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Publié par Gilles Kraemer

L’art mexicain 1920-1960. Éloge du corps
José Clemente Orozco (1883-1949), Sacrificio humano, 1947. Pyroxyline sur panneau de fibre, 194 x 122 cm.. Collection Fomento cultural Banamex © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, juillet 2013, Biarritiz, Le Bellevue, exposition L'art mexicain 1920-1960. Éloge du corps

"L'art mexicain est beaucoup plus complexe que les figures de Frida Kahlo ou de Diego Rivera, que les couleurs mexicaines ou les personnages indigènes" souligne Miguel Fernández Félix, l'un des commissaires, en présentant l'exposition consacrée à l'art mexicain, entre les années 1920 à 1960, mettant en valeur ou permettant de (re)découvrir des artistes de ce pays, partagés entre les avant-gardes européennes et une prise de conscience nationaliste et une sensibilité populaire. L'une des pièces les plus étonnantes en ouverture de cette exposition, réunissant plus d'une centaine d'œuvres de 56 artistes est Le podium de Gabriel Fernández Ledesma, avec des spectateurs dont l'on voit uniquement les yeux ou le crane, fixant des danseuses dont l'on aperçoit que les jambes levées. Ce tableau ludique, dans cet étonnant cadrage rapproché; paraît avoir été peint par un Degas mexicain influencé par un Magritte surréaliste ! Mais, comment ne pas songer en premier, lorsque l'on évoque les artistes de ce pays, au couple passionnel et emblématique Frida Kahlo - Diego Rivera (l'on découvrira leurs liens fusionnels cet automne à Paris, à l'Orangerie) ? Naturellement, ils sont bien présents à Biarritz mais sans vouloir écraser les autres artistes. La sculpturale Femme au mortier de David Alfaro Siqueiros ne souffre nullement de la confrontation avec La Meunière de Rivera, renvoyant toutes deux au travail quotidien et ancestral de la préparation des galettes de maïs. Le si délicat et hiératique Autoportrait au petit chien de Frida Kahlo, jeu de noirs et de gris, est en concordance avec Tehuana de Roberto Montenegro, dans cette figuration de deux femmes assises, l'une de la bourgeoise, l'autre du peuple. L'évocation du patriotisme passé ou présent, si prégnant dans les œuvres mexicaines, est spectaculairement à l'honneur avec le fort et violent combat des Divinités aztèques de Jorge González Camarena et le Sacrifice humain de José Clemente Orozco, évocation insoutenable d'un barbare sacrifice pré-hispanique.

L'ambiance post-révolutionnaire du pays transparait fortement dans la dizaine de sculptures, majoritairement de hiératiques femmes, glorifiant le combat pour la liberté avec les œuvres Ernesto Tamariz (Tête de la patrie) ou de Federico Canessi (Monument au drapeau). Nous retiendrons dans la dernière partie de ce parcours le très expressionniste Portrait de l'antiquaire avec son miroir déformant dans lequel se reflète Roberto Montenegro peignant ce marchand, les Hommes de la vallée de Ricardo Martinez et les Trois Parques de Manuel Rodriguez Lozano écrasantes de gigantisme. L'exposition présente des photographies et naturellement celles de l'emblématique Manuel Álvarez Bravo (vues cet automne 2012 au musée du Jeu de Paume). Nous nous arrêterons plutôt sur le portrait d'Orozco au visage peu sympathique, cadré hyper rapproché par Eliot Elisofon et la belle série des Pêcheurs aux muscles saillants de l'américain Paul Strand. Quelques linogravures de Leopoldo Méndez, Cuauhtémoc et Les torches démontrent que l'estampe fut aussi un très large moyen de diffusion de l'art mexicain.

De belles œuvres à découvrir, après une après-midi à la Grande plage de Biarritz.

Gilles Kraemer (déplacement et séjour à titre strictement personnel)

L'art mexicain 1920-1960. Éloge du corps

30 juin - 6 octobre 2013

commissariat de Miguel Fernández Félix et Sergio Raúl Arroyo

Le Bellevue, Place Bellevue

64 200 Biarritz

Catalogue bilingue (français espagnol). 208 pages. 110 photos. Ediciones El viso. 35 euros

22e édition du Festival Biarritz Amérique Latine – Cinémas et cultures du 30 septembre au 10 octobre, avec une programmation particulièrement tournée vers la culture chilienne et son cinéma. www.festivaldebiarritz.com/

Pour mémoire cet automne et pour rester dans une ambiance mexicaine

Frida Khalo et Diego Rivera. L'art en fusion. Musée de l'Orangerie, Paris. Du 9 octobre 2013 au 13 janvier 2014.

Esprits de corps. Photographies et vidéos de Marta María Pérez Bravo, née à Cuba (La Havane, 1959), vivant et travaillant au Mexique depuis 1995. Maison de l’Amérique latine, Paris. Du 19 septembre au 19 décembre 2013.  

Vues de l'exposition L'art mexicain 1920-1960. Éloge du corps © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, juillet 2013, Biarritiz, Le Bellevue, exposition L'art mexicain 1920-1960. Éloge du corps
Vues de l'exposition L'art mexicain 1920-1960. Éloge du corps © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, juillet 2013, Biarritiz, Le Bellevue, exposition L'art mexicain 1920-1960. Éloge du corps
Vues de l'exposition L'art mexicain 1920-1960. Éloge du corps © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, juillet 2013, Biarritiz, Le Bellevue, exposition L'art mexicain 1920-1960. Éloge du corps

Vues de l'exposition L'art mexicain 1920-1960. Éloge du corps © Le Curieux des arts Gilles Kraemer, juillet 2013, Biarritiz, Le Bellevue, exposition L'art mexicain 1920-1960. Éloge du corps

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