mai au 11 septembre 2016.
Gilles Kraemer (déplacement et séjour à titre strictement personnel)
Jheronimus Bosch. I dipinti veneziani restaurati. Jheronimus Bosch. Les tableaux vénitiens restaurés
16 janvier - 7 février 2016 aux Gallerie dell'Accademia / Venise - Italie. Pas de catalogue
Jheronimus Bosch - Visions de Génie
13 février - 8 mai 2016 au musée Noordbrabants / Bois-le-Duc (’s-Hertogenbosch) - Pays-Bas
Bosch. The Centenary Exhibition
31 mai - 11 septembre 2016 au musée du Prado / Madrid - Espagne
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