Jeune et déjà incontournable : Paris Tableau. Paris 2014 (acte I)
Jean Joseph Xavier Bidauld (Carpentras, 1758 – Montmorency, 1846). Paysage vu à travers une treille, vers 1840. Huile sur toile, H. 32,5 x L. 41 cm. Signé et localisé en bas au centre, sur la lettre : a Mr / Bidaul[d] / [Montmorency ?]. Galerie Michel Descours, Lyon
Fondé en 2011 par dix marchands et immédiatement le succès pour ce salon uniquement dédié à la peinture ancienne qui réunissait vingt marchands pour sa première édition. Paris Tableau, salon international de la peinture ancienne, s'imposait de suite dans l'ancienne salle de la corbeille du palais Brongniart, dans une atmosphère feutrée telle celle de la Tefaf, loin du bling-bling de la verrière du Grand Palais, particulièrement palpable lors de la Biennale des antiquaires 2014, qui fut plutôt celle de la joaillerie que celle des antiquaires.
Quatrième édition avec 26 marchands sur 1 500 m², 500 œuvres présentées entre 10 000 euros et un peu plus de cinq millions d'euros. Format intime, stands attribués par tirage au sort bien loin de la course à l'allée centrale du Grand Palais, Paris Tableau en trois ans s'est imposé comme la référence incontournable pour la peinture ancienne, signe que cette peinture bénéficie d'amateurs et non de spéculateurs comme trop souvent pour des salons d'art contemporain où prédomine le bancable.
Vingt-six marchands dont deux marchands de cadres anciens : Enrico Ceci et la Galerie Montanari. Onze français et treize étrangers venus de sept pays. Il ne faudrait pas plus, le salon y perdrait son âme et sa proximité. Souvenons nous de la grenouille et du bœuf mais nous faisons confiance à Maurizio Canesso le président de Paris Tableau pour lui conserver son intimité.
Benedetto di Montagna (1481-1550). Saint Antoine et le Centaure. Huile sur panneau, H. 28 x L. 66 cm. Galerie Thomas Agnew & Sons, Londres
Quatre nouveaux venus avec le Londonien Thomas Agnew & Sons, le New yorkais Matteo Grassi, le Bolognais Maurizio Nobile installé aussi à Paris et le Napolitain Vincenzo Porcini.
Anthony Crichton-Stuart de Thomas Agnew & Sons présente une huile sur bois de Benedetto di Montagna, une composition toute en longueur de Saint Antoine en conversation avec un centaure, si intrigante par le centaure-moine, en réalité un démon ayant pris l'apparence d'un homme-cheval. Les Grassi, famille dans le commerce de l'art depuis plus d'un siècle, proposent une Crucifixion du Florentin Apollonio di Giovanni.
Jusépe de Ribera (Xàtiva, 1591 – Naples, 1652). Tête de Saint Janvier. Huile sur toile, H. 41 x L. 47 cm. Galerie Porcini, Naples
Chez Vincenzo Porcini, comment ne pas tomber sous le charme macabre de la tête tranchée de San Gennaro, le saint napolitain, peinte par Jusépe de Ribera. Restant toujours dans la morbidité, l'on succombera devant un sujet largement peint mais se prêtant si bien à de dramaturgiques compositions : La Mort de Lucrèce du florentin Pietro Dandini présentée par Maurizio Nobile.
Luca Giordano (Naples, 1634 – 1705). Tarquin et Lucrèce. Huile sur toile. H. 126 x L. 98 cm. Galerie Canesso, Paris
Cette violence, on la retrouve dans ce moment de l'histoire de la Rome ancienne avec l'épisode de Tarquin et Lucrèce, instant que Maurizio Canesso nous dévoile par une splendide composition si « chiaroscuro » de Luca Giordano.
Atelier de Sebastiaen Vrancx (Anvers 1573 – Anvers, 1647). Les Quatre saisons. Ensemble de quatre toiles : Printemps, Été, Automne et Hiver. Huiles sur panneau, H. 52,4 x L. 81,3 cm. Kunsthandel P. de Boer, Amsterdam
A côté d'une toile de Francesco Guardi Le Bassin de Saint Marc avec le Bucentaure, Charles Beddington, spécialiste de la peinture du chant du cygne vénitien, l'éblouissant XVIIIe siècle, présente une vue romaine de Bernardo Belloto : La piazza del Popolo. Installée dans une merveilleuse maison du XVIIe siècle, entre canal et jardin, la galerie amsterdamoise Kunsthandel P. de Boer montre quatre panneaux sur bois de l'atelier de Sebastiaen Vrancx : Les Quatre saisons.
Très belle vue d'un bord de mer chez Eric Coatalem avec Personnages remontant leurs filets au soleil couchant par Claude Joseph Vernet. Autre beau paysage, celui de Jean-Joseph-Xavier Bidault, Paysage vu à travers une treille, proposé par Michel Descours et qui ne déparerait pas dans « l'escalier aux paysages » d'une discrète fondation installée à Paris. Intrigante toile de Philippe de Champaigne, La Sainte Face chez Talabardon & Gautier, huile encore sur sa toile d'origine.
Peeter Neeffs l'Ancien (vers 1578 - Anvers - après 1656) & Hieronymus Janssens (1624 - Anvers – 1693). Intérieur de la cathédrale d'Anvers. Huile sur cuivre : H. 81 x L. 99 cm. Signé et daté 1643. Galerie Claude Vittet, Paris
Adepte de natures mortes aux sens cachés, l'amateur succombe à une toile de Thomas-Germain Duvivier Les Attributs des arts et de la musique, visible chez Terrades, en décryptant la symbolique des objets représentés. Très précisément localisée, voici l'intérieur de la Cathédrale d'Anvers en 1643 par Peeter Neeffs l'Ancien & et Hieronymus Janssens chez Claude Vittet.
Comme chaque année, Paris Tableau présente une exposition. Autour du titre Trois collections, une seule passion sont réunies des œuvres venues du Centraal Museum d'Utrecht, de la fondation néerlandaise P & N de Boer et d' AXA.
Gilles Kraemer & Antoine Prodhomme
Hendrik Goltzius (Mulbracht, 1558 – Haarlem, 1616). Portrait du collectionneur de coquillages Jan Govertsz van der Aar. Huile sur toile, H. 107 x L. 83 cm. Signé du monogramme et daté 1603. Prêté à long terme par la Fondation P. & N. de Boer au Boijmans Van Beuningen de Rotterdam, ce tableau a été accroché quelques jours sur les murs de la Fondation P. & N. de Boer © photographie Le curieux des arts Gilles Kraemer, Amsterdam, Fondation de Boer, mercredi 5 novembre 2014
Joachim Wtewael (Utrecht, 1566 – Utrecht, 1638). Mars, Vénus et Cupidon, circa 1610. Huile sur cuivre, H. 18,2 x L. 13,5 cm © photographie Le curieux des arts Gilles Kraemer, Amsterdam, Fondation de Boer, mercredi 5 novembre 2014. Une exposition sur l'oeuvre de cet artiste se tiendra à partir du 21 février 2015 jusqu'au 25 mai au Pays-Bas à Utrecht, puis ira aux Etats-Unis à Washington du 28 juin au 4 octobre et à Houston du 1 novembre 2015 au 31 janvier 2016.
Philippe de Champaigne (Bruxelles, 1602- Paris, 1674). Céphale et Procris (vers 1630). Huile sur toile, H. 73 x L. 155 cm. Collection AXA Art
Dirck van Baburen (Wijk circa 1595 – Utrecht, 1624). Jeune Garçon jouant de la guimbarde, 1621. Huile sur toile, H. 65 x L. 52 cm. Collection Centraal Museum, Utrecht ; acquisition de 1953. Image & copyright CMU
Paris Tableau
jeudi 13 au dimanche 16 novembre 2014
de 11h à 20h ; nocturne jeudi 13 novembre jusqu'à 22h ; fermeture dimanche 16 novembre à 18h 30
Palais Brongniart
Place de la Bourse – 75002 Paris
Internet www.paristableau.com
Colloque jeudi 13 novembre (de 11h 30 à 12h 30 et de 14h à 18h) Utrecht et le mouvement caravagesque international.
Acte II de Paris Tableau avec
Prolongez cette visite en vous rendant au 346, rue Saint-Honoré pour les Trente-cinq dessins de Gerrit van Honthorst (1592-1656), chez Etienne Bréton, Renaud Jouslin de Noray & Nicolas Schwed. Jusqu'au 28 novembre 2014.