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Publié par Gilles Kraemer

© Photographie Gilles Kraemer

© Photographie Gilles Kraemer

Sait-on que le département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale de France conserve un remarquable fonds de dessins du XVIIe siècle, dont Jacques Callot, Eustache Le Sueur, Laurent de La Hyre ou Jean Jouvenet ? Étonnant de trouver des dessins dans ce département ! Non, quoi de plus normal répond Barbara Brejon de Lavergnée, retraçant dans le catalogue le versement à ce département, au XIXe siècle, de dessins provenant des bibliothèques parisiennes de l'Arsenal, de Sainte-Geneviève et de la Mazarine.

Organisée en un parcours chronologique, avec des sections thématiques, sous les règnes d'Henri IV, de Louis XIII et Louis XIV, avec une large place accordée à Charles Le Brun, l'exposition Dessins français du XVIIe siècle des collections du département des Estampes et de la Photographie, confronte plus de 120 dessins de peintres ou de graveurs à une quarantaine d'estampes qui s'y rapportent.

 

 

François Quesnel (1542-1616 ou 1619), Sacre de Louis XIII à Reims le 17 octobre 1610. Plume et encre noire, lavis gris et brun. BnF, département des Estampes et de la Photographie

François Quesnel (1542-1616 ou 1619), Sacre de Louis XIII à Reims le 17 octobre 1610. Plume et encre noire, lavis gris et brun. BnF, département des Estampes et de la Photographie

C'est à un large panorama artistique du Grand Siècle que cet accrochage, occupant dans une très sobre présentation la galerie Mansart, nous convie à un dialogue entre peintres et graveurs. Et, les surprises sont nombreuses dans ce parcours. Un La Hyre inédit Moïse désignant les Tables de la Loi comme l'est le Paysage avec rochers sur la gauche de Jacques Callot. Des attributions récentes de l'Homme torse nu à Pierre Brebiette ou de La Tentation de saint-Antoine à Nicolas Cochin. Une pièce étonnante comme le Projet d'écran par François Chauveau et non un projet pour un plafond comme la forme circulaire de cette sanguine pourrait le laisser supposer. La rareté du Portrait d'homme, plume et encre brune, par Louis XIII. Eh, oui, le monarque dessinait, ayant appris cette technique auprès de son peintre Simon Vouet. Le département est un lieu d'enrichissement perpétuel comme le pastel du Portrait de Louis XIV par Robert Nanteuil, préparatoire à l'estampe présentée à côté (acquis pour 19 375 euros en 2009 et offert par l'association des amis de la B.n.F.) ou le Sacre de Louis XIII à Reims le 17 octobre 1610, plume et encre noire de François Quesnel qui sera gravé par Pierre Firens (19 126 euros en 2012).

Le règne du « bon roi Henri », réunificateur du royaume, tel que Guillaume Dumée le suggère dans La Continence de Scipion, est celui d'une politique d'encouragement des arts et de la seconde école de Fontainebleau avec Toussaint Dubreuil - vigoureux Apollon vainqueur du serpent Python - ou Martin Fréminet. Des temps de Louis XIII et de la régence d'Anne d'Autriche nous retiendrons Jacques Bellange et Sainte à la palme, Nicolas Cochin et La Tentation de saint Antoine, Eustache Le Sueur pour son goût du modelé et la perfection de la lumière de l'Homme drapé, Philippe de Champaigne pour la rareté de son paysage Vue des jardins du château de Pont-sur-Seine ou Michel Corneille le père pour la puissance d'Hercule.

 

Michel Corneille le père (1603-1664), Hercule, pour le plafond de la galerie de l'hôtel Amelot de Bisseuil à Paris. Pierre noire avec rehauts de craie blanche. BnF, département des Estampes et de la Photographie

Michel Corneille le père (1603-1664), Hercule, pour le plafond de la galerie de l'hôtel Amelot de Bisseuil à Paris. Pierre noire avec rehauts de craie blanche. BnF, département des Estampes et de la Photographie

De Charles Le Brun, qui sera premier peintre du roi Soleil, largement présenté ici par 17 feuilles, un de ses dessins de jeunesse : Louis XIII, Anne d'Autriche, le dauphin enfant et le petit duc d'Anjou, est montré en regard du tapis en Savonnerie Louis XIII et sa famille (collections du Mobilier national). Dans ce premier jet de la composition de la famille royale, allégorie de la passation du pouvoir entre le roi et son fils âgé de cinq ans, l'artiste n'a pas encore esquissé la colonne brisée à la gauche du monarque dans le panneau en Savonnerie, symbolique de la mort du roi en 1643. Aux pompes royales du début du règne du grand roi Entrée de la reine Marie-Thérèse à Paris, un des dessins préparatoires de Nicolas Cochin pour la grande estampe en quatre planches qu'il gravera, succèderont les grands chantiers royaux (projet de L'Hiver de Jean Jouvenet pour un tableau de Marly), des projets d'une chapelle funéraire des Bourbons pour Saint-Denis ou d'un escalier pour la Trinité-des-Monts restés dans les cartons. Sans oublier les pompes du service funéraire de la reine retranscrites par Jean de Troy.  

 

 

Dessins français du XVIIe siècle. Collections du département des Estampes et de la Photographie / B. n. F.

18 mars – 15 juin 2014

mardi au samedi 10h – 19h / dimanche 13h - 19h

Bibliothèque nationale de France – galerie Mansart

5, rue Vivienne – 75002 Paris

Internet :

http://www.bnf.fr/fr/evenements_et_culture/anx_expositions/f.dessins_francais.html

http://www.bnf.fr/fr/evenements_et_culture/expositions_videos/a.video_dessins_francais.html

 

Catalogue  sous la direction de Barbara Brejon de Lavergnée. 200 pages, 150 illustrations. Éditions BnF. Prix : 39 euros. Sans la participation de mécènes, procédure qu'adopte parfois la B.n.F., la publication de ce catalogue n'aurait pas été possible. Grâce aux fondations Auguste Morin & Custodia, grâce à Jeffrey Horvitz, Nicolas Joly, Guy et Sandrine Ladrière et Nicolas Schwed, la trace de cette exposition demeure.  

L'inventaire de 560 dessins français du XVIIe siècle de la Réserve du département des Estampes et de la Photographie est en cours de publication.

 

Rappel d'autres expositions de dessins  :

De Bosch à Bloemaert : dessins néerlandais des XVe et XVIe siècles du Museum Boijmans Van Beuningen de Rotterdam & Dialogues : Dessins de la Fondation Custodia et du Museum Boijmans Van Beuningen

22 mars – 22 juin 2014

Fondation Custodia - 121, rue de Lille – 75007 Paris. Catalogue

cf. article dans le curieuxdesarts.fr, rubrique exposition Paris

 

Le paysage à Rome entre 1600 et 1650.

Après avoir été présentée au Cabinet des dessins Jean Bonna – Beaux-Arts de Paris, cette exposition est visible du 26 juin au 4 octobre 2014 au Palais Fesch – musée des Beaux-Arts, Ajaccio

cf.article dans lecurieuxdesarts.fr, rubrique exposition Paris

 

Le trait en liberté. Dessins de François-André Vincent (1746-1816)

29 mars - 29 juin 2014

Musée Cognacq-Jay - 8, rue Elzévir - 75003 Paris

www.cognacq-jay.paris.fr

 

De Rubens à Delacroix - 100 dessins du musée des Beaux-Arts d'Angers

21 mars - 29 juin 2014

Château et petit château du domaine départemental de Sceaux

www.hauts-de-seine.net

Robert Nanteuil (vers 1623-1678), Portrait de Louis XIV. Pastel. BnF, département des Estampes et de la Photographie

Robert Nanteuil (vers 1623-1678), Portrait de Louis XIV. Pastel. BnF, département des Estampes et de la Photographie

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