Les éblouissements et les splendeurs du Maniérisme de la Prague impériale : Bartholomeus Spranger. Metropolitan Museum of Art, New York
Bartholomeus Spranger : Splendor and Eroticism in Imperial Prague, exposition au Metropolitan Museum of Art, New York © photographie Le curieux des arts Gilles Kraemer
Avec le sous-titre légèrement accrocheur : Splendeur et érotisme dans la Prague impériale, le Metropolitan Museum of Art, New York, propose - en trois salles - une magnifique exposition autour du peintre du Nord Bartholomeus Spranger (1546-1611), un artiste maniériste du Nord à l'égal des Italiens Parmigianino, Pontormo ou Rosso Fiorentino. Ces deux derniers firent l'objet d'une exposition étourdissante au Palazzo Strozzi à Florence, au printemps et début de l'été 2014. La présentation dans les majestueuses salles du palazzo florentin permettant d'exposer leurs immenses toiles dans une confrontation éblouissante réunissant 70% de leur production artistique contribua largement à son succès. Dans les deux cas de ces expositions, pas de rattrapage dans une autre institution. Ne reste que la mémoire des catalogues.
Bartholomeus Spranger (Anvers 1546-1611 Prague), Autoportrait (1585–1586). Huile sur toile, 62.5 x 45 cm. Kunsthistorisches Museum, Vienne, Autriche // remerciements service de presse du Met
Natif d'Anvers où il étudia auprès des paysagistes flamands, il quitte cette ville en 1565 pour Paris où il fréquenta l'atelier du portraitiste et miniaturiste Marcus traditionnellement identifié comme Marc Duval (ou Marc Du Val), attaché à la reine Catherine de Médicis ; ce séjour parisien lui permit d'aller au château de Fontainebleau et d'y voir les travaux d'embellissement. Il se rend à Milan puis à Parme où il admire la coupole de la cathédrale peinte par Le Corrège : L'Assomption de la Vierge. Puis gagne Rome en 1566. Après un long séjour dans la cité de la chrétienneté où il bénéficie des protections du cardinal Alexandre Farnèse et du pape Pie V, il gagne en 1575 la cour viennoise de Maximilien II. Après le décès de ce dernier en 1576, il sera l'un des artistes les plus importants attaché auprès de son fils, Rodolphe II à Prague, ville où il termine ses jours.
Que voir ? Des peintures de sa jeunesse à Anvers. Des peintures de sa période romaine dont La Conversion de Saint-Paul (vers 1572), la miniature sur cuivre de La Sainte famille avec Jean le Baptiste pendant la Fuite (vers 1569-1570) ou La Fuite en Égypte (vers 1570) avec la Sainte Famille guidée par des anges.
De sa période de maturité, la dernière toile en quittant l'exposition : Vénus et Vulcain (vers 1595), Allégorie du règne de Rodolphe II (1592), Le Baptême du Christ (1603), Hercule et Omphale (vers 1585), Les Noces de Cupidon et de Psyché (vers 1585). En dessin Diane et Actéon (vers 1590-1595) ou un dessin préparatoire qu'Hendrick Goltzius gravera : Le Festin des dieux aux noces de Cupidon et Psyché (1587).
Bartholomeus Spranger : Splendor and Eroticism in Imperial Prague, exposition au Metropolitan Museum of Art, New York © photographie Le curieux des arts Gilles Kraemer
La salle centrale présente, sur un mur constitué de cases, – comment ne pas penser à André Breton -, une reconstitution synthétique mais trop bien ordonnée d'un Kunstkammer ou Cabinet des merveilles, réminiscence de la collection de Rodolphe II dans laquelle se côtoyaient tableaux, dessins, sculptures, objets de curiosité allant d'un coquillage exotique dans une monture de vermeil à des animauxs, de poteries incas à des coupes en cristal de roche, tel un condensé de toutes les merveilles et curiosités de la Nature ainsi que du génie créatif des artistes.
Bartholomeus Spranger (Anvers 1546–1611 Prague) Jupiter et Antiope (1595–1597). Huile sur toile, 120 x 89 cm. Kunsthistorisches Museum, Vienne, Autriche // remerciements service de presse du Met
Au milieu des dessins,des squelettes d'oiseaux ou d'oiseaux empaillés, d'un instrument de musique, d'une poterie du Nouveau monde, d'un objet en ivoire tourné, d'un œuf d'autruche, d'une tête de mort , trône Jupiter et Antiope (1595-1597), peinture dans laquelle se retrouvent l'exacerbation des formes et des espaces, la virtuosité artistique, les corps qui se tournent et se tordent, la sensualité appuyée du pinceau de Bartholomeus.
Bartholomeus Spranger (Flemish, Antwerp 1546-1611 Prague), Hercule et Omphale (vers 1585). Huile sur toile, 24 x 19 cm. Kunsthistorisches Museum, Vienne, Autriche // remerciements service de presse du Met
Séduit par Omphale, Hercule tout en virilité et en puissance, vêtu en femme, tient une quenouille et file la laine. Les rôles sont inversés, la reine de Lydie, vue de dos, toute en muscle elle-aussi, a revêtu la peau de lion de son époux et porte la massue du héros grec. Un image forte qui lui vaut la couverture de l'imposant et lourd catalogue.
Un conseil avant de visiter cette exposition, relisez les Amours des dieux, déesses et demi-dieux avec leurs égaux ou les mortel(le)s et sachez votre mythologie pour côtoyer tous ces dieux et humains.
Gilles Kraemer (déplacement à titre strictement personnel)
Bartholomeus Spranger : Splendor and Eroticism in Imperial Prague
4 novembre 2014 – 1er février 2015
Salles 691-693. Empruntez le grand escalier puis, à gauche traversez la grande galerie des dessins, estampes et photographies, un peu « vieillotte » dans laquelle les dernières acquisitions sont présentées avec un accrochage très souvent renouvelé. Les trois salles d'exposition se trouvent au bout de cette galerie.
jusqu'au 1er février 2015, Le Greco à New York
http://www.lecurieuxdesarts.fr/2015/01/la-gloire-du-greco-au-metropolitan-museum-new-york.html
jusqu'au 16 février 2015, Cubism : The Leonard A. Lauder collection First-floor special exhibition galleries. Dans le grand hall, à gauche, treverser les premières salles des antiquités grecque et romaine pour accéder à l'exposition http://www.lecurieuxdesarts.fr/2014/10/georges-braque-juan-gris-fernand-leger-pablo-picasso-la-fabuleuse-collection-cubiste-de-leonard-a-lauder-presentee-au-metropolitan-m
jusqu'au 15 mars 2015, Madame Cézanne dans la section de la Collection Robert Lehman
Metropolitan Museum of Art
1 000 Fifth Avenue (à l'angle de la 82e rue) - New York
Tous les jours, de dimanche à jeudi, de 10h à 17h 30, les vendredi et samedi, de 10h à 21h. Je vous conseille de visiter cette institution le vendredi ou le samedi, ce qui permet de voir ces quatre expositions, de déjeuner au self-service très agréable. Ne pas oublier la librairie et la boutique dans le Grand hall. Renseignements en français à l'accueil, plan en français distribué.