Parcours dans les allées de la XXVIIe Biennale des antiquaires. Paris, 2014
« Les oiseaux dans la charmille... ». Un cri, mais d'agonie, qu'Olympia, avant qu'elle ne se rompe en mille morceaux - c'était un automate ! - eut le temps de lancer. Nous sommes dans un décor de charmilles pour cette 27e Biennale des antiquaires, alors que l'inspiration déclarée était l'évocation des jardins de Versailles d'André Le Nôtre dont seule la moquette rappelle des parterres du grand Roi.
Le plateau de l'opéra qui se joue sous la verrière du Grand Palais est plutôt celui de Giulietta qui y paraît plus à l'aise pour être ''couverte'' de bijoux tellement la Haute joaillerie a pris de l'importance : 14 contre 73 marchands alors qu'ils étaient 10 contre 100 il y a deux ans. Mais, il est vrai que cette année, la Biennale ne s'est pas agrandie du Salon d'honneur comme elle le fut, pour la première fois, en 2012.
Boucheron, Paris. Collier Trésor de Perse serti de deux cabochons pain de sucre saphirs (saphir birman "royal blue' de 20,80 et saphir Ceylan de34,73 carats), de calcédoines, cristal de roche, saphirs et diamants, sur or blanc © photographie Le curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse, 27e Biennale, Paris. Remerciements à Boucheron Paris pour tous ces renseignements
De toutes ces maisons qui font briller les yeux, Boucheron nous raconte la plus belle histoire en présentant sa collection « Rêves d'ailleurs ». Nous retiendrons le collier Trésor de Perse de la collection Trésor de Perse et le collier Rivage de la collection Rives du Japon. Ce dernier, comme une vague de saphirs ornée d'une écume de diamants, tel un hommage à La Vague d'Hokusai, est rendu possible par la technique du "chahuté" avec un sertissage de 533 pierres.
Librairie Thomas-Scheler, Paris © photographies Le curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse, 27e Biennale, Paris
Avec Thomas-Scheler - Bernard et Stéphane Clavreuil -, rejoint depuis mai 2014 par Christoph Auvermann qui fut directeur du département des livres anciens et manuscrits chez Christie's Paris, nous voici dans la bibliothèque idéale d'un grand amateur, le choix allant des années 1470 à 1950. Francisco Goya et le premier tirage rarissime des 33 gravures (eau-forte et aquatinte avec parfois des rehauts de pointe sèche et de burin) de La Tauromaquia (1815). Un manuscrit alchimique contenant 73 recettes dans une reliure réalisée pour le connétable Anne de Montmorency, ouvrage destiné à François Ier (avant 1540). Le Corbeau d'Edgar Poe, traduction de Stéphane Mallarmé, illustrations d'Édouard Manet avec quatre des lithographies tirées sur Hollande et Chine (1875). Le Jour et la nuit de Georges Braque avec un envoi à Picasso dans lequel il rappelle les années de l'atelier de la place Ravignan (1952).
Un souhait adressé à cette librairie : quand la verrons-nous à la TEFAF à Maastricht ? Actuellement, la seule librairie implantée en France participant régulièrement à cette manifestation est la galerie Les Enluminures de Sandra Hindmann disposant également d'une galerie à New York.
galerie Gilgamesh, Paris © photographies Le curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse, 27e Biennale, Paris
Chez Daniel Lebeurrier, galerie Gilgamesh, accostons sur les bords de la mer Rouge, dans la région d'Hurgada pour des vases tubulaires à fond plat ou un immense vase hémisphérique à large lèvre, tous trois en calcaire brèche rose. Cette vaisselle de pierre semble provenir de riches tombes du sud de la mer Rouge, éloignées du principal centre de production situé dans le delta du Nil. Égypte, fin du Néolithique, Nagada III, période Thinite (Ie, IIe dynastie), vers 3 000 avant J.-C..
Ramsès II et Sekhmet. Art égyptien, Nouvel Empire, XIXe dynastie (environs 1279-1213 av. J.-C.), quarzite brun doré. Dimensions 95 x 88 cm © remerciements à Phoenix Ancient Art, Genève
Relief avec archet perse. Art achémédide, fin du VI-Ve siècle av. J.-C.), pierre calcaire grise. Dimensions environs 38 x 42 cm © remerciements à Phoenix Ancient Art, Genève
Stand éblouissant chez Phoenix Ancient Art, comme la reconstitution d'un palais antique. Choix exceptionnels d'objets, depuis des statues égyptiennes à un bol en agate romain du Ier siècle, d'une paire de rhyta en argent doré en forme de protomès de sanglier, art sassanide IVe-Ve siècle à une statue de kouros drapé, art grec vers 540-530 avant J.-C. et un buste polyclétéen du doryphore, art hellénistique tardif, environ IIe-Ier siècle av. J.-C..
Choix difficile qui s'est fixé sur deux pièces. Un groupe colossal en quartzite brun doré du pharaon Ramsès II en compagnie de la déesse farouche et redoutable Sekhmet / la lionne. Le souverain est représenté comme l'égal de la divinité, de même taille et lui tenant la main. Un relief en pierre calcaire grise avec archer perse sculpté de profil, appartenant vraisemblablement à un frise mettant en scène une procession de soldats dont la datation est probablement à fixer entre les règnes de Xerxès et Artaxerxès Ier, première moitié du Ve siècle avant notre ère.
Galerie Jacques Barrère, Paris © photographies Le curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse, 27e Biennale, Paris
Direction vers l'Extrême-Orient chez Jacques Barrère, dans une mise en scène faisant penser à l'installation présentée par Danh Vo dans la section Palais Encyclopédique lors de la 55e Biennale de l'art de Venise (cet artiste représentera le Danemark à cette Biennale en 2015). Arrêt devant une monumentale tête de Bouddha en schiste noir, art gréco-bouddhique du Gandhara, IIe et IIIe siècle et une couronne de feuilles en or, région de la Bactriane, Afghanistan, IIIe-IIe siècle av. J.-C.. Nous voici en Chine avec un guerrier et des cavaliers en terre cuite vernissée, dynastie Sui (581-618) et un cheval en terre cuite vernissé, dynastie Tang (618-907).
Galerie Kevorkian, Paris © photographies Le curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse, 27e Biennale, Paris
Volaire antiquités – Vandermeersch SA, Paris © photographies Le curieux des arts Gilles Kraemer, visite presse, 27e Biennale, Paris
Chez Volaire antiquités - Vandermeersch, ensemble époustouflant de faïences de Nevers de la seconde moitié du XVIIe siècle. Vases de jardin et à fleurs avec un ensemble de faïences d'extérieur avec des vases dits « jassemins » décor à la bougie sur un fond bleu persan, « tritons » de forme Médicis au décor à la bougie ou paire de vases Médicis décor à la bougie iront dans la propriété d'un collectionneur pour entourer une pièce d'eau ou être répartis dans les parterres comme au temps du Grand siècle à Versailles, Saint-Cloud ou Marly. Pièces pour dressoir d'apparat avec un grand plat circulaire à décor polychrome sur le bassin d'une scène mythologique Mercure et Argus et sur l'aile d'une guirlande de fleurs ou une fontaine d'apparat monumentale couverte de forme balustre reposant sur un piédouche circulaire ; le corps est décoré d'une frise de passementeries en relief et d'une scène continue figurant des cortèges marins. Bassin bleu persan à décor de pastorale, plats bleu persan à décor blanc fixe ou aux paons ou vase bouteille à long col bleu persan dialoguent avec des plats décorés de rameaux fleuris, oiseaux, insectes, fleurs et rinceaux peints en blanc fixe, jaune et ocre sur un fond bleu persan. Pour garder en mémoire cet ensemble de 60 pièces, lisez l'ouvrage La faïence baroque française et les jardins de Le Nôtre sous la direction de Camille Leprince complétant cette magnifique présentation imaginée sous la forme de buffets de verdure.
Matthias Stomer (Amersfoort, vers 1600-Sicile, après 1652), Saint-Matthieu avec l'ange. Huile sur toile, 110 x 130 cm © remerciements à la galerie Moretti
Pietro Della Vecchia (Vicence ou Venise, 1602-1603-Venise, 1678), Portrait demi-longueur d'un Bravo. Huile sur toile 102 x 75 cm © remerciement à la galerie Moretti
Arrêt chez Moretti pour les maîtres anciens. Saint-Matthieu avec une longue barbe, l'index posé sur un ouvrage ouvert, nous regarde ; à ses côtés un ange dirige son regard intense vers ce vieil homme. Composition importante et jusqu'à présent inconnue de Matthias Stomer, natif de Amersfoort et décédé en Sicile après 1652, typique de la production napolitaine de cet artiste dans une inspiration du mouvement caravagiste. Portrait d'un guerrier à l'attitude menaçante, prêt à sortir son poignard de sa gaine, représenté avec vigueur par Pietro Della Vecchia, natif et décédé en Vénétie (1602-1603/1678). Toute en inspiration du Titien – Il Bravo du Kunsthitorische Museum de Vienne est vu de dos – dans le reflet de la lumière sur l'armure et le rouge des manches bouffantes.
Gilles Kraemer
Antoine Prodhomme
XXVIIe Biennale des antiquaires et de la haute joaillerie
jeudi 11 – dimanche 21 septembre 2014
Grand Palais, Paris 8ème. De 11h à 20h (jusqu'à 23h mardi 16 et jeudi 18 septembre); De 11h à 19h dimanche 21 septembre
pour mémoire http://www.lecurieuxdesarts.fr/2014/09/dans-les-jardins-merveilleux-de-la-xxviie-biennale-paris-2014.html
Stands des galeries Kraemer, Phoenix Ancient Art, François Léage, Berès, Hopkins, Gradiva, Moretti, Kevorkian, Chenel, Vallois, Volaire antiquités-Vandermeersch, Mathivet, Vauclair © photographies Le curieux des arts Antoine Prodhomme, visite presse, 27e Biennale, Paris