De la mauvaise influence du progrès sur le changement climatique. Regards d'artistes irlandais
Exposition Et si on s'était trompé ? Une exposition collective sur le changement climatique, Centre culturel irlandais, Paris © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, présentation presse, 28 septembre 2015
" What if we got it wrong ? ". " Et si on s’était trompé ? Et si on s’était affaibli en se rendant plus fort ? Si tout cela n'était pas du progrès ? ". Autour de cette interrogation du poète d'origine éthiopienne Lemn Sissay, " des artistes irlandais ou vivant en Irlande [d'Emily Robyn Archer à Brigitta Varadi] explorent la façon de mesurer le progrès et notre faiblesse face à celui-ci ", souligne la commissaire Nora Hickey M'Sichili. " Cette menace du réchauffement n'induit-elle pas une prise de conscience autour de la fonte des glaciers, de la montée des eaux, de l'extraction des énergies ? ". Des vidéos, installations, photographies, œuvres sur papier et peintures débattent des complexités du phénomène, problématique de COP 21, conférence des Nations unies sur les changements climatiques, qui se tiendra en décembre 2015 à Paris.
Exposition Et si on s'était trompé ? Une exposition collective sur le changement climatique, Centre culturel irlandais, Paris © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, présentation presse, 28 septembre 2015
Exposition Et si on s'était trompé ? Une exposition collective sur le changement climatique, Centre culturel irlandais, Paris © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, présentation presse, 28 septembre 2015
Blaise Drummond présente ses dessins Arctic, contemplation de la Last Ice Area, dans un rapport de l'homme et de son environnement. Très sensible à la protection de l’environnement, George Bolster fait référence dans sa vidéo nimbée d'utopisme Stills from Un/natural History : Drowning Captiva à l’idée que rituel, religion et tradition empêchent l’adaptation de l’espèce humaine aux crises auxquelles elle se trouve confrontée, induisant l'irréversibilité de son auto-destruction. Ruth Le Gear travaille à partir de glaces extraites d'icebergs arctiques, d'une collection de fioles emplies d'eau de l'Arctique et de sa vidéo Alchemical waters, long film en plan fixe de sa vision d'une longue étendue de mer ponctué du bruit insidieux des icebergs craquant et se fendillant. Prolongeant sa visite au Svalbard Global Seed Vault en Arctique, conservatoire depuis 2008 des graines de plus de 4000 plantes, pour sauvegarder la diversité et prévenir la monopolisation de la production alimentaire, Christine Mackey recompose, tel un herbier, un album scientifique de six planches de plantes séchées méticuleusement et scientifiquement décrites, avec une photographie, plantes trouvées en diverses endroits du monde.
Exposition Et si on s'était trompé ? Une exposition collective sur le changement climatique, Centre culturel irlandais, Paris © Le Curieux des arts Antoine Prodhomme, présentation presse, 28 septembre 2015
Les quatre dessins Relief in motion I-IIII sur des découpes côtières et l'installation si fragile de papiers superposées et découpés de Susan Leen Uncertain Limits esquissent l’effet de la montée des eaux sur les littoraux et la disparition des zones maritimes alors que John Gerrard s'éloigne de notre planète, dans sa photographie très impressionnante, presque une sensation de peinture, Near landscape (Solar reserve print) d'une station solaire du Nevada ; l'on dirait un vaisseau spatial si proche de La Guerre des étoiles. Dans une démarche plus intimiste, en des petits formats, Selma Makela aborde en des toiles d'un camaïeu de bleues le changement des relations que nous pouvons avoir, dans la pratique de l'Internet, avec le temps et l'espace, générateur de perte de tous repères, le Nord magnétique, les constellations, le tracé des pipe- lines, le tout dans un travail très subtil de la matière et des pigments. Pour sa création spécifique pour ce lieu, Moment to Moment, grande structure gonflable, Andrew Kearney matérialise visuellement, à travers une luminosité bleutée issue de l'intérieur de la structure, s'intensifiant et s'amenuisant, la fonte des glaciers et l'élévation de la température.
L'interpellation d'un avenir, déjà si proche !
Antoine Prodhomme
Et si on s'était trompé ? / What if we got it wrong ? Une exposition collective sur le changement climatique
26 septembre - 5 novembre 2015
Centre culturel irlandais
5, rue des Irlandais - Paris 5
www.centreculturelirlandais.com
Commissariat Nora Hickey M'Sichili, directrice du Centre culturel irlandais
Les artistes présentés sont Emily Robyn Archer, George Bolster, Alice Clark, Blaise Drummond, Seamus Dunbar, John Gerrard, Andrew Kearney, Susan Leen, Ruth Le Gear, Christine Mackey, Selma Makela, Anna Macleod, Darrah McKeon, Seamus Nolan et Brigitta Varadi.
En attendant le catalogue (français-anglais) à paraître avec les photographies in situ des oeuvres de cette exposition du Centre culturel irlandais, institution abritée dans les bâtiments historiques du Collège des Irlandais à Paris, (re)plongez-vous dans l'ouvrage, se présentant en un format oblong, tel un cahier de dessins, Blaise Drummond The Artic, collection Louis Vuitton travel book, 2015.
L'exposition parisienne du Centre sera présentée, en itinérance, dans quatre institutions en Irlande en 2016.
Prochaine exposition autour des photographies de Tom Wood pour ses Paysages intimes autour du paysage irlandais, du 13 novembre 2015 au 10 janvier 2016.
Exposition Belfast exposed futures autour de six photographes émergents et d'Ailbhe Greaney pour Street Flower, du 13 au 15 novembre. Ces deux expositions sont proposées à l'Espace Lhomond, 21, rue Lhomond, Paris 5e, dans le temps de Paris Photo.