Impériale Tefaf 2015 Maastricht (acte II). Entre Jan Asselijn, Charles-Antoine Coypel, Eglon Hendrick van der Neer, Jacob Ochtervelt, Giovanni Paolo Panini, Nicolas Régnier et Johann Stumm
Jan Asselijn (Dieppe après 1610-1652 Amsterdam), La rupture de la digue Sint Anthonisdijk, après la nuit du 5 au 6 mars 1651, à Houtewael, près d'Amsterdam. Signé de son monogramme J A et daté 1651. Huile sur toile 85,5 x 108,2 cm.. Probablement dans la collection Jean-Robert Tronchin (1710-1793). Galerie Haboldt & Co, Tefaf 2015, Maastricht © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Galerie Haboldt & Co, Tefaf 2015, Maastricht
Chaque année, quelle difficulté d'un compte-rendu de cette gigantesque manifestation d'art et d'antiquité, la première, l'incontournable, l'impériale Tefaf !
Naturellement l'interrogation reste toujours la même. Quelles seront les nouvelles œuvres ? Quelles pièces réapparaissent chez le même marchand ou chez un confrère ? Si l'on est curieux des ventes de Paris, de Londres ou de New York, l'on reconnaîtra facilement, sur le stand de Haboldt & Co. , puisque passée aux enchères en décembre 2014 chez Sotheby's Londres : La rupture de la digue Sint Anthonisdijk, après la nuit du 5 au 6 mars 1651, à Houtewael, près d'Amsterdam, de Jan Asseljin. Acquise dès l'ouverture de la Tefaf par le Rijksmuseum naturellement. Ciel bleu dégagé, trouée lumineuse, nuages gris, mer du Nord s'engouffrant dans l'immense brèche. Et à gauche le point rouge de la cape d'un observateur. Une pure merveille que ce rouge focalisant l'attention. S'il n'avait pas été présent dans ce coin, la dramaturgie de l'action en aurait-elle été aussi prégnante ! Admirable maestria d'un modernisme éblouissant chez Jan Asselijn dans ce mouvement du vent s'engouffrant dans cette cape. Selon le cartel, cette huile fut probablement dans la collection Jean-Robert Tronchin ; elle sera gravée par Jean-Jacques de Boissieu en 1782. Une exposition est actuellement consacrée à ce graveur français (jusqu'au 10 mai 2015) au Städel Museum à Francfort-sur-le-Main.
Giovanni Paolo Panini (Piacenza 1691-1765 Rome), Intérieur du Panthéon, signé et daté 1743. Huile sur toile 135,6 x 97,2 cm.. Galerie Richard Green, Tefaf 2015, Maastricht © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Galerie Richard Green, Tefaf 2015, Maastricht
Et l'on pourra comparer (en pensée puisqu'elle se trouve maintenant dans une collection privée) une Vue intérieure du Panthéon vendue chez Sotheby's New York, fin janvier 2015, de Giovanni Paolo Panini, d'une grande précision dans le rendu de cette architecture avec tout en haut de la coupole, un homme à l'extérieur vous regardant par l'immense oculus sommital. Cette huile sur toile de 1732, était estimée entre 3,000,000-5,000,000 $ (119 x 98, 4 cm). A la Tefaf, vous verrez une autre vue intérieure du Panthéon, du même artiste, de 1743, de dimensions un peu plus grandes (135, 6 x 97, 2 cm) avec deux hommes regardant par l'oculus et la suppression des deux grandes colonnes au premier plan. 4 100 000 euros affichés sur son cartel chez Richard Green.
Charles-Antoine Coypel (1694-1752), La Folie pare la Décrépitude des ajustements de la Jeunesse, signé et daté C. Coypel, 1743. Pastel 81 x 66 cm.. Galerie French & Company, Tefaf 2015, Maastricht © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Galerie French & Company, Tefaf 2015, Maastricht
Goûtons notre plaisir avec quelques tableaux anciens, dans un libre parcours qui sera celui de l'existence. Cette existence retracée de façon percutante chez French & Company, New York, dans l'ironisme et le mordant du pastel de Charles-Antoine Coypel : La Folie pare la Décrépitude des ajustements de la Jeunesse, 1743. Il représente une vieille dame à sa coiffeuse, aidée de sa délicieuse femme de chambre aux yeux hyper coquins et pétillants, se rendant manifestement à un rendez-vous qui ne peut être que galant comme le signale un amour bien grassouillet dans le coin à gauche, prêt à lancer sa flèche. La Décrépitude aura beau se couvrir le visage de mouches, rien n'y fera. Elle a été, elle fut et rien ne pourra lui permettre d'inverser les ans. La boîte à mouches est encore pleine ; encore quelques unes et bientôt elle ressemblera à une coccinelle. Les fards, le bonnet de dentelle, des énormes perles en boucles d'oreilles ne serviront à rien. Cette réalité dut émouvoir un des possesseurs de ce pastel, le financier Ange-Laurent de La Live de Jully. Belle provenance d'un des grands amateurs au XVIIIe siècle.
Eglon Hendrick van der Neer (Amsterdam 1635/1636-1703 Dusseldorf), La Grande dame, signé et daté E. Vander. Neer. Fe : 1665. Huile sur toile 64 x 55, 5 cm.. /// Johann Stumm (probablement actif à Hambourg vers 1640-1650), Vanité, signé Johan Stun. Huile sur panneau 22, 3 x 31 cm. Galerie Haboldt & Co, Tefaf 2015, Maastricht © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Galerie Haboldt & Co, Tefaf 2015, Maastricht
Se souvient-elle qu'elle fut jeune, belle, très belle même, se rendant à ses rendez amoureux ou les quittant, descendant l'escalier, dans toute l'autorité que lui permettent jeunesse et beauté, observant bien aux alentours qu'on la regarde ! La façon dont elle dévoile ses chaussures se doit d'attirer tous les regards. Vous rencontrerez cette Grande Dame chez Haboldt & Co. dans la toile de Eglon Hendrik van der Neer, 1665.
Sur la droite une Vie tranquille de Johann Stumm avec un crâne, une bougie éteinte et des pièces. Si la belle n'a pas encore perçu son devenir, elle est bien écervelée !
Jacob Ochtervelt (1634-1682), Nurse et enfant dans une élégante demeure, signé et daté 1663. Huile sur toile 81, 5 x 66, 8 cm. Galerie Johnny van Haeften, Tefaf 2015, Maastricht © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Galerie Johnny van Haeften, Tefaf 2015, Maastricht
Se souvient elle de son enfance avec sa gouvernante, faisant l'aumône à une mère et à ses enfants d'une pièce que ses parents, que l'on aperçoit dans le fond du tableau, lui avaient remise ? L'auteur de ce tableau, vu chez Johnny Haeften, de cette charité apprise à un jeune enfant est Jacob Ochtervelt, 1663. Tout est mis en espace, chacun a une place bien définie, les humbles à gauche, la charité avec ce petit garçon ne regardant surtout pas le garçon auquel elle jette une pièce dans son chapeau mais nous fixant attentivement comme si elle voulait savoir si elle a bien fait l'aumône. A côté, le chien protégeant la famille. Et, tout à droite, dans la pièce du fond, ses parents, l'homme assis, sa femme debout.
Nicolas Régnier (Maubeuge vers 1588-1667 Venise), Allégorie de la Vanité. Huile sur toile 135 x 105 cm.. Galerie Sanct Lucas, Tefaf 2015, Maastricht © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Galerie Sanct Lucas, Tefaf 2015, Maastricht
Tout n'est que Vanité, telle l'allégorie peinte par Nicolas Régnier, d'une belle ouvrant une urne, sa robe jonchée de fleurs. Galerie Sanct Lucas.
Gilles Kraemer
Photographies défilantes de la Tefaf 2015, Maastricht © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, Tefaf 2015, Maastricht
TEFAF Maastricht
13-22 mars 2015
de 11h à 19h, le 22 jusqu'à 18h
entrée 40 euros, pass 125 euros
Internet www.tefaf.com
L'aller-retour dans la journée est possible en se déplaçant avec le Thalys www.thalys.com mais, il serait dommage de ne rester qu'une journée dans cette très belle ville néerlandaise.
D'autant plus que vous pourrez redécouvrir un maître ancien, au musée Bonnefantenmuseum : Henri de Fromantiou - Illusions Royales (06 mars – 28.juin.2015).