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Publié par Gilles Kraemer

Fondation François Schneider, Wattwiller © Le curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse, octobre 2014

Ceci peut paraître étrange de présenter à l'automne 2014 les sept lauréats des Talents contemporains 2012 dont les noms furent proclamés en mai 2013 ! Nullement. Ils eurent une année pour réaliser leur projet autour de la thématique imposée par la Fondation François Schneider implantée à Wattwiller : l'eau.

Pourquoi l'un des quatre éléments ? Rien de plus normal pour cette petite ville alsacienne, non loin de Mulhouse, connue pour son eau minérale. Cette Fondation et son Centre d'art contemporain ont élu demeure dans l'ancienne usine d'embouteillage de cette source dont François Schneider relança la commercialisation en avril 1993. La restauration et l’agrandissement de ce bâtiment industriel, par l’architecte Daniel Villotte, ont abouti à une lumineuse réalisation ouverte sur un jardin de sculptures - Niki de Saint-Phalle, Sylvie de Meurville, Pol Bury, Ilana Isehayek, Lorella Abenavoli et Clément Borderie - et surplombant le village.

Si Wattwiller est connue pour son eau plate et ses eaux fortement ou finement pétillantes, la pétillance de certaines œuvres primées se révèle moins forte que d'autres pièces présentées des mêmes artistes !  Dommage.

 

Talent d'eau. Mehdi Meddaci, Murs, 2011, vidéo sonore, 44 minutes en boucle, dimensions variables. Remerciements à l'artiste

L'installation vidéo de 44 minutes Murs de Mehdi Meddaci a reçu le Talent d’Eau 2012. Montant 30 000 euros. Dans cette oeuvre conçue pour la grande salle du sous-sol, dans laquelle des éclairages publics sont posés au sol dans un rajout de dramaturgie, Mehdi Meddaci retrace en cinq écrans, dans un défilement très lent du temps et de l'attente, en plans fixes, le voyage de Paris jusqu'à Marseille puis le trajet nocturne en bateau vers Alger la blanche, apparaissant au matin, d'un immigré qu'interprète son père. Mais en une trajectoire inversée, le voyage étant celui du retour en terre natale.

Valère Coste, Karstic story, 2007, installation // The Build, 2012, vidéo HD, 23 minutes © Le curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2014, visite presse de la Fondation François Schneider, Wattwiller
Valère Coste, Karstic story, 2007, installation // The Build, 2012, vidéo HD, 23 minutes © Le curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2014, visite presse de la Fondation François Schneider, Wattwiller

Valère Coste, Karstic story, 2007, installation // The Build, 2012, vidéo HD, 23 minutes © Le curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2014, visite presse de la Fondation François Schneider, Wattwiller

Dans un discours relatif à « l'établissement de ponts entre le ressenti et des manifestations naturelles, entre la nature et ce que l'on croit connaître de sa réalité », Valère Coste nous explique son travail d'une œuvre plus ancienne : Karstic story (2007) que l'on pourrait définir, en faisant beaucoup plus simple, de donner à voir le phénomène de la croissance des stalagmites. Work in progress dans cet aléatoire né de la conjonction de l'eau et de sable de silice aboutissant à des concrétions évolutives et aléatoires. A regarder de très près dans un rapprochement étonnant avec les excroissances peuplant les paysages d'Yves Tanguy ou de Max Ernst. Autre œuvre : The Build (2012), vidéo de tours de sable dans lesquelles il projette quelque baie d'Ha Long dans un brouillard en déliquescence, se désagrégeant jusqu'à un tas informe qu'il considère comme « l'aboutissement de la construction humaine ». Déconstruction ironique, le titre indiquant l'inverse.

Deux démarches plus sensibles que l'œuvre primée Dark Rain, issue des souvenirs de voyages en Guyane pour établir « une banque de données des inter-actions entre les espèces, les inter-actions entre le minéral et le végétal » ! Des déplacements scientifiques et ontologiques en sorte ! Le tout pour aboutir... au souvenir de la pluie violente et sombre de cette région amazonienne visualisée par une pluie ne tombant pas du ciel mais jaillissant d'un bassin dont l'eau devrait s'assombrir.

 

Hicham Berrada, Tranche, présage, 2013. Trois paysages chimiques en évolution ralentie. Cuve en verre, éléments chimiques © Le curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2014, visite presse de la Fondation François Schneider, Wattwiller  // Portrait d'Hicham Berrada © Le curieux des arts Gilles Kraemer, 8 octobre 2014, présentation des finalistes du Prix Meurice pour l'art contemporain 2014/2015, Paris
Hicham Berrada, Tranche, présage, 2013. Trois paysages chimiques en évolution ralentie. Cuve en verre, éléments chimiques © Le curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2014, visite presse de la Fondation François Schneider, Wattwiller  // Portrait d'Hicham Berrada © Le curieux des arts Gilles Kraemer, 8 octobre 2014, présentation des finalistes du Prix Meurice pour l'art contemporain 2014/2015, Paris

Hicham Berrada, Tranche, présage, 2013. Trois paysages chimiques en évolution ralentie. Cuve en verre, éléments chimiques © Le curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2014, visite presse de la Fondation François Schneider, Wattwiller // Portrait d'Hicham Berrada © Le curieux des arts Gilles Kraemer, 8 octobre 2014, présentation des finalistes du Prix Meurice pour l'art contemporain 2014/2015, Paris

Dans une démarche impliquant aussi l'omnipotence de la science, Hicham Berrada joue de protocoles scientifiques dans deux fortes interventions : celle primée Arche de Miller-Urey reproduisant les conditions élémentaires nécessaires à la vie et les trois aquariums de Tranche, présage avec des poudres de cuivre, zinc, cobalt, fer, or, ou d'argent qu'il dépose dans l'eau d'une façon rigoureuse et qui interagissent pour former des concrétions incontrôlables et grandissantes jusqu'à former des paysages en métamorphoses, eux-aussi si Tanguy. « Je veux montrer une nature en mouvement et non figée » nous confirmera-t-il quelques jours plus tard lorsque nous reverrons cet ancien pensionnaire de la Villa Médicis sélectionné parmi les six finalistes de la 7e édition du Prix Meurice pour l'art contemporain.

 

Catégorie photographie. Rahshia Linendool-Sawyer, We are not made of wood, 2012, lentille photographie grandeur nature imprimé sur la base sous-marine sur jet d'encre archives. Remerciements à l'artiste

The cut (2011) de Jessie Brennan, longue frise de cinq mètres, déroulé le long du canal de la rivière Léa d'un témoignage des bouleversements urbanistiques dans la préparation des Jeux olympiques londoniens 2012, est certes intéressante, le canal étant le fil conducteur, mais n'atteint pas la puissance de son grand et puissant triptyque Medway (2013), une sidérante réinterprétation de La Mer de glace de Caspar David Friedrich de la Kunsthalle d'Hambourg, dans cet amoncellement d'objets industriels d'une décharge se télescopant dans un élan ascensionnel et nous submergeant frontalement.

Vidéo et performance physique de Nour Awada pour Les Ruisselantes, dans laquelle elle apparaît, en une image cadrée et dans une belle lumière, nue, frontalement, le corps recouvert de terre sur lequel la pluie ruisselle, un corps immobile qui essaye de résister et dont se perçoivent les convulsions alors que les trois photographies de Rahshia Linendoll-Sawyer We are not made of wood représentent un corps flottant, dans l'eau, dans l'air, on ne le sait, en cette gracieuse élévation si Bill Viola. Nous terminerons par le dryptique de Claire Chesnier d'une rigeur minimaliste, emprunt d'une sourde poésie et nimbé de mystériosité.

                                                                                                              Gilles Kraemer

 

Fondation François Schneider, Wattwiller © Le curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2014, visite presse
Fondation François Schneider, Wattwiller © Le curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2014, visite presse
Fondation François Schneider, Wattwiller © Le curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2014, visite presse
Fondation François Schneider, Wattwiller © Le curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2014, visite presse
Fondation François Schneider, Wattwiller © Le curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2014, visite presse
Fondation François Schneider, Wattwiller © Le curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2014, visite presse
Fondation François Schneider, Wattwiller © Le curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2014, visite presse

Fondation François Schneider, Wattwiller © Le curieux des arts Gilles Kraemer, octobre 2014, visite presse

Talents contemporains 2012

4 octobre – 28 décembre 2014

Fondation François Schneider - 68700 Wattwiller

Internet http://www.fondationfrancoisschneider.org

Pas de catalogue. 

Ce village alsacien se trouve à 30 minutes en voiture de Mulhouse.

L’appel à la candidature du concours Talents contemporains 2014, lancé le 15 août 2014, prendra fin le 15 décembre 2014 à 00h00.

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