Projection des stands de la Biennale des antiquaires 2014 © René Bouchara
Bienvenue dans les jardins d'André Le Nôtre, enfin presque ! Pas ceux de Versailles. Ceux éphémères du Grand Palais où, sous la verrière, Jacques Grange a réinterprété les jardins du grand roi, construisant le plan de cette 27e Biennale des antiquaires sur trois axes principaux en une perspective soulignée par des treillages, des charmilles et des topiaires.
En avant-première, voici quelques objets qui vous y attendent, sélectionnés parmi les 70 galeries et 14 joailliers présents. Dans un temps plus calme que les premiers jours de cet été 2014 qui virent le départ de Christian Deydier, président du Syndicat national des antiquaires, et les nominations de Jean-Gabriel Peyre comme président du SNA par intérim et d'Hervé Aaron comme président de la Commission d'organisation de la Biennale.
Plus que deux libraires ! Les parisiens Thomas-Scheler et Jean-Claude Vrain.
Le temps où Pierre Berès, Claude Blaizot, Rodolphe Chamonal, Jacques-Henri Pinault, Sandra Hindman, Heribert Tenschert étaient présents n'est plus.
Bernard et Stéphane Clavreuil – librairie Thomas-Scheler – présentent une collection de 13 reliures décorées par le peintre Cesare Vecellio (1521-1601) pour Odorico Pillone et son fils Giorgio, patriciens de Venise. Amis du Titien, ils firent décorer leurs livres par le neveu et collaborateur de celui-ci, Cesare Vecellio qui peignit, sur les tranches des volumes reliés, des scènes colorées. Restée dans cette famille jusqu'en 1874, un antiquaire vénitien vendit en bloc les volumes aux tranches peintes à Sir Thomas Brooke. Ils furent achetés en 1957 par Pierre Berès. Ce grand libraire de l'avenue de Friedland en exposa trois exemplaires dans le Cabinet des livres du musée Condé à Chantilly, de décembre 2003 à mars 2004.
Chez Jean-Claude Vrain, une lettre de Charles Baudelaire adressée à Auguste Poulet-Malassis révèle que le poète était plus qu’attentif au lancement et au succès du livre Fleurs du mal : « Quand nous serons aux Fleurs, je veux qu’il soit fait tout ce qui est possible pour attirer les yeux sur cette nouvelle édition, ainsi nous ferons comme Hugo ; la veille du jour de la mise en vente, il faut que tous les journaux où nous avons des liaisons citent chacun un morceau choisi parmi les inédits. ».
Treize reliures décorées par le peintre Cesare Vecellio (1521-1601) pour Odorico Pillone et son fils Giorgio, patriciens de Venise. Huit incunables et cinq éditions du XVIe siècle. Écrits d’auteurs classiques ou leurs commentaires (Thomas d’Aquin, Silius Italicus, Sénèque, Diodore, Tacite, Ciceron, Ph. de Bergamo, St Jérôme), un important dictionnaire grec-latin, des écrits d’Érasme et l’édition en italien du récit de voyage en Russie de Sigmund Herberstein (remerciements à la librairie Thomas-Scheler)
Rudyard Kipling. La Chasse de Kaa. Illustrations de Paul Jouve. 1930. Exemplaire unique, accompagné de la maquette originale, complète, contenant toutes les gouaches originales en couleurs éclatantes (sauf celle de la couverture), dont 10 signées de Jouve (9 avec sa signature complète et une avec ses initiales) (remerciements à la librairie Thomas-Scheler, Paris)
La Bruyère. Réunion, en reliures uniformes signées de Lortic, d'un ensemble de 12 volumes in-12 des 11 premières éditions des Caractères de Théophraste traduits du grec. Avec les Caractères ou les Moeurs de ce siècle dont les 9 premières sont originales. De l'édition originale de 1688 à la neuvième et dernière édition originale, présentant le texte définitif de La Bruyère avec ses dernières retouches, 1696, parue trois semaines avant sa mort. Dixième édition et dernière édition publiée par Michallet, l’éditeur privilégié de La Bruyère, 1699. Onzième édition et la première publiée par David. 1714 (remerciements à la librairie Jean-Claude Vrain, Paris)
Charles Baudelaire, lettre autographe signée à Auguste Poulet-Malassis contenant le manuscrit du poème Le squelette laboureur, 15 décembre 1859. Cette lettre concerne la seconde édition des Fleurs du mal et les Notices littéraires prévues pour le tome IV de l’anthologie poétique d’Eugène Crépet, qui ne paraîtra qu’en janvier 1862 (remerciements à la librairie Jean-Claude Vrain)
Empruntons l'échelle du temps, de l'archéologie aux tableaux et dessins modernes et contemporains en passant par les mobiliers et objets d'art et dessins et tableaux anciens.
En commençant par la galerie Kevorkian, laquelle pour sa 5e participation à la Biennale, propose un voyage dans le monde oriental, de l'Arabie du 4e millénaire avant J.-C. à l'Inde des grands moghols et des royaumes rapjuts. Avant de se rendre en Chine avec Christian Deydier.
Flacon piriforme en argent, représentant une ronde de quatre danseuses alternant avec des représentations d'oiseaux. Iran art sassanide, 6e siècle après J.-C., hauteur 16,5cm (remerciements à la galerie Kevorkian, Paris)
Bahram à la cour du roi d'Inde Shangui. Miniature d'un manuscrit du Shahnameh (Le Livre des Rois). Gouache et or sur papier, texte en graphie nasta'liq noire. Shiraz, art safavide, vers 1550-1570. Miniature 34 x 25 cm (remerciements à la galerie Kevorkian, Paris)
Vase à vin de forme hu. Bronze niellé d’or et d’argent. Décor recouvrant intégralement le vase divisé en trois registres séparés les uns des autres. L'épaulement du vase est orné de deux masques de taotie en léger relief. Début de la dynastie des Han Occidentaux, 2ème siècle avant J.-C. Hauteur : 17,8 cm (remerciements à la galerie Christian Deydier, Paris)
L'ouverture en juin 2014, au musée du Louvre, après rénovation totale des salles du département des Objets d'art consacrées aux règnes de Louis XIV à Louis XVI, est l'occasion de revenir sur ce moment éclatant du savoir-faire et de l'art de vivre à la français de cette époque.
Chez Didier Aaron, à côté de meubles du XIXe siècle – armoire-cabinet de Daniele Lovati, table à jeux attribué à Georges Bullock ou vitrine d'exposition exécutée sous la direction et les dessins d'Édouard Lièvre -, arrêtons nous devant une commode estampillée Claude-Charles Saunier, un meuble en laque du XVIIIe siècle et éclatante réalisation d'ébénisterie parisienne.
Si la galerie Kraemer a souhaité jouer du double en présentant des meubles et objets d'art du XVIIIe siècle qui ont leur twin dans de grands musées du monde - régulateur de Latz ayant sa réplique au Neues Palais de Postdam, paire de vases Louis XVI en écho à des vases au Paul Getty à Los Angeles -, la galerie François Léage, dans un décor de boiseries anciennes présente d'exceptionnels meubles du XVIIIe siècle.
Commode à l'anglaise en laque du Japon. Estampillée Claude-Charles Saunier, Paris, vers 1780 – époque Louis XVI. Laque du Japon taka-makie (en relief) et nashiji (aventurine) et vernis français sur bâti de chêne. Bronze doré. Marbre Sarrancolin. H 88,5 x L 148 x P 52 cm. (remerciements à la galerie Didier Aaron, Paris)
Bonheur du jour en bois de placage de citronnier et amarante, orné de bronzes ciselés et dorés. Il repose sur quatre pieds toupie fuselés et tournés. Estampillé de Adam Weisweiler (reçu maître ébéniste en 1778), époque Louis XVI. H 115 x L 60 x P 32,5 cm. Exemple comparable au musée Cognacq-Jay, Paris (remerciements galerie Kraemer, Paris)
Encoignures en laque de Coromandel et vernis Martin, estampillé d'André Delorme sur l'une des encoignures. Bronzes dorés au C couronné. Dessus de marbre en brèche d'Alep. Epoque Louis XV. H 95 x L 73,5 x P 52 cm (remerciements à la galerie François Léage, Paris)
Choix de deux tableaux à 137 années de distance. L'un obtint le 2e prix de Rome, l'autre fut exposé à la Documenta II de Cassel.
Raymond Quinsac Monvoisin. Achille donnant à Nestor le prix de la sagesse. Huile sur toile, 130 x 164 cm. Ce tableau reçut le 2e prix de Rome en 1820 (remerciements à la galerie Didier Aaron, Paris)
Pierre Soulages. Peinture 195 x 193 cm, 3 février 1957. Huile sur toile, 1957. Ce tableau, récemment passé chez Sotheby's Paris en décembre 2013, fut exposé à la Documenta II de Cassel en 1959 (remerciements à la galerie Dominique Lévy, New York & Londres dont il s'agit de la première participation à la Biennale)
Boucheron. Parure « Trésor de Perse ». Collier composé de deux exceptionnels cabochons saphir de 20. 80 et 34. 73 carats (remerciements à Boucheron, Paris)
Gilles Kraemer
XXVIIe Biennale des antiquaires et de la haute joaillerie
jeudi 11 – dimanche 21 septembre 2014
Grand Palais, Paris 8ème
de 11h à 20h (jusqu'à 23h les jeudi 11, mardi 16 et jeudi 18 septembre)
de 11h à 19h, dimanche 21 septembre
entrée : 30 euros, 80 euros deux entrées + catalogue