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Publié par Gilles Kraemer

Jacques Julien. Exposition Tailles douces - Dadada, 2013 - The letter (after David Smith), 2014 -  Sans titre 2014 - Photographe : Marc Domage © CRAC LR - février mars 2014

Jacques Julien. Exposition Tailles douces - Dadada, 2013 - The letter (after David Smith), 2014 - Sans titre 2014 - Photographe : Marc Domage © CRAC LR - février mars 2014

Deux grandes expositions personnelles : Dur comme plume et léger comme pierre au centre d’art de Chamarande en 2011 puis Vieux tacots et ruines récentes au centre d’art La chapelle du Genêteil en 2012. Et cette année Sète. Jacques Julien (né en 1967) est de retour dans cette dernière ville dans laquelle il séjournait, en 1993, dans la résidence d'artiste : les ateliers de recherche et de rencontre Villa Saint Clair.

Le Centre régional d'art contemporain (C.R.A.C.) du Languedoc-Roussillon lui consacre, dans ses grandes salles du rez-de-chaussée, une exposition monographique - parcours de dix années : Tailles Douces. Étrangeté de ce titre Tailles douces, qui de plus est au pluriel, terme si spécifique à la technique de l'estampe et habituellement usité au singulier ! Non, Jacques Julien ne se confronte pas à la plaque de cuivre, n'est pas un graveur mais un sculpteur. Tailles douces, il faut le prendre au sens de la taille, de l'échelle et les tailles des sculptures disposées dans les différentes salles sont plurielles. Leur format, du plus petit à l'immense, positionne notre regard, petit l'on s'en rapproche, grand l'on se recule. « J'aime la taille douce au sens de la tonalité affective qu'elle peut induire dans la position du spectateur ».

 

La première salle, gigantesque, expose un ensemble de petites sculptures faites de matériaux divers et pensées spécifiquement pour ce lieu - l'on y sent poindre parfois l'épure de Brancusi dans certaines -, de la série Pagliacci (Paillase), titre emprunté à l'opéra vériste de Ruggero Leoncavallo de 1892. L'épouse de Jacques Julien n'est-elle pas musicienne ! Et, il se plait à imaginer leur très jeune enfant se promenant dans cet espace, dans ce jardin de sculptures. Rapport dialectique dans une association d'humour et d'univers coloré avec le jeu de mot Paillasse / paillasson puisque chaque pièce, au lieu de l'habituel socle ou sellette dévolue à la sculpture, est posée sur un paillasson. A chacune le sien, ils sont tous différents. Mon préféré : un rose renvoyant à la suprématiste Croix noire sur fond blanc de Kasimir Malevitcht.

 

Changement de situation dans les autres salles où les sculptures passent dans l'échelle de l'architecture du lieu, apprivoisent le volume de la pièce en s'agrandissant. Gréement, « tel un gigantesque pantin désarticulé », est posé dans un coin. Plaqué sur un mur DADADA, renvoyant à un tangram (puzzle en sept pièces), incite à la démarche mentale de passer du tableau et du mur à une construction ou échafaudage de pièces dans un équilibre précaire, situation retrouvée dans la grande pièce The lettre avec des caractères et un Y omniprésent ; deux autres sculptures dans cette même salle, dans leur oblique c'est-à-dire dans cet état d'instabilité équilibre / déséquilibre, jouent de ce moment tenu avant la chute, avant que tout bascule.

Rétrospective, ceci nous permet de revoir les Empathiques, maquettes de travail, qui furent montrées à Chamarande, une série maintenant terminée. Dans leur vocabulaire restreint et d'ébauche, elles sont la trace de la fabrique des sculptures définitives, dans cette gestuelle « in work » qui permettra de dire : ça y est, c'est fini, je peux passer à une échelle définitive.

 

Le panneau de basket est très présent dans le parcours de Jacques Julien, à la fois par la souvenance du tableau suprématisme absolu, Carreau noir sur fond blanc et également par sa dimension anthropomorphique. « J'y vois une sorte de grand bonhomme ou un animal et, du coup, cette opposition entre l'abstraction et la figuration m'a paru quelque chose d'intéressant. Ce sport dans lequel l'on est supposé grand renvoie à l'élévation. Finalement, ce carré noir devient anthropomorphe ! ». Observez Le nuage dans l'herbe, tirant son nom d'un poème japonais, dans cette évocation du moment où l'on s'allonge sur un socle en gazon synthétique et en forme de nuage, pour regarder les nuages, dans un moment de repos. Pièce narrative qui nous évoque une déroutante histoire : celle d'un panneau de basket, immense comme un arbre et regardant d'une façon mélancolique le ballon qui s'envole. Trop haut pour lui mais aussi trop gros pour « marquer » un panier. Il ne pourra jouer avec lui.

 

Jacques Julien, continuez à nous sculpter des rêves... .

Jacques Julien © Photographies Gilles Kraemer, présentation presse de l'exposition  Tailles douces Jacques Julien, 28 février 2014, C.R.A.C. Sète

Jacques Julien © Photographies Gilles Kraemer, présentation presse de l'exposition Tailles douces Jacques Julien, 28 février 2014, C.R.A.C. Sète

Exposition Tailles douces, Jacques Julien © Photographies Gilles Kraemer, présentation presse, 28 février 2014, C.R.A.C. Sète
Exposition Tailles douces, Jacques Julien © Photographies Gilles Kraemer, présentation presse, 28 février 2014, C.R.A.C. Sète
Exposition Tailles douces, Jacques Julien © Photographies Gilles Kraemer, présentation presse, 28 février 2014, C.R.A.C. Sète
Exposition Tailles douces, Jacques Julien © Photographies Gilles Kraemer, présentation presse, 28 février 2014, C.R.A.C. Sète

Exposition Tailles douces, Jacques Julien © Photographies Gilles Kraemer, présentation presse, 28 février 2014, C.R.A.C. Sète

Deux artistes sont présentés dans les salles du premier étage du C.R.A.C..

 

La constance des variables pour laquelle Guillaume Constantin a emprunté les fragiles pièces en papier mâché du Conservatoire d'anatomie de l'université de Montpellier et divers objets au musée Paul Valéry de Sète – allant de maquettes en plâtre de monuments aux morts à des objets ethnographiques - souhaitant les montrer dans « un dispositif de présentation et de dialogue » avec ce questionnement : qu'est-ce qui donne une valeur à tous ces objets si ce n'est leur intérêt scientifique mais aussi une part de subjectivité. Une réinterprétation d'un Cabinet de curiosité. 

 

Et 5000 K de Guillaume Leingre.

 

Jacques Julien. Tailles douces. Exposition monographique (28 février - 09 juin 2014)

 

Guillaume Constantin. La constante des variables (28 février - 11 mai 2014)

 

Guillaume Leingre. 5000 K (28 février - 11 mai 2014)

 

Centre Régional d’Art Contemporain Languedoc -Roussillon

26 quai Aspirant Herber - 34200 Sète

 

« De nombreuses pièces, pour cette exposition de Jacques Julien, ont été produites par le C.R.A.C., telles Pagliacci ou Gréement, démarche entrant dans un regard prospectif et d'enregistrement de l'histoire et d'accompagnement de l'artiste en lui permettant de produire et de montrer des pièces dont, seul, il ne pourrait voir l'aboutissement » nous confie la directrice du Centre Noëlle Tissier. Cet accompagnement trouve son financement, en plus de celui du C.R.A.C., dans un mécénat de sociétés locales par l'apport de leur savoir-faire.

Ne demeurera après ceci que la mémoire des pièces produites car cette institution reste dans la dimension d'un lieu ouvert strictement aux expositions. Ne disposant pas de réserve, son rôle se circonscrit à n'être que le passeur et non le détenteur d'une mémoire. Dommage ! Que restera-t-il du dialogue de ce Centre avec tous les artistes invités ! Aucun catalogue pour l'exposition Julien ! Ne serait-il pas judicieux que chacun des artistes aidés laissent en souvenance quelques dessins préparatoires ? L'établissement d'un cabinet d'art graphique (non ouvert au public naturellement car conservatoire d'une histoire et d'un moment de création) ne pourrait-il pas être pris dans un espace, celui de la longue coursive au premier étage se terminant par une salle  par exemple ? Sète en quelques années disposerait d'un cabinet d'art graphique. À suivre ! Et, ceci pourrait être le thème d'une future exposition sur le dynamisme du C.R.A.C..

 

Le C.R.A.C., ancien entrepôt frigorifique des pêcheurs de Sète, réhabilité par l'architecte Lorenzo Piquera, a conservé les beaux et amples volumes de ce bâtiment industriel au cœur de la cité, le long du canal.

 

 

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