Les Balthus de New York. Retour au Metropolitan Museum of Art
Lors d'un entretien avec Cécile Debray, www.lecurieuxdesarts.fr/2015/11/balthus-entretien-avec-cecile-debray-commissaire-de-l-exposition-balthus-a-rome-scuderie-del-quirinale- - commissaire de l'exposition Balthus à Rome, aux Scuderie du Quirinal et à la Villa Medicis, celle-ci relevait que si La Rue tableau manifeste de 1933 avait quitté les cimaises du MoMA permettant ainsi et pour la première fois une comparaison avec le tableau préparatoire de 1929 (collection privée), le grand tableau La Montagne (1936-1937) n'avait pu venir du Metropolitan Museum of art. Cependant, l'Etude pour "La Montagne" (l'Eté), 1935, huile sur toile conservée dans cette même institution new-yorkaise - représentant la jeune fille allongée devant la montagne - était exposée aux Scuderie. metmuseum.org/collection/the-collection-online/search/486702
Retour à New York par le AF 0022 pour revoir cette toile.
La Montagne. Présenté pour la première fois à New York à la Pierre Matisse Gallery : Balthus: Paintings and Drawings, 17 mars - 8 avril 1939, n° 1. Tableau entre lumière et obscurité, entre jour et nuit, entre passé, présent et futur. Avec cette horizontale partageant le tableau entre le sombre, celui du randonneur et de la jeune femme endormie et le clair, celui du garçon au gilet rouge et du couple. Et, au loin, dans le lointain, tout petit, s'éloignant vers l'obscur un second randonneur. Au milieu, dans la césure entre ombre et clarté une jeune femme s'étirant les bras. Tous ces personnages, sans aucun lien manifeste entre eux, comme plaqués sur ce paysage aux étranges montagnes-alpages. Sur la gauche, les formes anthropomorphes du Niderhorn, sommet de la Suisse et au milieu cette carrière profonde que regarde le couple. Toute l'étrangeté et la captation de Balthus. Admiration perplexe.
À gauche Balthus, La Rue, 1933. Huile sur toile, 195 x 240 cm. New York, The Museum of Modern Art // à droite, Balthus, La Rue, 1929. Huile sur toile, 130 x 162 cm. Collection privée © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, présentation presse de l'exposition BALTHUS / Balthus, La rétrospective, Scuderie del Quirinale, Rome, 23 octobre 2015
Mary Heilmann (née en 1940), de gauche à droite Tehachapi I (1979) et Tehachapi II (1979). Peintures sur toile. Promise gift of Marie-Josée and Henry Kravis in honor of Sarah Peter, 2015 et Purchase, 2015 © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Museum of Modern Art, New York, 24 novembre 2015.
[ndr : à New York, cette cimaise du MoMA est le mur extérieur de la cafétéria, au 4ème étage, donnant sur le jardin des sculptures. À son retour au Museum of Modern Art, cette toile trouvera-t-elle un autre emplacement ou ce lieu d'accès à la salle des Douanier Rousseau, Van Goh, Cézanne et Picasso ? Actuellement deux peintures de Mary Heilmann (née en 1940), Tehachapi I (1979) et Tehachapi II (1979) y sont présentées.].
Détails de La Montagne, Balthus, 1936-1937. Huile sur toile, 248,9 x 365,8 cm. Purchase, Gifts of Mr. and Mrs. Nate B. Spingold and Nathan Cummings, Rogers Fund and The Alfred N. Punnett Endowment Fund, by exchange, and Harris Brisbane Dick Fund, 1982 © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Metropolitan Museum of Art, New York, 23 novembre 2015
Détails de Pierre Matisse, Balthus, 1938. Huile sur toile, 130,2 x 88,9 cm. The Pierre and Maria Gaetana Matisse Collection, 2002 © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Metropolitan Museum of Art, New York, 23 novembre 2015
Pierre Matisse. Présenté pour la première fois au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris : Années 30 en Europe: Le temps menaçant 1929–1939, 20 février - 25 mai 1997. Portrait de Pierre (1900-1989), le second fils d'Henri Matisse. Dans sa galerie new-yorkaise ouverte en 1931, il défendit les artistes européens. Les archives de la galerie ont été offertes à la Morgan Library & Museum de New York. Pierre Matisse, visage ovale, nous regarde fixement. Veste impeccable, pli du pantalon dans un parfait tombé, chaussures glacées renvoyant la lumière. Tout ce classicisme et ce bel ordonnancement, son pied gauche posé sur une chaise, la main glissée dans la poche de la veste entièrement boutonnée le contrebalancent. Côté sérieux, très sérieux du marchand d'art qui se laisse aller, mais en cette décontraction si parfaitement étudiée, avec l'originalité de ses chaussettes rouges (comme se plaisaient à en porter deux anciens Premiers ministres français... Gammarelli oblige). Un faux dilettantisme et une magnifique leçon de style. Intemporel.
Détails de Thérèse, Balthus, 1938. Huile sur carton monté sur bois, 100,3 x 81,3 cm. Bequest of Mr. and Mrs. Allan D. Emil, in honor of William S. Lieberman, 1987 © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Metropolitan Museum of Art, New York, 23 novembre 2015
Thérèse. Présenté pour la première fois à New York à la Pierre Matisse Gallery, Balthus Paintings , 21 mars - 16 avril 1938, n°15, sous le titre de Fillette au gilet rouge. Thérèse Blanchard (1925-1950), regard totalement lassé ou indifférent, est âgée de 13 ans. Balthus la peindra entre 1936 et 1939, soit seule, soit avec son chat, soit avec son frère. Le tableau Les Enfants Blanchard (1937), ex-collection Pablo Picasso, est présenté aux Scuderie du Quirinal, exposition Balthus.
Détails de Jeune fille à la fenêtre, Balthus, 1957. Huile sur toile, 160 x 161,9 cm. Jacques and Natasha Gelman collection, 1998 © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Metropolitan Museum of Art, New York, 23 novembre 2015
Jeune fille à la fenêtre. Présenté pour la première fois à Turin, Galleria Civica d'Arte. 7ème Biennale. Peintres d'aujourd'hui: France—Italie, septembre–novembre 1961, n°13. Balthus vécut de 1954 à 1961 dans le château de Chassy, ferme fortifiée du XVIIème siècle, qu'il possédait dans la Nièvre. Il représente Frédérique Tison (née en 1938), son modèle favori à cette époque, vue de dos devant l'immense fenêtre ouverte qui emplit tout le cadre du tableau. La nature, rien que la nature, l'arbre au premier plan, et derrière les murs de la propriété, la campagne morvandelle légèrement vallonnée.
Détails de Thérèse rêvant, Balthus, 1938. Huile sur toile, 149,9 x 129,5 cm. Jacques and Natasha Gelman collection, 1998 © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Metropolitan Museum of Art, New York, 23 novembre 2015
Thérèse rêvant. Présenté pour la première fois à New York, Pierre Matisse Gallery, Figure Pieces in Modern Painting, 20 janvier - 14 février 1942, n°1. Bien différente de la sage Thérèse, dans un fauteuil voltaire. Elle est assise, les mains croisées sur la tête, détournant le regard, en une attitude infantile impudique.
Détails de Nu devant le miroir, Balthus, 1955. Huile sur toile, 190,5 x 163,8 cm. Robert Lehman collection, 1975. © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Metropolitan Museum of Art, New York, 23 novembre 2015
Nu devant le miroir. Monumentalité du sujet, nue, vue de profil, le pied droit devant le pied gauche, à la façon de la statuaire égyptienne, se peignant devant un miroir, dans une pièce vide. L'on est loin de la jeune filles au miroir, peignée par sa confidente.
Gilles Kraemer (déplacement et séjour à New York à titre strictement personnel)
Metropolitan Museum of Art
1 000 Fifth avenue, angle de la 82ème rue, New York
www.metmuseum.org/search-results#!/search?q=balthus
Entretien avec Cécile Debray, commissaire de l'exposition BALTHUS à Rome. www.lecurieuxdesarts.fr/2015/11/balthus-entretien-avec-cecile-debray-commissaire-de-l-exposition-balthus-a-rome-scuderie-del-quirinale-la-retrospective-et-a-la-vill