La collection Giuseppe Panza di Biumo à Venise pour des Dialogues américains / Dialoghi americaniital
Dan Flavin (1933 - 1996). Untitled (To Don Judd, Colorist), 1987. Numéro 1 d'une édition à 5, installation en 5 parties. Collezione Panza, DF45. Photographie de l'installation réalisée à l'occasion de l'exposition Dan Flavin. Stanze di Luce tra Varese e New York, Varese, Villa Panza- FAI, 30 septembre - 12 décembre 2004. Photo crédit Giorgio Colombo, Milano
Giuseppe et Giovanna Panza à la Leo Castelli Gallery de New York, 1975. Photo crédit Filippo Formenti, Milano
Une sélection d'une quarantaine d'oeuvres de 27 artistes, de Lawrence Carroll à Lawrence Weiner, qui appartinrent à Giuseppe Panza di Biumo, provenant du MOCA de Los Angeles, du Guggenheim Museum de New York et de la famille de ce collectionneur italien, voici ce que nous propose la Ca' Pesaro, le musée d'Art Moderne de Venise.
Cette présentation succède à la collection d'Ileana Sonnabend vue, dans les mêmes lieux, au moment de la Biennale de l'art 2013 (exposée jusqu'à fin décembre 2013, rappel photographique en bas de l'article).
Vue de l'exposition Giuseppe Panza di Biumo. Dialoghi americani. À gauche Franz Kline (1910 - 1962). Buttress, 1956. Huile sur toile. 117, 48 x 141, 61 cm. Los Angeles, The Museum of Contemporary Art, The Panza Collection. À droite Mark Rothko (1903 - 1970). Red and Brown, 1957. Photographie figurant sur le site Internet venezia.net légendée Tania Danieli by Venezia.net
Mark Rothko (1903 - 1970). Red and Brown, 1957. Huile sur toile. 175, 26 x 109, 86 x 2, 54 cm. Los Angeles, The Museum of Contemporary Art, The Panza Collection © Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko/ Artists Rights Society (ARS), New York, photo crédit Brian Forrest
C'est la première fois que reviennent en Italie quelques pièces de cette extraordinaire collection constituée par Giuseppe Panza di Biumo (décédé en 2010) et son épouse Giovanna, dans les années 1950 à 2010, une collection de maîtres américains de l'après-seconde guerre mondiale, qui comporta près de 2 500 œuvres, entre art informel, abstrait, pop art, minimal, conceptuel, environnemental et monochrome (1). Et, dire que la région du Piémont refusa en 1983 l'offre de 80 pièces importantes que lui proposa Giuseppe Panza pour un prix de 7 millions de dollars sur une estimation de 12 millions ! Ce fut le Museum of Contemporary Art de Los Angeles qui les acquit. Voici ce qu'évoque Gabriella Belli, directrice de la Fondazione Musei Civici de Venise, en présentant, dans la préface du catalogue, quelques unes de ces pièces ayant appartenu à Panza.
Immergez-vous dans le calme et la contemplation de Red and Brown (1957) de Mark Rothko, et rêvez que vous êtes à Manhattan, quand le soleil disparaît derrière les gratte-ciel, en un dégradé de marron, rouge et rose. Terminant le parcours, juste après la salle si émotionnelle, vibrante des néons de Dan Flavin Untitled (To Don Judd, Colorist) (1987), voici le choc de l'immense et irradiant monochrome de David Simpson, Brass Volontary (1994). Est-il jaune, doré, blanc, argenté, on ne le sait tellement sa surface est mouvante ? Impossible à capter, l'œuvre bouge. Son secret : David Simpson use d'un pigment spécial qui a la caractéristique de changer de couleur selon votre déplacement devant la toile. Essayez. Étonnant et déstabilisant ! D'autant plus déstabilisant que ce tableau est exposé à côté de Sea Horizon 0°-135° (1971) de Jan Dibbets, une suite de cinq mètres de long de dix photographies de l'horizon de la mer s'élevant à la verticale puis se retournant. Tout repère est perdu.
Robert Rauschenberg (1925 - 2008). Kickback, 1959. Huile, émail, bois, tissu, pantalon, cravate, morceau de matelas, enveloppe, journal, carton, cartes, photographies de revues, couvercle de boite d'allumettes et panneau de bois de récupération sur toile. 92, 09 x 81, 92 cm. Los Angeles, The Museum of Contemporary Art, The Panza Collection, inv. 87.17 © Robert Rauschenberg/Licensed by VAGA, New York, NY, photo crédit Brian Forrest
Et, entre ces deux œuvres, dans chaque salle de ce palais, un choc visuel, une découverte, une redécouverte d'œuvres d'un collectionneur amoureux et sincère, allant vers le meilleur. Franz Kline - qui me renvoie à André Marfaing, le français si méconnu - l'expressionnisme abstrait avec Buttress (1956), très larges aplats de noir sur fond blanc dans des gestes de tension est face à la grande toile de Robert Ryman, Murillo (1968) constituée de 6 toiles blanches ourlées de jaune crème. Quel grand écart en 12 ans, entre cette gestualité et ce monochrome ! Panza n'hésita pas à le faire, ce grand pas en constituant sa collection, s'intéressant à l'art en évolution permanente. Naturellement Rauschenberg, qui exposa à la Ca' Pesaro en 1975, est présent avec Kickback (1959) à l'atmosphère si émotionnelle dans cette représentation d'une réalité revisitée, comme un moment arrêté avec des objets plaqués sur la toile, et cette parole « King » inscrite en haut du tableau. Je pourrai encore évoquer Delta III (1982) de Max Cole, un tableau tout en longueur paraissant constitué de longues lignes noires sur un fond crème. Il n'en est rien, ces lignes sont des multitudes de traits horizontaux zébrées de milliers de diagonales, peintes une à une, d'une façon rigoureuse. Presque une peinture mystique dans la démarche de cette artiste.
Un parcours de passion, de lumière et de couleurs.
Giuseppe Panza di Biumo. Dialogues américains
2 février – 4 mai 2014
Ca' Pesaro, Galleria internationale d'Arte Moderna
Santa Croce 2076 Venise
de 10h à 17h jusqu'au 31 mars et de 10h à 18h à compter du 1er avril. fermeture le lundi
vaporetto ligne 1, arrêt San Stae (prendre la direction de gauche en descendant du vaporetto)
Internet : http://capesaro.visitmuve.it/
Catalogue indispensable pour prolonger cette exposition. Éditions Marsilio editore. 112 pages
(1) Si vous souhaitez connaître un peu plus qui fut Giuseppe Panza, visitez sa Villa se trouvant à Varese, en Lombardie
Ne quittez pas la Ca'Pesaro sans vous rendre au Musée d'art oriental au 3e étage (billet commun aux deux musées).
Regardez l'escalier de verre satiné et de métal d'Ettore Bertoldini, construit lors de la restructuration du palais par Boris Podrecca et Marco Zordan (à gauche). Et aussi l'escalier à double volée conduisant du 1er au 2e étage de ce palais édifié pour la famille Pesaro par Baldassare Longhena dans la seconde moitié du XVIIe siècle : la construction sera terminée par Gian Antonio Gaspari en 1710.
Passage obligatoire par le nouveau parcours de ce musée d'art moderne. Vous y verrez le plâtre des Bourgeois de Calais de Rodin, acquis à la Biennale de 1901, Judith II (Salomé) de Klimt acquise à la Biennale de 1910 et un très beau Ben Nicholson Jaune toxique acquis à la Biennale de 1954.
Salomé ne sera peut être pas là. Après une escapade au musée Correr, à quelques stations de vaporetto pour Klimt nel segno di Hoffmann e della Secessione (24 mars au 8 juillet 2012), elle quitte la cité lagunaire et se rend à Milan, présentée à l'exposition Klimt. Aux origines d’un mythe, réalisée en collaboration avec le musée du Belvédère de Vienne (Österreichische Galerie Belvedere), commissariat d'Alfred Weidinger, vice-directeur du musée du Belvédère et d'Eva di Stefano. La reconstruction originale de la Frise Beethoven – exposée en 1902 à Vienne à l’intérieur du Palais de la Sécession construit en 1897 – occupera toute une salle de l’exposition.
Klimt. Aux origines d’un mythe.
Palais Royal, Milan (12 mars – 13 juillet 2014)
La Villa Panza présente actuellement Aisthesis - All'origine delle sensazioni. Robert Irwin et James Turrell grâce au FAI (Fondo Ambiante Italiano) et au Los Angeles County Museum of Art (LACMA), exposition consacrée à ces deux maîtres de l'art environnemental américain pour lesquels lumière, espace et perception sont signatures de leur travail.
Cette institution, qui fut la vaste demeure de Giuseppe Panza, est le seul musée italien accueillant des œuvres de ces artistes, créées in situ à la demande de ce collectionneur : Varese Portal Room, Varese Scrim, Varese Window Room (1973) à Robert Irwin et Lunette, Sky Space I et Virga (1974) à James Turrell.
Pour cette exposition, Turrell a imaginé Ganzfeld ou Champ total et Robert Irwin Villa Panza 2013 dans un dialogue avec Varese Scrim (1973).
Aisthesis -All'origine delle sensazioni. Robert Irwin et James Turrell
27 novembre 2013 – 2 novembre 2014
Villa et Collection Panza, Varese, Italie
Retour en arrière avec quelques vues de l'exposition Nel segno di Iliana Sonnabend. Ca' Pesaro, Galleria Internazionale d'Arte Moderna, Venise © Photographies Antoine Prodhomme, journées presse, Biennale de l'art de Venise, mai 2013